John Shipton, père de Julian Assange, compte sur une France "honorable et exemplaire"
Il est en France afin de promouvoir la demande d'asile de son fils Julian Assange ; John Shipton a fait à FranceSoir l’honneur d’un entretien, le vendredi 12 novembre.
Ses premiers mots sont pour décrire la mission de son fils. Selon lui, c'est celle de Prométhée déchaîné : voler le feu aux Dieux pour le donner aux Hommes. Ici, les flammes sont celles de l'information, du savoir. Déjà en 2005, alors que son fils créait Wikileaks, John Shipton réalisait que mettre des informations cruciales entre les mains des citoyens les motiverait à agir sur un éventail de problèmes, plus vaste encore que le purement politique.
Julian Assange souhaitait voir émerger une conscience citoyenne débouchant sur un mouvement de masse. Ce mouvement existe désormais ; des milliards d’Hommes s’opposant à la « politique anglo-saxonne de guerre sans fin ».
Les informations révélées par son fils Julian et son équipe ont été diffusées par plus de cent publications de par le monde, dont The Guardian, El Pais, Der Spiegel ou Libération. Conscients des désastres humains provoqués par ces guerres étrangères, la population occidentale n’en veut plus. Grâce aux grandes mesures qui ont fait suite aux actions d'Assange, aujourd'hui, il n’y a plus que 80 prisonniers à Guantanamo, au lieu de 800. Parallèlement à cela, les États-Unis quittaient l’Afghanistan et bientôt, le Moyen-Orient.
Par ailleurs, l’un des traits saillants de la conduite des autorités anglo-saxonnes envers le fils de John Shipton a été sa "malveillance, voire sa cruauté caractérisée : diffamation, calomnie, remarques méprisantes dites en pleine Cour, méconnaissance flagrante des traités internationaux", dont la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et des conclusions du rapporteur spécial de l’ONU pour la torture de Nils Melzer... Tout ceci témoigne de l’effondrement moral du monde occidental depuis 20 ans, dont les événements récents en Australie servent d'exemple.
Depuis 2005, Julian Assange entretient avec la France des liens étroits ; il vivait alors dans le Marais, y a fondé et incorporé WikiLeaks, y a connu ses premiers procès, y a fondé une famille. Quelques années plus tard, alors qu'il prévoyait de rentrer en France, il a été arrêté en Angleterre. La devise de la Révolution – Liberté Égalité Fraternité – et son symbolisme, n’est pas moins puissante que la Révolution elle-même. Pour John Shipton, les Gilets jaunes en sont l’expression et ils ont déjà gagné, car ils font le ferment d’un mouvement qui se propage dans toute la société.
La France a elle-même bénéficié de Wikileaks, dévoilant le rôle des États-Unis dans les écoutes téléphoniques des autorités françaises et dans l’espionnage industriel, qui a coûté des dizaines de milliards au pays. M. Shipton explique que sa mission « est celle de défendre les intérêts de Julian, raison pour laquelle je ne rencontre aucun homme politique. Je ne fais que définir le cadre des circonstances dans lequel les hommes politiques sauront agir ». Il souhaite que la France propose – comme viennent de le faire 38 députés français - l’asile politique à son fils, et à cette fin il parlera demain mardi à l’Assemblée nationale.
M. Shipton a saisi l’occasion pour affirmer son respect pour l’ancienne analyste de renseignement des armées américaine, Chelsea Manning, qu’il décrit comme une nouvelle Jeanne d’Arc : en résistant aux pressions officielles pendant une décennie et non un ou deux ans, l’analyste fait montre de qualités d’acier. Il a également salué l’ami et soutien de Julian qu’est l’ambassadeur Craig Murray, actuellement en prison en Ecosse. La semaine dernière, il s’est rendu là-bas et a visité la famille de l’ambassadeur, qui sera libéré fin novembre.
Quoiqu’âgé de 78 ans, M. Shipton ne cesse de faire le tour du monde afin d’obtenir la libération de son fils. Ces tournées ont été possibles grâce au soutien de dizaines de milliers de citoyens auxquels il envoie ici et maintenant « mille mercis ».
Doublage : Jeanne Traduction
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