Pourquoi l'inflation en zone euro est-elle si basse ?

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 06 mars 2016 - 11:19
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Des pièces et des billets en euro.
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Cours du pétrole, de l'euro, baisse de la consommation et des investissements sont autant de facteurs favorisant une inflation faible.
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Malgré les efforts de la BCE pour faire repartir les prix en zone euro, l'inflation y reste désespérément basse, et est même retombée en territoire négatif en février. Récapitulatif des différents facteurs à l'œuvre pour empêcher la remontée des prix.

 > Le pétrole

"Le faible niveau d'inflation et la chute de février reposent en grande partie sur les prix de l'énergie", affirme à l'AFP Ben May, économiste chez Oxford Economics. Depuis deux ans, les cours du pétrole ont fortement chuté, sur fond de surabondance de l'offre mondiale.

Pour les ménages et les entreprises, cette décrue se traduit, entre autres, par une baisse bienvenue des prix du fuel de chauffage et du carburant à la pompe. Mais elle empêche l'inflation de repartir, les prix de l'énergie comptant pour beaucoup dans le calcul de cette donnée, souligne M. May.

Le cours du pétrole est tombé en début d'année à son plus bas niveau depuis 2003 avant de timidement rebondir début février, et le marché bruisse de rumeurs sur une baisse concertée de l'offre entre grands pays producteurs.

Pour autant, une remontée substantielle et durable des prix ne semble pas encore à l'ordre du jour. Par conséquent, les prévisions d'inflation pour la zone euro vont devoir être revues en sensible baisse, a récemment signalé le président de la Bundesbank, Jens Weidmann.

 

 > L'euro

Après une nette baisse en mars 2015, consécutive à l'annonce par la BCE d'un vaste plan d'achat de dettes, le cours de l'euro est depuis remonté et évolue autour de 1,10 dollar. Or "une remontée du taux de change de l'euro signifie que les prix des biens importés sont moins élevés", explique Ben May.

Si la valeur de l'euro s'apprécie par rapport à d'autres monnaies, une voiture ou un frigo importés verront leur prix baisser, ce qui apportera une contribution moindre à l'inflation au sein du bloc monétaire.

 

 > Les salaires

Autre facteur pesant sur l'inflation, "la plupart des pays frappés par la crise, comme l'Espagne, le Portugal ou encore la Grèce ont été contraints de réformer et de flexibiliser leur marché du travail, ce qui a eu pour conséquence de réduire les salaires", explique Johannes Gareis, de Natixis.

Qui dit baisse de salaires, dit ralentissement de la consommation des ménages et, par ricochet, moindre hausse, voire même recul des prix.

En parallèle, les faibles perspectives d'inflation pour les prochaines années ont des conséquences sur les négociations salariales entre employeurs et salariés, ce qui freine encore plus la progression des salaires, soulignent la plupart des analystes.

"Avec une inflation nulle ou négative, le pouvoir d'achat augmente, et donc il n'y a pas une pression forte de la part des employés ou des syndicats pour faire remonter les salaires. Avec de faible perspectives d'inflation, les revendications salariales ralentissent aussi", ajoute Charles Wyplosz, professeur d'économie à l'Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement de Genève.

Pour Gilles Moëc, de Bank of America Merrill Lynch, la faible dynamique des salaires en zone euro recouvre plusieurs réalités : "Il y a des pays, comme l'Espagne, où le chômage baisse mais reste encore trop élevé"; dans d'autres comme la France et l'Italie "soit il baisse trop lentement, soit il continue à monter"; et en Allemagne "on est en situation de plein emploi, mais les inquiétudes autour de l'export incitent à la modération salariales. Dans ce contexte, il ne peut pas se passer grand-chose du côté des salaires".

 

 > Investissements atones

Traditionnellement, l'investissement des entreprises crée de l'activité, qui génère à son tour des emplois, ce qui tire les salaires à la hausse et finit par produire de l'inflation. Mais "beaucoup d'entreprises ont peur de toutes sortes de choses. L'angoisse des marchés financiers n'aide pas. Les entreprises ne sont pas rassurées sur la vigueur et la durabilité de la reprise en cours", observe Charles Wyplosz. Face à "une reprise molle", les entreprises "manquent d'enthousiasme pour engager des dépenses importantes d'investissement".

 

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