Objectif Lune : la course mondiale vers l’espace

Auteur(s)
Trina Banderas, France-Soir
Publié le 17 août 2023 - 10:00
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Lune
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Photo de Altınay Dinç sur https://unsplash.com
Photo de Altınay Dinç sur https://unsplash.com

SPATIAL - Les États-Unis, la Russie ou l'Union européenne ne sont pas les seules puissances à explorer l'espace : de nouveaux pays ont rejoint la liste des programmes d'alunissages prévus pour 2023. Et certains sont déjà sur le point de se réaliser.

En 2023, le monde assiste à une nouvelle course à l'espace très disputée à laquelle participent plusieurs États au premier plan de la scène internationale. C'est la deuxième fois dans l'histoire que différents pays s'affrontent pour atteindre la Lune, après la rivalité historique entre les États-Unis et l'Union soviétique amorcée à la fin des années 50.

Il s'agit pour de nouveaux pays d'intégrer la liste des puissances capables de gagner la Lune et de montrer qui détient les technologies les plus avancées afin d'explorer, voire exploiter, les ressources du satellite naturel de la Terre. La fondation de bases permanentes est aussi l'un des enjeux clefs : ces dernières peuvent faciliter un futur accès à la planète Mars, dont l'idée de conquête ne manque pas d'attiser la concurrence.

Trois nations (1) qui ont déjà réussi au moins un alunissage : les États-Unis, la Russie (ex-Union soviétique) et la Chine (2). À la liste des aspirants à ce club très fermé figurent l'Inde, la Corée du Sud ou encore le Japon, qui ont lancé leurs propres missions et semblent disposer du potentiel pour accomplir leurs ambitieux objectifs. Un club au sein duquel les anciens membres n'ont pas dit leur dernier mot pour reproduire leurs exploits passés et réaffirmer leur leadership en la matière.

La Russie et l’Inde en concurrence directe 

La Russie a lancé vendredi dernier sa première mission vers la Lune depuis près d'un demi-siècle, afin de donner un nouvel élan à son programme spatial dirigé par l'agence spatiale Roscosmos. Il est prévu que la sonde Luna-25, la première à se poser sur la Lune depuis plus de 40 ans, atterrisse entre le 21 et le 24 août.

La sonde indienne Chandrayaan-3 se poserait quant à elle le 23 ou le 24 du même mois. Il s’agirait du premier alunissage pour l'Inde après deux autres tentatives infructueuses. Les deux pays se disputent donc la "première place" dans quelques jours, voire quelques heures...

En outre, cette course à l'espace présente une autre particularité : la Russie et l'Inde sont en concurrence directe pour explorer le pôle sud de la Lune. Cette zone d'intérêt pourrait contenir de l'eau dans des cratères, gelée en raison des basses températures qui y règnent. Une découverte qui serait capitale.

"S'il y a de la glace sur la couche supérieure de la surface lunaire près du site d'atterrissage, les instruments scientifiques à bord de Luna-25 pourront la détecter", déclare Olga Zakutniaya, porte-parole de l'Institut russe de recherche spatiale (IKI), qui est responsable de la partie scientifique de la mission russe en cours.

Trouver de l'eau sur la Lune signifierait que le satellite est habitable par l'homme à l'avenir et encouragerait l'exploration spatiale au-delà des limites actuelles. C'est pourquoi tous les regards sont actuellement tournés vers les progrès en matière de technologie spatiale, alimentés par la compétition à laquelle se livrent la Russie et l'Inde.

Instaurer une présence humaine permanente sur la lune 

Cependant, il est important de noter que cette "course à la lune" n'est pas exactement une compétition directe entre les nations. La Chine a exprimé par exemple son intention de collaborer avec d'autres pays. Pour l'Europe, si l'Agence spatiale européenne (ESA) a jusqu'à présent exclu de participer à la construction d'une base lunaire avec la Chine, elle reste un partenaire important de la NASA. 

L'agence spatiale américaine a confié en effet à l'ESA la réalisation d'un module, l'ESM, pour European Service Module. Celui-ci est essentiel pour le programme étasunien Artemis, dont le but est d'établir une présence humaine permanente sur la Lune, en construisant une base qui permettrait à un équipage d'y séjourner pendant des mois.

L'ESM fournira aux futures missions l'énergie, l'eau et l'oxygène : un premier test "à vide" est prévu le 29 août prochain. Le coût du premier module, développement et construction, s'élève à plus de 600 millions d'euros. La NASA a prévu un budget supérieur à 2 milliards d'euros pour commander plusieurs ESM.

Afin de pérenniser la présence humaine sur la Lune, l'utilisation des ressources disponibles sur place est cruciale, telle que la glace d'eau (dont les études scientifiques récentes estiment par hypothèse sa quantité sur le satellite à 600 millions de tonnes) et la régolithe. 

Différentes approches

Pour la Chine, la mission Chang'e 8 a pour but d'utiliser les terres et roches lunaires pour produire des briques de construction. Un premier pas vers l'établissement d'une base chinoise durable qui pourrait voir le jour d'ici "20 ou 30 ans", selon le scientifique Yu Dengyun, ingénieur de la CNSA (China National Space Administration). La CNSA envisage de réaliser des bases soit en surface de la Lune, soit au sein de ses cratères, plus en profondeur.

Le Japon privilégie de son côté l'idée de constructions capables de générer une gravité artificielle et de se déplacer. La Corée du Sud a lancé une sonde le 4 août dernier de Cap Canaveral en Floride (montrant là-encore une collaboration internationale). "Danuri" atteindra la Lune pour une mise en orbite autour d'elle en décembre 2023.

Outre ces nouveaux grands acteurs d'une "nouvelle conquête spatiale", les Émirats arabes unis (3) ont également mené ou mènent des missions plus modestes autour de la Lune. Ces missions ont des objectifs spécifiques, tels que l'analyse de la composition de la Lune, l'étude de sa surface et une meilleure compréhension de son activité tectonique. 

Notes : 

(1) En 2019, avec la mission Chandrayaan-2, l'agence spatiale indienne (ISRO) a lancé une sonde qui a tenté un alunissage. Celle-ci s'est écrasée sur le sol lunaire. Une partie du matériel a tout de même permis la continuité d'une transmission de données scientifiques. Pour Israël, la même année, la sonde Beresheet (בְּרֵאשִׁית) a tenté elle aussi un alunissage, sans succès ou maintien au sol d'un matériel capable de transmettre des informations.

(2) Avec les programmes Chang'e (嫦娥) 

(3) Abu Dhabi a échoué à faire alunir un petit robot nommé "Rashid". Le processus technique était conçu en collaboration avec le Japon.

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