Tourisme : l'attaque du Louvre intervient sur fond de fragile reprise
L'attaque vendredi à proximité du Louvre, musée emblématique de Paris, intervient dans un contexte de timide reprise de la fréquentation touristique étrangère, après les deux années noires qui avaient suivi la vague d'attentats commis dans l'Hexagone.
Vendredi, un homme a attaqué des militaires à l'arme blanche, au cri d'"Allah Akbar", à l'entrée de la très touristique galerie du Carrousel du Louvre. Ceux-ci ont riposté en le blessant grièvement.
"Si l'homme a été arrêté, c'est la preuve que les services de sécurité fonctionnent, et ça c'est rassurant. Je ne pense pas que cela ait un gros impact sur l'image de la France", a commenté à l'AFP Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, qui fédère la majorité des agences de voyage de l'Hexagone.
Il souligne que "l'on est très clairement sur une reprise depuis novembre des flux de visiteurs entrants et sortants. Et janvier a été un très bon mois, on est plutôt dans une phase positive".
Une tendance confirmée par Christophe Laure, président de la branche prestige au sein de l'Umih, principale organisation de l'hôtellerie et de la restauration : cette attaque "intervient en tout cas à un moment où le tourisme était en train de +reprendre des couleurs+. Nous n'avons pas encore les chiffres de fréquentation du mois de janvier, mais il est certain qu'ils sont bons".
Le représentant des hôteliers souligne également que l'attaque près du Louvre est "un acte isolé, qui, je l'espère et je pense, n'aura peut-être pas trop de répercussions sur le tourisme car aujourd'hui, toutes les villes sont concernées par le risque d'attaques terroristes, ce n'est pas seulement Paris, la France, c'est le monde entier".
Cependant, pour Mark Watkins, président du cabinet Coach Omnium spécialisé dans le tourisme et l'hôtellerie, avec cet incident "le tourisme en France va en reprendre plein la figure", même si "un événement de ce type marque évidemment moins qu'un 13 novembre ou un 14 juillet".
- Objectif : 100 millions de touristes en 2020 -
"Le musée du Louvre est un lieu culturel symbolique, qui parle au monde entier, et malheureusement le poids du symbole dans les médias l'emporte sur la réalité", dit-il à l'AFP.
L'an dernier, le Louvre a perdu 15% de ses visiteurs, mais avait fait état d'un redressement en novembre et décembre. Le Musée d'Orsay a accusé un repli de 13%, mais annonce un mois de janvier 2017 bien meilleur, rappelant aussi avoir investi un million d'euros dans la sécurité.
En juin 2014 - soit avant la vague d'attentats - la France s'était fixée comme objectif d'accueillir 100 millions de visiteurs étrangers d'ici 2020.
En 2015, quelque 85 millions de touristes étrangers ont visité l'Hexagone, mais le chiffre pour 2016 n'a pas encore été rendu public par le gouvernement.
Les chiffres connus pour l'année dernière concernent uniquement le Grand Paris et font état d'une baisse de 6% des arrivées hôtelières, dont -10% pour les étrangers, refroidis par les attentats de 2015 et 2016.
Vendredi, les touristes présents aux alentours du Louvre et du Carrousel juste après l'attaque ne semblaient pas trop inquiets.
"C'est tellement triste et choquant [...] on ne peut pas les laisser gagner, c'est terrible", commentent Gillian Simms et son époux, deux Britanniques qui, juste après l'attaque, n'arrivaient pas à rejoindre leur guide au Louvre pour une visite intitulée les "trésors cachés" de Paris.
"On m'avait prévenue qu'il fallait faire attention aux vols à Paris, mais je ne pensais pas à un éventuel attentat avant de venir. Même si je suis inquiète, je ne regrette pas d'être venue", souligne Kara Qiu, touriste chinoise de 23 ans qui étudie à Londres.
Romano Bruno, un Italien de 48 ans, "n'est pas effrayé", dit-il. "Je suis rassurée parce que la police est bien préparée. Je n'ai pas peur du terrorisme", renchérit Jessie McCaw, Américaine de 18 ans.
Maxime Grazie, un conducteur italien de bus pour touristes pense cependant que "cet événement va avoir des conséquences fâcheuses pour le tourisme. Depuis les derniers attentats à Paris, les groupes de Chinois ont beaucoup baissé", précise-t-il.
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