Covid : l'obligation vaccinale pour les soignants divise les médecins

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Par Gabriel BOUROVITCH - Paris (AFP)
Publié le 03 mars 2021 - 20:56
Mis à jour le 04 mars 2021 - 12:42
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Un médecin injecte à un patient le vaccin AstraZeneca contre le Covid-19, le 26 février 2021 à Toulouse
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© Fred SCHEIBER / AFP/Archives
Un médecin injecte à un patient le vaccin AstraZeneca contre le Covid-19, le 26 février 2021 à Toulouse
© Fred SCHEIBER / AFP/Archives

Prioritaires pour la vaccination contre le Covid-19, les soignants ne se pressent pas pour en bénéficier, au point que certains médecins réclament d'en faire une obligation pour les professionnels de santé, que d'autres praticiens jugent contre-productive.

"On ne peut plus accepter que des personnels refusent la vaccination", a lancé le Pr François Chast mardi sur France Inter.

Pour cet ancien chef de la pharmacie de l'hôpital Necker (Paris), la piqûre "fait partie des bonnes pratiques", au même titre que "le port de la charlotte, du masque ou de la blouse pendant les soins".

Sachant que l'injection est potentiellement efficace pour limiter les contaminations, "si cette prévention n'est pas faite, elle devient une faute professionnelle", a-t-il asséné.

Le risque d'infection nosocomiale est en effet significatif: près de 27.000 patients ont attrapé le coronavirus à l'hôpital entre le 1er janvier 2020 et le 14 février 2021, selon Santé publique France, qui recense "186 décès liés".

Mais malgré la priorité accordée aux "héros en blouse blanche" depuis deux mois, l'objectif est encore loin d'être atteint. Dans les maisons de retraite (Ehpad) et les unités de soins de longue durée (USLD), moins de 200.000 professionnels ont ainsi reçu au moins une dose de sérum, soit 42% des effectifs.

"La couverture vaccinale des soignants est totalement insuffisante", a estimé le Pr Gilles Pialoux lundi sur France Info.

Plaidant pour "ouvrir le débat maintenant", le chef du service d'infectiologie de l'hôpital Tenon (Paris) a rappelé que ce ne serait "pas la première vaccination obligatoire" pour les personnels des hôpitaux et des Ehpad, déjà tenus d'être immunisés contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite et l'hépatite B.

Pour lui, la contrainte permettrait de surmonter "une défiance qui est celle d'une partie de la société", plus forte parmi "les personnels non médicaux, qui sont aussi plus jeunes". D'ailleurs, dans son établissement, 40% des médecins ont été vaccinés, contre seulement 20% des paramédicaux.

- "De l'ordre de l'éthique" -

Le problème n'est pas nouveau et se posait déjà chaque année pour la grippe, contre laquelle environ trois quarts des médecins, un tiers des infirmiers et un cinquième des aides-soignants étaient protégés durant l'hiver 2018-2019, selon Santé publique France.

Des chiffres qui ne font pas la distinction entre "des taux très bas" pour les salariés et des libéraux qui "se vaccinent beaucoup plus", autour de 60% d'après Daniel Guillerm.

Le président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) juge lui aussi qu'il ne serait "pas anormal d'inscrire le Covid à la liste des vaccins obligatoires" pour les soignants, au moins pendant la durée de l'épidémie.

"Je n'y crois absolument pas", rétorque Renaud Péquignot, président de la commission médicale des Hôpitaux de Saint-Maurice (Val-de-Marne).

Pour ce gériatre, cela serait "un obstacle de plus" pour recruter et pourrait "faire fuir" des personnels "qu'on n'a aucun moyen de retenir, avec leurs salaires ridicules".

Certains "ont peur du vaccin à cause de la 5G de Bill Gates, ça n'a aucun sens mais c'est leur choix", constate-t-il. Ces réfractaires "qui ne voudront jamais, on va faire quoi? On va se passer de leurs services?"

L'idée ne fait pas non plus recette chez les médecins libéraux. "Je n'aime pas les obligations", a indiqué Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, premier syndicat de la profession, considérant que la vaccination "est plutôt de l'ordre de l'éthique et de l'engagement professionnel".

Justement, les soignants "sont là pour soigner les gens, pas pour les contaminer", souligne Gérard Raymond, président de France Assos Santé, pointant une recrudescence des "clusters de Covid dans des hôpitaux".

"Comme l'a dit Emmanuel Macron, on est en guerre, donc il faut prendre des mesures assez coercitives", ajoute-t-il, "très favorable à une obligation momentanée" dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire.

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