Donald Trump signe un décret pour déclassifier les archives liées aux assassinats des frères Kennedy et Martin Luther King
Allons-nous (enfin) connaître la vérité sur l’assassinat du président américain John F. Kennedy ? En tout cas, “tout sera révélé”. Le président Donald Trump a ordonné jeudi 23 janvier 2025 la déclassification des archives du gouvernement, liées non seulement à cet événement marquant mais également aux assassinats de son frère, Robert F. Kennedy en 1968 ainsi que du leader des droits civiques, Martin Luther King Jr, tué la même année. “Beaucoup de gens attendent cela depuis des années, des décennies”, a rappelé le républicain, fraîchement investi à la Maison Blanche.
Le 22 novembre 1963. John Kennedy, président démocrate des États-Unis depuis 1960, prépare sa réélection. Pour sa tournée électorale au Texas, un Etat républicain, il a décidé de se rendre Dallas, bastion de la droite républicaine. Le cortège présidentiel traverse la ville puis, trois coups de feu sont tirés. Le 35e président des États-Unis, assis à l’arrière de la décapotable aux côtés de sa femme Jacqueline “Jackie” Kennedy, est assassiné.
Lee Harvey Oswald, employé du dépôt de livres scolaires, est rapidement arrêté et présenté comme le tireur isolé responsable de l'attentat. Cependant, deux jours plus tard, Oswald est lui-même assassiné par Jack Ruby, un patron de cabaret, dans les locaux de la police de Dallas.
“Tout sera révélé”
La Commission Warren, mise en place par le nouveau président Lyndon B. Johnson, conclut après un an d'enquête qu'Oswald a agi seul et que Ruby n'avait aucun lien avec lui. Néanmoins, ces conclusions ne convainquent pas l'opinion publique américaine, et des doutes persistent quant à la trajectoire des balles et aux circonstances de l'assassinat. Une vidéo amateur filmée par Abraham Zapruder, montrant le mouvement du président après le tir fatal, alimente les théories.
Dans les années suivantes, de nouvelles enquêtes sont menées, notamment par la Commission Church et le House Select Committee on Assassinations (HSCA). Ces investigations mettent en lumière des lacunes dans les enquêtes initiales et soulèvent la possibilité d'une conspiration, tout en confirmant certaines conclusions de la Commission Warren. Le contexte de la Guerre Froide et les tensions entre les États-Unis, l'Union soviétique et Cuba sont également évoqués comme facteurs potentiels dans cette affaire qui continue de fasciner et d'intriguer le public.
Ces comptes-rendus ne font qu’obscurcir les mystères et la déclassification des documents liés à l’assassinat n’apporte pas la lumière espérée. La Maison Blanche a dévoilé des milliers de nouvelles archives en 2017, en 2021 puis en 2022. A chaque fois, d'autres documents restent bloqués, sur demande de la CIA et du FBI. Bien que 99% des cinq millions de pages du dossier lié à l’assassinat de JFK soient accessibles à tous à en croire les Archives nationales, les documents déclassifiés ne permettent pas de résoudre, définitivement, la question de savoir si Lee Harvey Oswald a agi seul.
De nouveaux éléments ont bien été apportés depuis, comme le témoignage de Paul Landis, un ancien agent des services secrets et présent sur les lieux comme garde du corps, qui évoque la découverte d’une autre balle dans le véhicule présidentiel.
Robert Francis Kennedy Jr., neveu de John Kennedy et fils de Robert Francis Kennedy, assassiné à son tour en 1968 à Los Angeles (alors qu’il avait toutes les chances de remporter l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle), a sans cesse affirmé que la CIA était derrière le meurtre de son père et de son oncle. Il a évoqué des “preuves accablantes de l’implication de la CIA” et des indices « très convaincants »
Fin novembre, après sa victoire face à Kamala Harris, Donald Trump a réitéré sa promesse de campagne de rendre publics les derniers dossiers classés "top secret" dans les Archives nationales concernant l'assassinat de "JFK".
C’es désormais chose faite. "Tout sera révélé", a lancé le 47e président des États-Unis. "Beaucoup de gens attendent ça depuis des années, des décennies", a-t-il déclaré à la presse depuis son Bureau ovale à la Maison Blanche, où il a signé le décret. Plus de 50 ans après les assassinats des deux frères Kennedy et de Martin Luther King, "leurs familles et le peuple américain méritent la transparence et la vérité. Il est dans l'intérêt national de finalement rendre publiques toutes les archives liées à ces assassinats sans délai", y lit-on.
Les familles concernées réagissent
Il a instruit dans la foulée son conseiller de remettre le feutre utilisé pour la signature à Robert F. Kennedy Jr, désigné ministre de la Santé, fils de Robert F. Kennedy et neveu de John Kennedy.
Robert Francis Kennedy a d’abord été le ministre de la Justice de son frère. Il a été assassiné à Los Angeles le 5 juin 1968. Sénateur, il venait d'achever un discours à l'hôtel Ambassador quand il a été abattu par Sirhan Sirhan. Ce Palestinien émigré aux États-Unis purge encore une peine de perpétuité pour ce crime.
Quant à Martin Luther King, il a été assassiné le 4 avril 1968 par un ségrégationniste blanc, James Earl Ray, sur le balcon d'un motel de Memphis, où il était venu soutenir des éboueurs en grève. Ses enfants ont également exprimé des doutes sur la culpabilité de l’accusé, décédé en prison en 1998.
Des descendants de JFK ont réagi. Jack Schlossberg, le fils de Caroline Kennedy et unique petit-fils de JFK, a déclaré qu’il n’y avait "rien d'héroïque" dans le décret de Donald Trump. "La vérité est bien plus triste que le mythe – une tragédie qui n'avait pas lieu de se produire. Elle ne fait pas partie d'un grand complot inévitable", a-t-il écrit sur X. "La déclassification, c'est utiliser JFK comme un accessoire politique, alors qu'il n'est pas là pour riposter."
La famille de Martin Luther King Jr. a réagi de manière moins acerbe. Dans un communiqué, ils ont déclaré avoir appris la nouvelle de la déclassification et ont exprimé le souhait de pouvoir examiner les dossiers en famille avant leur publication publique, rappelant que l'assassinat de cette figure reste une perte personnelle profonde qu'ils endurent depuis 56 ans.
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