Journées mondiales de la jeunesse : le Portugal rassemble plus d'un million de pèlerins, le pape en visite au sanctuaire de Fátima
JMJ - Les Journées mondiales de la jeunesse 2023 se déroulent à Lisbonne du 1er au 6 août en présence du pape François. Il s'agit de l'un des plus grands événements populaires de l'histoire du Portugal : un million de jeunes pèlerins, venus du monde entier, ont fait le déplacement à Lisbonne. Un véritable défi pour le pays du Christ-Roi d'Almada, qui ne bénéficie pas des mêmes capacités d'accueil étendues du Brésil, l'organisateur de l'événement en 2016.
Un défi logistique et économique pour Lisbonne
La capitale du Portugal, qui compte un peu moins d'un demi-million d'habitants, accueille cette semaine près du double de sa population habituelle venue participer à l'événement le plus important de l'Église catholique pour la jeunesse. Pour les autorités locales et nationales, il s'agit d'un défi logistique et sécuritaire, qui s'est traduit par la mobilisation de 16.000 policiers et personnels d'urgence. La circulation sur les artères principales telles que l'Avenida da Liberdade a été fermée et les contrôles aux frontières ont été rétablis.
La célébration de la Journée mondiale de la jeunesse a suscité une certaine controverse en raison des dépenses publiques qu'elle a entraînées pour le gouvernement et les municipalités où elle se déroule, à savoir Lisbonne, Loures et Oeiras. Début janvier, quelque 80 millions d'euros de fonds publics étaient prévus pour l'événement. De son côté, l'Église portugaise prévoit de contribuer à hauteur de 80 millions d'euros supplémentaires, ce qui porte le total des dépenses à 160 millions d'euros.
Cependant, le maire de Lisbonne, Carlos Moedas (PSD, centre-droit), défend les retombées économiques et promotionnelles que la ville retire de l'événement. "Nous allons multiplier l'investissement que nous faisons par 10 ou 20", a prédit à plusieurs reprises le président de la Chambre municipale. Le Premier ministre Costa, qui a visité en début de semaine les différentes étapes de l'événement, a également minimisé l'importance de son coût et a préféré mettre en avant "un retour immédiat" pour l'économie portugaise.
Joseph Bergoglio plaide pour la paix...
Hier jeudi 3 août, le Saint-Père a été accueilli par 500.000 jeunes au parc Édouard VII, dans le centre de la Capitale. Du jamais-vu depuis 1982 et la célébration de la messe par Jean-Paul II en ce même lieu. Acclamé à bord de sa papamobile, salué par des drapeaux du monde entier, il a rejoint la "Colina do Encontro" (la colline de la rencontre) et sa scène monumentale conçue par un architecte, haute de près de 25 mètres.
Le pape, âgé de 86 ans, a béni la foule présente, entouré d'une centaine de prêtres, dans une ambiance musicale assurée par des chants de choristes et des danses. C'est à ce même endroit qu'il célébrera aujourd'hui à 18h le Chemin de Croix après avoir confessé dans la matinée quelques jeunes et rencontré des représentants d'associations caritatives.
La veille, la situation en Ukraine a été évoquée, avec des appels à cesser la guerre russo-ukrainienne et tous les conflits en cours dans le monde. Le jésuite argentin, évoquant "l'Europe et l'esprit de dialogue qui la caractérise", s'est adressé au Vieux continent en ce sens : "Vers où navigues-tu, si tu ne proposes pas d'itinéraires de paix, de voies créatives pour mettre fin à la guerre en Ukraine ?".
...et se rendra demain à Fátima
Alors que l'annonce avait été faite les médias mais tardait à être confirmée par le Vatican, le Saint-Père se rendra bien demain samedi à Notre-Dame de Fátima. Le sanctuaire marial, l'un des plus visités au monde, est célèbre pour les apparitions de la Vierge Marie à trois enfants bergers, Lucía dos Santos, Jacinta et Francisco Marto, en 1917.
Selon Sœur Sandra Bartolomeu, membre de la congrégation des Servantes de Notre-Dame de Fátima, "de nombreuses demandes de groupes de jeunes du monde entier désireux de visiter le sanctuaire" ont été reçues et "un 'village de jeunes' où il y aura une zone couverte afin d'accueillir tous ceux qui n'ont pas d'endroit où loger" a été mis en place.
"Les jeunes du Portugal se préparent à cette rencontre depuis deux ou trois ans, ils sont très enthousiastes. Ma communauté et moi-même prions beaucoup pour les jeunes qui viendront, ainsi que pour ceux qui sont dans leur pays et n'ont pas pu venir", a-t-elle rappelé par ailleurs à l'agence Fides. "Ce n'est pas tous les jours qu'un pape vient nous rendre visite."
La question de la pédocriminalité abordée
Pour cette visite exceptionnelle, la papauté n'a laissé de côté aucun sujet du côté. Mercredi dernier, un groupe de 13 personnes victimes d'abus sexuels, a été reçu par le pape François. Une rencontre qui s'est "tenue dans une ambiance d'écoute intense et a duré plus d'une heure", a précisé un communiqué du Vatican.
Quatrième pape à se rendre au Portugal, pays qu'il a visité en 2017, François aborde donc la question sensible de la pédophilie dans l'Église, six mois après la publication d'un rapport choc rédigé par une commission d'experts indépendants. Ce document, publié en février à la demande de la conférence épiscopale portugaise, a révélé des chiffres préoccupants et l'existence de 4 815 mineurs victimes de violences sexuelles dans un contexte religieux depuis 1950.
En septembre 2021, dans le cadre d'une rencontre européenne organisée à Varsovie (Pologne) sur la lutte contre les crimes pédophiles, le pape François a appelé l'Église à "affronter la vérité" face à la question de la pédocriminalité et à "reconnaître les erreurs". "Le bien-être des victimes ne doit pas être mis de côté, au profit d’une préoccupation malvenue pour la réputation de l’Église en tant qu’institution", déclarait-il alors.
Appel pour "une écologie intégrale"
Par ailleurs, la question de l'environnement a été évoquée par le pape François : "Nous devons reconnaître l’urgence dramatique de prendre soin de la maison commune", a-t-il dit à propos de la Terre, souhaitant un "changement de la vision anthropologique qui est à la base de l'économie et de la politique".
Selon lui, le projet d'une "écologie intégrale" doit être soutenu, afin "d’écouter la souffrance de la planète en même temps que celle des pauvres, de mettre le drame de la désertification en parallèle avec celui des réfugiés, le thème des migrations avec celui de la dénatalité".
Les JMJ prendront fin le dimanche 6 août avec une messe de clôture. Le pape recevra dans l'après-midi les volontaires qui ont participé à l'organisation de l'événement. Enfin, il annoncera le nom de la prochaine ville qui accueillera les Journées mondiales de la jeunesse 2024.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.