Violences durant les manifestations : un choix politique du gouvernement ?

Auteur(s)
Laurence Beneux
Publié le 13 avril 2023 - 17:00
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Langlois
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F. Froger / Z9, pour France-Soir
Alexandre Langlois, sur le plateau de France-Soir.
F. Froger / Z9, pour France-Soir

L'ENTRETIEN ESSENTIEL - En cette douzième journée de manifestation de la réforme des retraites, nous recevons Alexandre Langlois, ex agent du renseignement territorial de la police, ex secrétaire général du syndicat de police Vigi et auteur de plusieurs livres dont dernièrement « Essayer la démocratie. Au bal masqué de la Macronie », aux éditions Talma. C’est un implacable réquisitoire contre une « dérive très autoritaire de l’usage de la police » par le gouvernement qu’il vient nous livrer. Il accuse ni plus ni moins le gouvernement, non seulement d’encourager la violence, mais aussi d’en être volontairement à l’origine et de l’assumer. 


L’ancien policier souligne qu’en matière de maintien de l’ordre, les policiers ne peuvent pas intervenir d’initiative. Ils doivent attendre l’autorisation d’agir mais aussi obéir immédiatement aux ordres.  

Or, Alexandre Langlois dénonce des manipulations politiques visant à détériorer certaines situations et de facto, les relations entre les forces de l’ordre et la population. Il donne l’exemple de l’utilisation des nasses qui sont interdites car scientifiquement prouvées dangereuses, ou d’ordres de dispersion lancées alors que les manifestants sont empêchés de partir.

D’après lui, des ordres de disperser les cortèges ont pu être donnés par des états-majors en contact constant avec le ministère de l’intérieur, tandis que les policiers étaient maintenus dans l’ignorance que toutes les issues pour sortir de la manifestation étaient fermées. Ils chargeaient des gens sans savoir que ces derniers ne pouvaient pas leur obéir, et bien évidemment ces derniers réagissaient, devenant violents à leur tour. 

Alexandre Langlois dénonce aussi les interdictions de neutraliser les black blocs jusqu’au moment où c’est trop tard. L’ancien agent de renseignement fait aussi remarquer que les éléments radicaux violents sont parfaitement connus, et bat en brèche l’idée répandue que le droit interdirait que ces derniers soient empêchés, en amont, de se rendre sur les manifestations : si on veut, on peut, d’ailleurs c’est déjà arrivé. 

Il dénonce aussi un manque de volonté de sanctionner sévèrement certains policiers, rares, se rendant coupables de violences injustifiées, et affirme qu’il s’agit du choix politique de vouloir ainsi montrer « quels policiers on veut protéger ».  

L’ancien policier souligne que toute blessure infligée par un membre des forces de l’ordre est illégitime si le blessé n’est pas ensuite interpellé : il a violé la loi ou pas, mais ce n’est pas « au policier de jouer au juge Dredd (film hollywoodien avec Sylvester Stallone, ndlr) dans la rue ». 

Il affirme que les décriées BRAV-M, formées de volontaires détachés d’autres services, sont constituées pour aller « faire le coup de main » et que l’on tolère assez facilement qu’ils puissent être difficilement identifiables en cas de problème.  

Concernant les autres policiers, qui restent dans leurs unités propres, d’après Alexandre Langlois, l’identification n’est pas un problème pour peu que l’administration la souhaite. 

L’ancien syndicaliste pointe aussi un manque de policiers qui contraint les autorités à mobiliser des fonctionnaires pas ou peu formés au maintien de l’ordre, et donc plus susceptibles de commettre des erreurs, pour encadrer les manifestations. 

Alexandre Langlois fait d’ailleurs remarquer que les gendarmes mobiles ou les CRS, spécialistes du maintien de l’ordre et donc extrêmement bien formés, ont été très rarement incriminés lors des manifestations des gilets jaunes. 

En résumé, l’ancien policer dénonce une dégradation démocratique, où les forces de l’ordre ne sont plus utilisées pour servir le peuple mais les desseins d’un gouvernement qui ne tient plus compte de la volonté du peuple dit « souverain » avec la complicité de parlementaires qui font le dos rond par « lâcheté », parce qu’ils « veulent garder leur fauteuil ».

D’après lui, l’idéal démocratique dessiné sous la IIIème République où « le bulletin de vote doit remplacer le fusil » est trahi et les techniques de maintien de l’ordre choisi par les dirigeants génèrent la violence. 

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