Simulation de voyage sur Mars : les volontaires sont sortis de l'isolement
L'expérience est finie. Après avoir passé un an enfermés dans un dôme sur les pentes d'un volcan à Hawaï afin de récolter des informations utiles pour envoyer des astronautes sur Mars, les six volontaires sélectionnés par la Nasa ont terminé dimanche 28 leur mission d'isolement. Conclusion: "une mission sur Mars est réaliste dans un futur proche. Les problèmes techniques et psychologiques peuvent être surmontés", assure l’exobiologiste français Cyprien Verseux, très heureux de "retrouver des sensations comme se balader à l'air libre, rencontrer des inconnus et manger des produits frais", après tout ce temps loin de la civilisation.
Sur son blog ainsi que dans une interview sur Periscope, il a livré ses impressions sur cette expérience si particulière, expliquant que le plus difficile à surmonter était la "monotonie" et recommandant ainsi aux prochains éventuels volontaires d'emporter des livres avec eux. En plus de quoi, le Français a fait état de "tensions" entre les membres de l'équipe "devenues plus fréquentes et plus intenses" après le sixième mois d'enfermement. Malgré tout, les participants ont réussi à demeurer soudés. "Je ne pense pas que les problèmes psychologiques soient un réel obstacle au vol habité vers Mars", fait quant à lui valoir François Forget, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de Mars, interrogé par 20 Minutes. Car "les nombreux tests permettent aux scientifiques de sélectionner les meilleurs profils, et la part d’aventure permettra de dépasser d’éventuelles tensions". "Dans les expéditions polaires du début du XXe siècle, les hommes ont résisté à des conditions beaucoup plus rudes que celles demandées pour une mission vers Mars, et sans les moyens techniques que nous avons aujourd’hui", argue-t-il.
Sur son blog, Cyprien Verseux a également fait part des problèmes de communication avec l'extérieur. "Des problèmes qui pourraient être réglés en quelques minutes avec un coup de téléphone peuvent durer des jours, ou même des semaines et des mois si notre interlocuteur est peu réactif", explique-t-il, quelque peu frustré. Qui plus est, "on ne peut pas appeler nos proches pour vérifier qu’ils sont saufs après une attaque terroriste, réconforter un proche qui a perdu un membre de sa famille, ni féliciter chaleureusement des amis qui viennent de se marier".
Outre Cyprien Verseux, l'équipage comprenait également une physicienne allemande et quatre Américains: un pilote, une architecte, un médecin/journaliste et une scientifique spécialisée dans les sols. Les volontaires disposaient chacun d'une petite chambre avec un espace pour un lit de camp et un bureau. Ils ne se nourrissaient que de fromage en poudre et de boîtes de thon et n'avaient le droit de sortir qu'en de rares occasions, pour simuler des sorties sur le sol martiens, vêtus d'une combinaison spatiale.
A travers cette expérience, la Nasa voulait recueillir le plus d'informations possible sur la cohésion et l'évolution psychologique des volontaires avant d'essayer d'envoyer des astronautes vers Mars. Si tout se passe bien, elle devrait pouvoir se lancer dans les années 2030, soit après SpaceX. Reste toutefois le problème du budget (un voyage de 4-5 personnes sur Mars coûte entre 100 à 300 milliards de dollars, selon François Forget) et celui des radiations solaires. "Ces radiations, au sens large, pourraient provoquer des cancers, voire tuer les astronautes en quelques heures seulement", explique le spécialiste à 20 Minutes . Mais d'ici 2030, la communauté scientifique devrait avoir trouvé une solution pour y remédier.
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