Malgré des convictions au beau fixe, temps maussade pour la 14ème journée de mobilisation contre la loi retraites

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France-Soir
Publié le 06 juin 2023 - 19:50
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FS manifestation 6 juin
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Neyer Valeriano
S'agit-il de la dernière journée de mobilisation contre la loi retraites ?
Neyer Valeriano

REPORTAGE - Ce mardi 6 juin, à Paris, la mobilisation contre la réforme des retraites n'a pas atteint son niveau précédent. Si le traditionnel 1er Mai avait rassemblé un nombre record de manifestants, de nombreux mécontents ont renoncé à investir la rue pour cette 14ème journée de manifestation. Pour la fête des travailleurs, selon une source syndicale, près de 2,5 millions de personnes avaient défilé dans les grandes villes, dont 600.000 à Paris. Cette fois-ci, la CGT annonce "plus de 900.000 manifestants" en France (281.000 selon la Police), dont 300.000 à Paris (31.000 selon la Préfecture de Police de Paris) seulement. Il ne faut pas pour autant en déduire que la colère a reculé.


Malgré une belle météo au rendez-vous et l'appel de l'intersyndicale lancé hier en faveur de "l'amplification" du mouvement "contre la retraite Macron", certes, la contestation marque le pas.

Cela peut-il s'expliquer en partie par le calendrier lycéen et étudiant des examens, entre baccalauréat et partiels, qui a sans aucun doute pesé sur les effectifs de la jeunesse qui ont battu le pavé ? Ou par le poids financier, pour les salariés, de nombreuses journées non travaillées pour manifester, qui commence à se faire sentir ? Ou encore, par le peu de chances de voir battre en retraite la réforme ce 8 juin prochain au Parlement ? 

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet a indiqué la nécessité "de laisser le Parlement voter" pour éviter "une énorme anomalie démocratique". Laurent Berger, bientôt retraité de la CFDT, n'est pas optimiste concernant cet enjeu démocratique : "Ce n'est pas bien parti", déplore le leader syndical.

Du côté des politiques, si l'espoir d'un baroud d'honneur à l'Assemblée nationale est souhaité par la gauche et les députés LIOT, les réactions prennent en compte cette démobilisation manifeste.

"Le match est joué" mais "il ne faut plus les lâcher"

Selon le sénateur Bruno Retailleau (LR), "le match est joué". Jean-Luc Mélenchon (LFI) a annoncé que "la lutte continuera" néanmoins, contre la loi retraites, sans savoir exactement "sous quelle forme". Pour la députée Sabrina Agresti Roubache (RE), "les Français se disent qu'il faut savoir s'arrêter. Les gens, dans leurs vraies vies, sont déjà passés à autre chose."

Au sein du cortège parisien, les Français mobilisés laissent pourtant entrevoir une motivation intacte et des convictions rivées au corps. Selon une manifestante (les interviewés ont préféré garder l'anonymat, ndlr), cette manifestation est avant tout le moyen de s'exprimer "contre ce putsch qui nous a été fait", par "un gouvernement qui détourne les lois". Elle observe que "les services publics ont été démantelés" et se demande quel "électrochoc" il faudrait pour réveiller ses concitoyens.

Un manifestant considère qu'il s'agit là "de la dernière manifestation en Intersyndicale", "la CFDT a dit qu'elle allait arrêter". Mais une autre manifestante donne un sens différent à cette journée de contestation, plus ouvert et déterminé : "Je suis venue pour soutenir les politiques qui nous soutiennent" et refuser "cette dégradation de nos services publics", même si elle affirme aussi ne se faire "aucune illusion", à propos de l'éventualité d'un retrait de la loi.

Quelles autres formes la mobilisation pourrait-elle prendre à l'avenir ? Selon elle, des "casserolades" sont envisageables, mais aussi le fait "d'aller partout, aux conseils municipaux, ne rien laisser passer, il ne faut plus les lâcher". Ne rien lâcher, en somme.

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