La triste fin de Gloriande de Thémines, victime de son mari jaloux

Auteur(s)
Laurence Beneux
Publié le 08 mai 2024 - 09:44
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Gloriande
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Wikimedia Commons via Picryl.com
La pauvre Gloriande de Thémines fera les frais de la jalousie maladive de son illustre époux qui la fera assassiner
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AFFAIRE CRIMINELLE - Même si le terme est contemporain, le féminicide ne date pas d’aujourd’hui, et la jalousie est un mobile courant dans l’histoire. Certains maris possessifs conçoivent une haine inextinguible à l’encontre de leur moitié coupable, ou supposée coupable, d’infidélité. La pauvre Gloriande de Thémines fera les frais de la jalousie maladive de son illustre époux qui la fera assassiner. Et comme au XVIIè siècle, il est fort rare qu’un seigneur « haut-justicier » soit poursuivi d’une part, et que les « crimes passionnels » font déjà l’objet d’une grande indulgence d’autre part, le mari assassin n’aura nullement à rendre compte de son crime.

Le 1er février 1622, convolent en justes noces le marquis de Séverac et comte de Rhodez Louis d’Arpajon et Gloriande de Lauzières de Thémines, fille du Maréchal de Lauzières. Ils sont beaux, ils sont jeunes, ils sont riches. L’avenir s’annonce radieux. Mais la jalousie est un vilain défaut qui va assombrir la vie conjugale du couple et s’avérer fatale pour la mariée.

 

Une épouse délaissée et réputée infidèle.

À l’instar du père de sa promise et comme le firent ses ancêtres avant lui, le jeune marquis embrasse la carrière militaire et part pour de longues campagnes au service du roi Louis XIII.

Des mois durant, la jeune épouse souffre donc de solitude dans le château de Séverac et la rumeur enfle qu’elle tromperait l’ennui avec un gentilhomme de la région.

En 1635, au retour d’une de ces campagnes militaires, Louis apprend de la bouche de son viguier, Antoine Bathélemy, la supposée infidélité de sa femme. Ces révélations mettent le comte dans une rage folle.

Il commence par faire arrêter et jeter dans les oubliettes du château l’amant présumé de Gloriande. Puis il séquestre sa femme dans ses appartements.

Mais la rancœur du marquis ne s’apaise pas. Il conçoit donc un plan machiavélique pour faire assassiner sa femme.

Il ordonne à cette dernière de partir en pèlerinage à Notre-Dame de Ceignac pour laver son âme de ses péchés. La femme du viguier Barthélemy, Catherine Esvèque, est chargée d’accompagner l’épouse adultère. Mais en route, le convoi s’arrête dans un lieu isolé.

Gloriande est alors poussée au sol, immobilisée par des hommes, et on lui tranche les veines des poignets. Puis on la laisse se vider de son sang.

 

Décédée de mort naturelle

Elle est à déjà à moitié morte quand on la ramène dans sa chambre, au château. Elle y périt rapidement.

Elle est officiellement réputée décédée de mort naturelle, causée par un malaise aussi foudroyant que mystérieux, et il est dit qu’une saignée, promptement tentée, n’a pu sauver la jeune femme….

Gloriande est inhumée dans le caveau familial et le deuil est décrété au château de Séverac.

Bien sûr, nombreux sont ceux qui soupçonnent l’origine criminelle du décès inattendu de l’infidèle. D’abord elle était en parfaite santé. Et puis son époux bafoué, toujours submergé par la rage, peine à clamer son innocence avec conviction.

Il faut dire qu’à un homme de son rang, militaire fort utile au roi de surcroît, il est en général beaucoup pardonné. Louis ne risque pas grand-chose et il le sait.

Et puis quand même, Gloriande est censée avoir fauté et l’infidélité féminine est fort mal vue, beaucoup plus mal que la bagatelle masculine. Ce point sera d’ailleurs judiciairement vrai jusqu’en 1975 où l’adultère sera dépénalisé pour tous.

De surcroît, le crime dit passionnel a longtemps fait l’objet d’une grande indulgence.

De fait, tout le monde ferme les yeux.

 

Un fils encombrant.

Louis finit même par confesser publiquement son crime devant l’Église. Il s’en sort en faisant construire une chapelle dans son château, pour faire amende honorable. Il ne vient à l’idée de personne de le poursuivre en justice. Au contraire, il est fait duc par le roi en 1650.

Le seul qui ne pardonne pas le crime du désormais duc d’Arpajon, est son fils Jean-Louis qui veut venger la mort de sa mère.

Il dénonce son père à qui veut l’entendre, et va même jusqu’à embaucher une horde de mercenaires pour envahir la ville et piller la maison du viguier.

Mais personne ne prête oreille à ses accusations et ne consent à rendre justice à la défunte. Au contraire, il est reproché au fils endeuillé de se retourner contre son père, qui poursuit tranquillement une prestigieuse carrière et épouse successivement deux femmes de haut rang et de grande fortune.

Et Louis déshérite cette encombrante progéniture, qui a deux grands défauts : non seulement il lui cause bien des soucis, mais aussi, il est le fils de la honnie Gloriande. La mort de cette dernière n’a pas éteint la haine du duc et ne l’éteindra jamais.

Louis désigne donc comme héritière sa fille née de son troisième mariage.

Il meurt paisiblement dans son château de Séverac le 6 mai 1679.

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