Airbnb : une carte de crédit pour cacher ses revenus au fisc
Airbnb inciterait-il ses clients à la fraude fiscale? C'est la question que soulève une enquête de Franceinfo dévoilée ce vendredi 1er décembre, et consacrée à la carte de crédit prépayée que propose le géant de la location immobilière en ligne.
Airbnb propose en effet aux hôtes (ceux qui mettent leur logement en location) de se faire rémunérer, outre le classique virement, par une carte Payoneer. Celle-ci est créditée du montant dû et peut être utilisée comme n'importe quelle carte bleue. Elle présente toutefois deux particularités.
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La première est que Payoneer est une entreprise basée à Gibraltar. Et n'étant pas adossée à un compte classique, sa carte échappe aux règles sur l'échange d'informations bancaires qui existent entre la France et le paradis fiscal. L'argent qui passe par cette carte ou y est conservé est donc invisible aux yeux du fisc. Elle apparaît donc comme un bon moyen de soustraire à l'impôt une partie des ses revenus.
La deuxième est qu'Airbnb met largement en avant ce moyen de paiement proposé par d'autres géants du net. "En délivrant une carte à ses couleurs et (...) en intégrant totalement la procédure de souscription (sans frais) sur son site, (Airbnb) facilite l’accès à ce moyen de paiement", analyse Franceinfo.
Airbnb France a réagi en expliquant n’avoir "aucune connaissance de plaintes concernant ce prestataire de paiement", assurant rappeler à ses utilisateurs "la nécessité de s'informer des réglementations fiscales applicables, et de s'y conformer".
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Une parade aux excès de ce système avait bien été évoqué par les députés: obliger les plateformes comme Airbnb à communiquer elles-mêmes au fisc les sommes versées à leurs clients français. Mais le gouvernement semble plus que frileux quant à cette idée, repoussée une première fois à 2019, et peut-être bientôt jusqu'à 2020.
Raisons invoquées? Des "problèmes techniques" et surtout "ne pas donner l’impression de freiner le développement d’un secteur qui se plaint déjà d’une réglementation qui commence à l’encadrer assez sérieusement".
Airbnb subit déjà la pression de certaines villes, au premier rang desquelles Paris, qui souhaite limiter le nombre de nuitées par an possible à mettre en location. Un moyen d'éviter que le parc locatif soit monopolisé par ce type de locations, limitant l'offre et faisant grimper les prix.
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