Niantic, la société qui a réinventé la chasse au Pokémon

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 14 août 2016 - 16:58
Image
Le jeu Pokémon Go.
Crédits
©Thomas Samson/AFP
Niantic, une startup de San Francisco née dans l'ombre de Google, a signé un succès planétaire avec Pokémon Go.
©Thomas Samson/AFP
Niantic, une startup de San Francisco née dans l'ombre de Google, a signé un succès planétaire avec Pokémon Go, mais l'engouement actuel peut-il déboucher sur un modèle économique durable?

Le patron de l'entreprise de logiciels, John Hanke, a raconté l'avoir baptisée en mémoire d'un baleinier abandonné par son équipage parti chercher fortune pendant la ruée vers l'or. Le Niantic avait été ramené à terre et transformé en magasin dans ce qui deviendrait plus tard San Francisco. Son épave, comme celle de dizaines d'autres navires, est toujours enterrée sous le centre-ville, à l'insu de beaucoup d'habitants.

D'où l'idée en 2010 de donner son nom à un projet dévoilant des choses cachées autour des utilisateurs en combinant cartographie mobile, jeu vidéo et réalité augmentée. John Hanke, un multi-entrepreneur originaire du Texas, travaille à l'époque pour Google, qui a racheté six ans plus tôt Keyhole, sa dernière startup. Keyhole a servi de fondation à Google Earth et de fil en aiguille, John Hanke s'est aussi retrouvé chargé des autres produits de cartographie du groupe comme Maps ou StreetView.

Cet amateur de jeux vidéo veut dépasser les simples cartes et utiliser la géolocalisation comme base d'interactions ludiques. Il envisage de partir recréer une startup, mais lance finalement son projet en interne. "Rester chez Google nous a donné l'avantage de pouvoir exploiter les données de (la division de cartographie) Geo et l'infrastructure de Google", reconnaissait-il en 2012 dans le magazine Inc.

Le projet Niantic débouche en 2011 sur une première application mobile, FieldTrip, un guide interactif qui géolocalise l'utilisateur et l'informe sur des sites ou curiosités à proximité.

C'est surtout Ingress, lancé l'année suivante et depuis téléchargé plus de 15 millions de fois, qui préfigure Pokémon Go. Ce jeu propose déjà d'explorer le monde réel à la recherche d'éléments virtuels: à l'époque, il ne s'agit pas encore d'attraper le mythique Pikachu, mais de contrôler des "portails" surnaturels.

En 2015, Google se réorganise avec une nouvelle holding, Alphabet. Niantic en profite pour devenir une société indépendante, où The Pokémon Company et Nintendo rejoignent Alphabet au capital. Les trois actionnaires promettent jusqu'à 30 millions de dollars d'investissements.

Niantic dit aujourd'hui employer plus de 50 personnes. Elle ne divulgue pas son chiffre d'affaires, mais certains analystes estiment la valeur de l'entreprise à plus de 3 milliards de dollars.

Encore va-t-il falloir justifier cette valorisation en prouvant que Pokémon Go n'est pas juste une passade estivale, et qu'il peut faire gagner de l'argent. C'est assez bien parti: la plateforme Sensor Tower a chiffré à plus de 200 millions de dollars les recettes du jeu sur son premier mois. Ce sont surtout à ce stade des achats d'accessoires virtuels par les joueurs, mais Niantic mise aussi sur les entreprises.

Des commerces situés près des Pokéstops achètent déjà les leurres proposés aux joueurs pour y attirer davantage de Pokémons, avec l'espoir que leurs chasseurs en profitent pour dépenser de l'argent chez eux, a noté John Hanke lors d'une conférence organisée récemment par le site dédié aux technologies Venture Beats.

A terme, il a parlé de "développer une activité qui serait un complément des achats à l'intérieur de l'application", avec "un modèle de sponsoring". Ingress a déjà des portails hébergés dans des centres commerciaux ou des agences Axa par exemple, et Pokémon Go un partenariat avec McDonald's au Japon.

John Hanke a évoqué des discussions prometteuses avec "un groupe d'autres entreprises qui veulent tirer profit de ce modèle pour Pokémon Go dans d'autres parties du monde". Et de souligner que, "parce qu'on peut attirer les gens dans des endroits physiques, on peut faire quelque chose que ne peuvent pas faire beaucoup d'autres formes de publicité".

Ces déplacements physiques créent toutefois aussi des problèmes susceptibles de pénaliser le jeu et l'entreprise. Un nombre croissant de sites refusent de servir de terrain de chasse aux Pokémons. Aux Etats-Unis, des recours collectifs se profilent après de premières plaintes de propriétaires privés lassés que des joueurs s'introduisent chez eux.

Les liens avec Google pourraient également se retourner contre Niantic: l'organisation de protection de la vie privée Epic a ainsi réclamé une enquête de la FTC sur la collecte des données des joueurs, rappelant les nombreuses controverses suscitées par StreetView.

 

À LIRE AUSSI

Image
Des jouets Pokemon dans une boutique.
Pokémon Go : les petits commerces et les grandes enseignes espèrent des retombées de la popularité du jeu
Le succès du jeu Pokémon Go a remis la franchise Pokémon sur le devant de la scène. Certains détaillants espèrent donc augmenter leurs ventes. De même plusieurs possib...
12 août 2016 - 22:37
Tendances éco
Image
Le nouveau radar de Pokémon Go.
Pokémon Go : bientôt un radar digne de ce nom (VIDEO)
Attendu depuis des semaines, le futur radar du jeu à succès Pokémon Go sera bientôt disponible. Actuellement en cours de test auprès de certains utilisateurs, il devra...
10 août 2016 - 16:54
Société
Image
Des joueurs cambodgiens de Pokémon Go
Pokémon Go : des survivants du régime des Khmers rouges expriment leur colère
Le jeu "Pokémon Go" vient d'être lancé au Cambodge. Problème: certains joueurs viennent attraper des Pokémon sur le site de Tuol Sleng, l'ancienne prison du régime de ...
10 août 2016 - 15:55
Lifestyle

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.