Trump en visite à Brentwood, traumatisé par le gang MS-13

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Par AFP
Publié le 28 juillet 2017 - 15:08
Mis à jour le 29 juillet 2017 - 00:35
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Des habitants manifestent contre la visite du président américain Donald Trump, le 28 juillet 2017 à
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© EDUARDO MUNOZ ALVAREZ / AFP
Des habitants manifestent contre la visite du président américain Donald Trump, le 28 juillet 2017 à Brentwood
© EDUARDO MUNOZ ALVAREZ / AFP

Donald Trump s'est rendu vendredi à Brentwood, une ville de la grande banlieue de New York où la communauté hispanique l'a accueilli avec méfiance, même s'il a promis d'éradiquer le gang d'origine salvadorienne MS-13 qui terrorise la population locale.

Environ 70% des quelque 60.000 résidents de cette ville de cols bleus de Long Island, où des membres du MS-13 ont tué pas moins de 17 personnes depuis l'an dernier, sont d'origine hispanique.

Beaucoup sont sans-papiers et redoutent au moins autant les services d'immigration (ICE) et l'expulsion du territoire américain que la Mara Salvatrucha ("le gang salvadorien"), les deux mots qui se cachent derrière les initiales MS.

Plus de 40 associations et organisations locales ont fait état de leurs réserves au sujet de ce déplacement présidentiel, qu'ils voient comme une manoeuvre pour justifier sa politique migratoire et plaire à son électorat conservateur.

Plusieurs centaines de personnes s'étaient postées vendredi devant l'université de Suffolk County, où Donald Trump a prononcé un discours, avec pancartes et drapeaux, pour manifester leur hostilité à cette visite.

De l'autre côté de la rue, une trentaine de sympathisants de Donald Trump leur ont crié des insultes et entonné "huit ans de plus!".

"La visite de Trump ici est une tentative de généraliser la violence et de l'associer à tous les hispaniques, un prétexte pour glaner des voix et promouvoir le racisme", s'est insurgé Edwin Avila, Salvadorien de 44 ans.

Lors de son discours, vendredi, le président des Etats-Unis n'a annoncé aucune mesure concrète mais promis d'éradiquer le MS-13.

"Une par une, nous libérons nos villes américaines. Pouvez-vous croire que je m'exprime ainsi ? Je parle de libérer nos villes", a martelé le président américain.

"Ce que je veux, ce sont des solutions globales à des années d'abandon", a expliqué Rodman Serrano, jeune homme de 23 ans.

Depuis 2014, plus de 4.600 mineurs sans-papiers ont élu domicile dans le comté de Suffolk, où se trouve Brentwood, fuyant la pauvreté et la violence dont ils souffraient en Amérique centrale.

Beaucoup sont recrutés de force par le MS-13 à leur arrivée, selon la police locale.

- 'Voir la douleur' -

Cela fait dix ans que le MS-13, apparu dans les milieux immigrés salvadoriens à Los Angeles dans les années 80 puis exporté en Amérique centrale, terrorise le comté de Suffolk, où la police estime qu'il compte quelque 400 membres, essentiellement à Brentwood et dans la ville voisine de Central Islip.

Les activistes regrettent que le gouvernement fédéral ne les aient pas consultés pour identifier les besoins locaux pour lutter contre le gang.

Pour eux, la solution ne passe pas tant par une politique plus répressive vis-à-vis des communautés immigrées mais par l'allocation de moyens supplémentaires aux écoles publiques et la mise en place d'activités extra-scolaires pour offrir aux jeunes une alternative à la rue.

"Pourquoi venir ici et ne pas consulter les associations qui travaillent vraiment avec les jeunes qui sont dans les gangs ?", a demandé jeudi Sergio Argueta, assistant social et fondateur de Strong, une ONG qui agit dans les lycées pour lutter contre la violence des gangs. "Nous avons peur qu'il ne se serve de nous comme d'une vitrine pour justifier le sentiment anti-immigration dans ce pays."

Père de Nisa Mickens, l'une des deux étudiantes assassinées en pleine rue il y a dix mois à coups de machette et de battes de baseball par des membres du gang, Robert Mickens est pourtant heureux, lui, de la visite du président, vendredi. "Sa présence montrera aux gens qu'il prend l'affaire au sérieux", a-t-il dit à l'AFP jeudi.

Même si les autorités ne l'ont pas contacté, il aurait aimé que Donald Trump lui rende visite à son domicile, pour voir les photos de sa fille accrochées aux murs de la maison et prendre la mesure du vide laissé par la disparition de Nisa.

Le président "doit me regarder dans les yeux", dit-il, "pour voir la douleur telle qu'elle existe, pour voir ce qu'ils m'ont pris, une fille intelligente, sportive, avec le coeur d'une reine".

La police locale assure avoir interpellé 170 membres du MS-13 depuis l'assassinat des deux adolescentes.

"Nous avons besoin de la coopération de la communauté pour résoudre ces crimes", plaide Phil Ramos, conseiller municipal démocrate de Brentwood. "Mais une communauté terrorisée par une descente des services d'immigration ne va pas porter plainte. La visite de Trump ne fera que du mal."

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