Plus de 200 victimes de trafic sexuel, dont 59 mineurs, sauvés après un coup de filet du FBI
TRAFIC HUMAIN - Aux États-Unis, le Bureau fédéral d’investigation (FBI) a annoncé avoir retrouvé plus de 200 victimes de trafic sexuel, dont plusieurs dizaines de mineurs, dans le cadre d'une opération de plusieurs jours menée en juillet dernier par ses agents contre des réseaux de traite des êtres humains et d’exploitation sexuelle d'enfants. Un coup de filet qui a aussi mené à "l'identification ou l'arrestation" de plus de 120 trafiquants.
Baptisée "Operation Cross County", cette offensive annuelle a permis "l’identification et la localisation de 200 victimes de trafic sexuel". Dans un communiqué diffusé mardi 1er août 2023, le FBI a aussi annoncé que 126 suspects impliqués dans l’exploitation sexuelle d’enfants et 68 suspects impliqués dans la traite d’êtres humains ont été "identifiés ou arrêtés". En outre, l’agence fédérale, qui dit avoir mobilisé tous ses bureaux à travers le pays et coordonné ses efforts avec d’autres organisations comme les polices d’États et locales ou encore les services sociaux, a fait état de 59 mineurs victimes de trafic sexuel localisés et une soixantaine d'autres enfants portés disparus retrouvés.
L’opération s'est concentrée, en premier lieu, sur "l'identification et la localisation des victimes du trafic sexuel d’enfants et du trafic des êtres humains", et, en second lieu, sur "l'arrestation des individus et des entreprises criminelles impliquées".
1.400 trafiquants arrêtés entre 2008 et 2017
Selon le National Center for Missing and Exploited Children (NCMEC), une organisation de protection de l’enfance qui a participé à l’opération du FBI, 19.000 signalements de possibles cas de trafic sexuel ont été reçus en 2022. Sur son site Internet, ce centre précise que parmi les 25.000 enfants portés disparus et qui avaient fui les services de protection de l'enfance, 18% d’entre eux étaient probablement victimes de trafic sexuel. "Derrière chaque statistique, il y a une personne avec des rêves, des aspirations et le droit de vivre une vie exempte de trafic et d'exploitation sexuels", a rappelé Michelle DeLaune, présidente du NCMEC.
Le FBI, dont le directeur Christopher Wray a dénoncé le trafic d’enfants, une "grave violation des droits de l’homme qui s'attaque aux plus vulnérables de notre société", a précisé que les victimes retrouvées au cours de la 13e édition de l'opération "Cross County" avaient reçu de la nourriture et des vêtements, des services d'urgence et une aide pour trouver un abri ou un logement. "Les actions du FBI contre cette menace ne vacilleront jamais et nous continuons à envoyer notre message: ces atrocités ne seront pas tolérées", a ajouté M. Wray dans le communiqué.
Les détails de cette opération comme la répartition des États n’ont pas été dévoilés mais des bureaux locaux du FBI communiquent sur les chiffres liés à leur région. Celui de San Francisco a par exemple annoncé l’identification et la localisation de 21 victimes de trafic sexuel. Au New Jersey, 5 mineures ont été sauvées. Le nombre national des victimes retrouvées est proche de celui des dernières années. Entre la première édition en 2008 et 2017, plus de 900 enfants ont été retrouvés et environ 1.400 trafiquants ont été arrêtés.
Si le fléau du trafic sexuel d’enfants et de la traite des êtres humains est dénoncé depuis plusieurs décennies, la question est particulièrement au cœur des attentions ces derniers mois aux États-Unis. En avril, une lanceuse d’alerte, Tara Lee Rodas, qui travaillait auprès du Département de la Santé et des Services humains (HHS) sur un site d'accueil d'urgence de migrants à Pomona en Californie, avait ouvertement accusé au Congrès le gouvernement américain d’être complice, "intentionnellement ou non", de ce trafic.
Le trafic d’enfants dans le collimateur
Lors d’une audience intitulée "La crise de la frontière de Biden: l'exploitation d'enfants étrangers non accompagnés", elle a témoigné en déclarant que le gouvernement étasunien était devenu "l'intermédiaire dans une opération de traite d'enfants à grande échelle de plusieurs milliards de dollars dirigée par de mauvais acteurs cherchant à profiter de la vie des enfants". Tara Lee Rodas faisait surtout référence à la gestion par l’administration Biden, jugée "laxiste" par les républicains, de l’immigration à la frontière sud des États-Unis et de l’afflux de migrants mineurs non accompagnés. En mars, le New York Times dévoile dans une enquête la condition de ces enfants migrants, qui se retrouvent aussi forcés de travailler.
Selon le rapport fédéral sur la traite des êtres humains de 2022, 85 % des victimes de trafic vers les États-Unis sont de nationalité étrangère. 69% d’entre eux font l’objet de trafic sexuel et 15% sont exploités. "Je pensais que j'allais aider à placer des enfants dans des foyers aimants. Au lieu de cela, j'ai découvert qu’ils étaient victimes de traite via un réseau sophistiqué qui commence par le recrutement dans leur pays d'origine, un passage clandestin à la frontière américaine et se termine lorsque le Bureau de réinstallation des réfugiés livre un enfant à un répondant - et certains d'entre eux sont des criminels, des trafiquants et des membres d'organisations criminelles transnationales", a déclaré Mme Rodas.
Un recrutement qui se fait principalement sur les réseaux sociaux, comme l’avait fait remarquer le procureur général de l'État de Floride, la républicaine Ashley Moody. Le 10 juillet dernier, elle avait exigé dans une lettre rendue publique des explications de la part de Mark Zuckerberg, PDG du groupe Meta, dont les réseaux sociaux Facebook et Instagram sont privilégiés par les trafiquants, selon plusieurs études. Le géant californien avait aussi été mis en cause par le Royaume-Uni et l’Union Européenne, qui ont dénoncé l’implication des applications de Meta dans le trafic d’enfants.
Une prise de conscience à laquelle se joignent de nombreuses stars d’Hollywood, qui dénoncent depuis de nombreuses années les réseaux pédophiles qui prennent des acteurs mineurs pour cible. Début juillet, c’est le thriller “Sound Of Freedom” qui alerte sur le trafic sexuel d’enfants et sur l’ampleur du phénomène. Le long-métrage, réalisé par Alejandro Monteverde avec Jim Caviezel au premier rôle, retrace l’histoire véridique de Tim Ballard, un ancien agent du gouvernement américain qui a lutté contre cette activité criminelle, notamment en Amérique du Sud. Le film s’est hissé à la tête du box-office dès sa sortie.
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