Fin de l’expérimentation animale dans l’Union européenne : quelles conséquences
Des mesures pour éviter le recours aux animaux dans la recherche ont été approuvées à une quasi-unanimité par le Parlement européen le 16 septembre dernier. Cependant, le débat de l’encadrement de l’expérimentation animale soulève d’autres questions comme les techniques qui viendraient remplacer les êtres vivants dans des expérimentations à destination scientifique, ainsi que la possible mise en danger de la santé humaine.
Aucune espèce animale n’est un modèle biologique pour une autre
En suivant le principe qui affirme qu’une expérimentation réussie sur des animaux n’est pas forcément valable pour les humains, des militants en tentent depuis plusieurs années, de faire stopper l'expérimentation animale. Selon un rapport, sur la période 2015-2017, ces expérimentations ont porté principalement sur des rongeurs (souris et rats, 73 % des animaux utilisés), des lapins (9 %) et des poissons (13 %). Des chats, chiens et primates représentaient 0,3 % des animaux utilisés. En 2019, 69 % des animaux qui ont participé à des expérimentations l’ont fait pour la recherche fondamentale et appliquée, principalement en immunologie, cancérologie et neurophysiologie. 23 % des animaux ont été utilisés pour des tests réglementaires, les tests de produits cosmétiques ayant été interdits en 2009. L’initiative « Stop vivisection » affirme que l’expérimentation animale est en réalité un gaspillage d’argent et de temps, car il existe “des principes scientifiques solides qui invalident le modèle animal pour prédire la réponse humaine”.
L’expérimentation animale a pourtant bien permis de nombreuses découvertes scientifiques
Selon un article de The Conversation, l’expérimentation animale ne pose pas de problème scientifique. L’analyse de la littérature scientifique montre que l'expérimentation animale est pratiquée au sein de toutes les universités du monde, et que son importance a été validée par des organismes comme l’Association européenne de recherche animale (EARA), la Fondation pour la recherche biomédicale (FBR) et les Instituts américains de la santé (NIH). Vaccination, greffes de tissus, techniques de contraception, de fécondation in vitro, thérapies permettant de traiter le diabète, les allergies, les maladies auto-immunes, les maladies neurodégénératives et les cancers ont toutes bénéficié d’expérimentations menées sur des modèles animaux. La mouche du vinaigre, par exemple, a permis la compréhension de l’immunité, de l’hérédité ou du développement. Cela s’explique par le fait que les mécanismes fondamentaux de division cellulaire, métabolisme, sont les mêmes entre différentes espèces vivantes. Pour Eric Muraille, biologiste, immunologiste et maître de recherches au FNRS, de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) le Parlement européen ne se base pas sur des preuves légitimes pour justifier l'interdiction de l’expérimentation animale. Selon lui, cela affectera négativement la recherche biomédicale et d’un autre côté le développement de normes respectueuses des écosystèmes et de notre santé.
Une opportunité pour placer l’UE à la tête de la technologie d'expérimentation non animale
Selon Humane Society International (HSI), une association qui travaille pour promouvoir le lien homme-animal et lutter contre la cruauté, pour atteindre un nouveau modèle sans expérimentation animale, il faudra une réorientation stratégique pour financer des projets qui n'impliquent pas d’animaux. L'UE pourrait profiter de cette opportunité pour se positionner comme leader mondial de l'innovation en créant de nouvelles opportunités pour les petites et moyennes entreprises qui développeront des nouvelles technologies de test scientifique non animales.
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