"Nous sommes tous en mutation" : Fabien Moine nous présente sa maison d'édition Exuvie
Éducateur de santé depuis plus de dix ans, en plus d'animer une chaîne YouTube depuis 2014, Fabien Moine a fondé sa propre maison d'édition : Exuvie. L'« Exuvie », c'est l'enveloppe que laisse un insecte après sa mue, nous explique-t-il. Aussi sa maison d'édition est-elle pensée pour nourrir les « mécanismes de transformation, les passages d'une étape à une autre. » Pour ce faire, Fabien Moine s'est d'abord concentré sur le sujet de la santé, de la médecine dite « intégrative » et du sport, pour ensuite élargir son éventail avec des sujets de société, notamment depuis la crise du Covid-19.
« On vit une époque trépidante »
Les éditions Exuvie, c'est pour lui l'occasion d'éditer ou de rééditer des ouvrages qui peuvent participer à la transformation du lecteur. « Nous sommes tous en mutation », nous assure-t-il. Cette crise, c'est une « vraie opportunité » de changement, qu'il saisit notamment pour réaliser un documentaire sur les soignants suspendus : « Avant, les soignants avaient peur de se faire taper sur les doigts par l'Ordre des médecins, maintenant qu'ils n'y sont plus ou qu'ils ne considèrent plus l'institution comme avant, ils me parlent. », nous rapporte-t-il.
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De manière plus globale, Fabien Moine nous assure que « le message que j'essaie de faire passer a trouvé un vaste écho grâce à la crise, car ce n'est pas qu'une crise sanitaire. » « Sans solidarité, le modèle d'Exuvie ne marche pas. », nous explique-t-il. Et pour cause ! Rémunération des auteurs à 11 % (au lieu de 5 ou 6 % habituellement), papier sulfuré éco-géré, circuit court et production française, ses marges sont réduites. « Je compte sur le soutien des gens pour acheter localement et directement afin de court-circuiter Amazon et consorts. », conclut-il.
La médecine « intégrative » en point nodal
Même idée de solidarité du côté de la santé. Faire collaborer plusieurs praticiens de santé au profit du patient, voilà la raison d'être de la médecine « intégrative » qui semble être la sources de ses réflexions. Comme avec le processus d'édition, tout est une question de collaboration. Il s'agit, nous dit-il, de « mutualiser les savoirs pour les mettre au profit d'une science globale. Certes, le praticien voit les limites de sa pratique, et ça frotte un peu son ego, mais c'est aussi une vision sociale. Être au profit de quelque chose qui est plus grand que soi-même. » Une vision de la médecine plus holistique qui, si elle n'exclut pas la chirurgie ou la médication, s'appuie davantage sur les savoirs parfois considérés comme « alternatifs » tels que la naturopathie, l'ayurveda ou l'aromathérapie.
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Dans la collection santé d'Exuvie, on trouve des ouvrages tels que La respiration pour la maîtrise de soi, de Leonardo Pelagotti, Comment se soigner et guérir aujourd’hui ?, d'Isaure Lamoureux, ou encore Ultra Finisher : Guide pratique pour trails du débutant à l’expert, d'Eric Bonnotte.
Fabien Moine imagine un autre système de santé : « Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui les vrais soignants sont démissionnaires du système, car ils n'ont plus le droit de prescrire. La médecine "intégrative", c'est tout le monde sur un pied d'égalité, même si chacun a tout de même sa spécialité. »
« Il ne faut pas montrer qu'une seule voie »
Selon lui, le système actuel, qu'il soit question de santé, de politique ou d'édition, est bloqué. Sur la concentration des médias, par exemple, il nous confie ne pas attendre « grand-chose des commissions d'enquête ». « C'est pour divertir un petit peu et faire croire à un semblant de démocratie. Il y a trop de conflits d'intérêts. », nous dit-il franchement. Et de poursuivre en explicitant sa vision des choses : « J'attends que le système s'effondre et que les gens abandonnent ce type de presse qui n'apporte rien. Ce que l'on peut attendre, c'est une démission des lecteurs : le boycott. [...] Il faut se tourner vers des sources d'informations plurielles et indépendantes, avec un esprit critique, même si l'on n'est pas d'accord avec la ligne éditoriale. Il ne faut pas montrer qu'une seule voie. Prenez le Salon du livre à Paris, tous les éditeurs régionaux ont été exclus. Alors qu'en mutualisant les réseaux de communications, on peut se faire grandir les uns les autres. »
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Finalement, la manière avec laquelle Fabien Moine mène sa maison d'édition reflète une pensée sociétale plus globale, qu'il ne cherche pas à cacher, au contraire. Bien qu'il nous rapporte avoir été quelques fois confronté à la censure, il maintient le cap : « Mon engagement politique se fera sur la santé. Je fais des rencontres formidables depuis un an et demi. Il faut rester en lien et trouver des recours au plus proche de chez soi. Agir plutôt avec son cœur qu'avec sa tête. »
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