Pokémon Go : des survivants du régime des Khmers rouges expriment leur colère

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 10 août 2016 - 15:55
Image
Des joueurs cambodgiens de Pokémon Go
Crédits
©Tang Chhin Sothy/AFP
Des joueurs cambodgiens se sont notamment introduits à l'intérieur du site.
©Tang Chhin Sothy/AFP
Le jeu "Pokémon Go" vient d'être lancé au Cambodge. Problème: certains joueurs viennent attraper des Pokémon sur le site de Tuol Sleng, l'ancienne prison du régime de Pol Pot, où 15.000 prisonniers sont morts. De quoi susciter la colère de nombreux Cambodgiens.

Chasser des Pokémons dans une ancienne prison des Khmers rouges au Cambodge, où sont morts des milliers de prisonniers dans les années 1970... Le choix de ce lieu dans le jeu Pokémon Go suscite la colère dans le pays.

L'application mobile, qui permet de capturer et d'entraîner ces petits personnages et de combattre des créatures virtuelles en se déplaçant dans le monde réel, est disponible depuis samedi au Cambodge.

Mais le fait que la prison Tuol Sleng de Phnom Penh, plus connue sous le nom de S-21 et aujourd'hui musée du génocide soit un terrain de jeu fait polémique. Quelque 15.000 prisonniers y sont morts sous les Khmers rouges.

"C'est une insulte pour les âmes des victimes qui sont mortes ici", a réagi mercredi Bou Meng, 76 ans, un des rares survivants de Tuol Sleng, lieu symbolique de la folie meurtrière du régime.

"C'est un lieu de souffrances. Ce n'est pas approprié de jouer à ce jeu ici", a-t-il ajouté, appelant le musée de demander à sortir du répertoire du jeu.

Youk Chhang, directeur du Centre de documentation du Cambodge (DC-Cam), qui mène un travail d'archivage sur cette période de 1975-79 où deux millions de Cambodgiens, soit un quart de la population, sont morts d'épuisement, de famine, ou à la suite de tortures et d'exécutions, est lui aussi en colère.

Le musée "n'est pas un centre commercial ou une aire de jeux où attraper des Pokémons. C'est un cimetière", s'est-il insurgé.

Mercredi après-midi, de nombreux joueurs arpentaient les rues voisines du musée-prison, à la recherche de Pokémons.

"J'ai trouvé quatre monstres Pokémons. Je n'ai même pas besoin d'aller dans Tuol Sleng", a expliqué à l'AFP un joueur, refusant d'être identifié.

Des gardiens du musée du génocide Tuol Sleng ont confirmé avoir expulsé plusieurs joueurs de Pokémon Go pris en train de jouer dans l'enceinte du musée.

Chhay Visoth, directeur du musée, a déploré ces parties, dans "ce lieu de tristesse". Il n'a cependant pas précisé s'il demanderait au développeur de Pokémon Go, Niantic, de supprimer le lieu de son application.

En France, le célèbre ossuaire des soldats de Verdun, lieu de souvenir d'une des principales batailles de la Première guerre mondiale, vient d'être supprimé du jeu, à la demande des autorités.

 

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
ARA
Décès de ARA, Alain Renaudin, dessinateur de France-Soir
Il était avant toute chose notre ami… avant même d’être ce joyeux gribouilleur comme je l’appelais, qui avec ce talent magnifique croquait à la demande l’actualité, ou...
07 novembre 2024 - 22:25
Portraits
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.