Deliveroo grossit en hébergeant les restaurateurs dont il livre les repas

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Par Rebecca FRASQUET - Saint-Ouen (AFP)
Publié le 04 juillet 2018 - 10:00
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Des employés à vélo de la société Deliveroo réunis Place de la République à Paris, le 11 août 2017
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© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives
Des employés à vélo de la société Deliveroo réunis Place de la République à Paris, le 11 août 2017
© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives

Deliveroo, qui livre à domicile des plats préparés par des restaurants de quartier, a ouvert à Saint-Ouen, en région parisienne, des cuisines partagées permettant à des restaurateurs de tester un nouveau marché, un concept qu'il décline dans le monde entier.

Créée à Londres en 2013, la start-up britannique qui fait travailler 35.000 coursiers à vélo dans 12 pays, voit grand : après avoir ouvert 74 de ces sites dénommés "Editions" dans le monde, il en comptera 250 d'ici décembre, dont plusieurs en France, son deuxième marché après le Royaume-Uni - sur lesquels il ne communique pas encore.

"Nous voulons aider nos restaurants partenaires à développer leur activité et apporter une nouvelle offre de restauration à nos clients", explique son cofondateur Will Shu, dans un entretien à l'AFP.

"Il y a ici de la cuisine vietnamienne, des pizzas, des salades... nous proposons dans un quartier qui manque de restaurants, une offre variée, que les habitants devraient apprécier"- une demande estimée par Deliveroo via l'analyse de ses données.

Dans les douze cuisines aménagées dans cet ancien entrepôt -dont huit sont occupées-, se côtoient les burgers haut de gamme de Blend, les bo buns du Petit Cambodge, les pizzas napolitaines de Tripletta et la street food indonésienne de Santosha.

Né en 2011, Blend, qui sert déjà un millier de hamburgers chaque jour à partir de cinq adresses à Paris, a recruté 4 personnes et table sur 40 commandes par jour pour que cet emplacement soit rentable.

"Ce n'était pas une priorité pour nous d'ouvrir un restaurant ici, mais cet endroit nous permet de tester le marché, c'est du sur-mesure", dit son fondateur Victor Garnier.

Pour les restaurateurs, l'investissement de départ peut être nul mais la commission (confidentielle) prélevée par Deliveroo sur le chiffre d'affaires sera alors plus élevée. Une deuxième formule prévoit une commission moindre, moyennant une mise de fonds.

- Charte à venir -

"J'espère développer mon activité sans changer la qualité ni la rémunération du personnel, la question est d'arriver à cet équilibre. Il faut que tout le monde se retrouve dans le partage de la marge", dit Simon Octobre, gérant du Petit Cambodge, un restaurant du Xe arrondissement de Paris endeuillé par les attentats terroristes du 13 novembre 2015.

Ses deux restaurants réalisent 20 à 25% de leur chiffre d'affaires via Deliveroo, sans lequel "on ne toucherait pas certains clients, parce que le marché s'est transformé: la livraison est devenue incontournable".

A la porte d'"Editions", se succèdent les coursiers -appelés "riders" chez Deliveroo qui facture 2,50 euros la livraison- dans leur tee shirt multicolore.

Condamnée début juin par la justice espagnole, qui a ordonné la réintégration d'un livreur renvoyé, l'estimant lié par une "relation de travail" à Deliveroo, la plateforme aimerait voir reconnu le statut de "travailleur indépendant" de ses coursiers à vélo. Ses 9.300 livreurs en France travaillent à leur compte, sont payés à la course et fournissent leur vélo.

En août 2017, certains avaient manifesté à Paris, Bordeaux, Nantes et Lyon pour s'opposer à une généralisation du paiement à la course et réclamer une meilleure rémunération.

En cours d'adoption au parlement, le projet de loi "avenir professionnel" doit inciter les plateformes telles que Deliveroo ou Uber à adopter une "charte" pour la protection sociale de leurs travailleurs, tout en leur évitant une requalification en salariat.

"J'espère que cela clarifiera la situation", dit M. Shu. "Nous travaillons avec près de 10.000 +riders+ en France, et la raison pour laquelle ils ont opté pour ce boulot, c'est majoritairement la flexibilité".

"Ils travaillent 12 à 14 heures par semaine, gagnent 16 euros de l'heure en moyenne et la plupart d'entre eux ne souhaitent pas travailler à plein temps", affirme-t-il.

"S'il devait y avoir une requalification, cela mettrait fin à la flexibilité et ce n'est pas ce que ces personnes souhaitent", martèle M. Shu, qui prévoit d'investir 100 millions d'euros dans l'Hexagone.

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