"Le personnel souffre" : trois soignants dénoncent les dérives de l’hôpital depuis 20 ans
« On ne peut plus travailler dans ces conditions ». Daniel et Myriam étaient venus en mai dernier sur notre plateau, les voici de retour accompagnés de Marc, et cette fois dans notre studio : les trois aides-soignants et infirmiers nous ont fait part de leur fatigue et de leur exaspération face aux politiques appliquées dans les hôpitaux.
Version courte des entretiens :
Représentants du personnel dans le syndicat Force Ouvrière, Daniel, Marc et Myriam viennent aujourd’hui, marqués par des années de combat, pour expliquer à la population l'envers du décor des hôpitaux de Paris.
Le délabrement de leurs conditions de travail se caractérise par une réduction du personnel ; ils sont contraints de fournir deux fois plus de travail qu’auparavant et n’ont plus le temps de prendre correctement soin des patients : « il faut arrêter de voir le patient comme un client, ce sont des patients avant tout et l'on doit être là pour eux, or on ne nous laisse pas cette possibilité ».
À l’hôpital psychiatrique Paul-Brousse de l'AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris), à Villejuif, comme ailleurs, les malades psychiatriques ont besoin de plus d’attention que d’autres patients. « C'est dangereux de ne pas pouvoir prendre le temps qu’il faut avec eux, mais on ne nous écoute pas », nous rapportent-ils.
Même s’ils font remonter les problèmes depuis la base, eux qui observent la réalité du terrain ne sont pas écoutés. Seul l’avis des dirigeants semble compter : « Historiquement, les dirigeants étaient des médecins, donc ça allait parce qu’ils savaient ce qu’on vivait, mais maintenant que ce sont des hommes d’affaires, ils n’ont aucun intérêt pour nous ».
Ces soignants se battent contre la politique de marchandisation de l’hôpital. Comme bien d'autres, l'institution hospitalière est vue comme un bien sur le marché : « l’hôpital doit être rentable, on ne fait que nous parler de budget et de dépenses alors qu’on leur dit qu’il y a des gens derrière […] On manque d’effectif, j’ai des collègues qui se retrouvent à enchaîner plusieurs nuits, on est tous à bout, il faut que les gens aient conscience de cela et se rebellent, parce que c’est leur système de santé dont on parle. Aujourd’hui, ils regardent, mais peut-être que demain, ce sera eux qui devront être soignés ».
L’autre point que Daniel, Marc et Myriam dénoncent est le fait que les médias ne les aident pas. Au contraire, ils ont plutôt tendance à prendre systématiquement le parti de l’hôpital : « Vous êtes les seuls qui nous ont répondu, mais même si on était prêt à vous accueillir dans l’hôpital, la direction ne voudrait jamais que l’on filme ce qu’il se passe là-bas ».
Nous vous proposons une version complète d'une heure ainsi qu'une version courte de dix minutes.
Version longue des entretiens de Daniel, Marc et Myriam :
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