L'exécutif tente le vrai-faux confinement
Reconfinés, vraiment ? Un tiers des Français va être soumis à partir de samedi aux nouvelles restrictions décidées par l'exécutif, vues au mieux comme un "compromis" et au pire comme une solution insuffisante face à l'épidémie de Covid-19.
"Je crois que le mot confinement n'est pas adapté", a déclaré vendredi le président Emmanuel Macron, qui avait affiché fin janvier sa volonté d'éviter tout confinement.
"Ce qu'on veut, c'est freiner le virus sans nous enfermer", a-t-il dit en marge d'une rencontre à l'Elysée pour la Journée de la francophonie, au lendemain des annonces du gouvernement.
Les principales nouveautés sont la fermeture de nouveaux commerces, dits non essentiels, et l'accent mis sur le fait qu'on se contamine davantage à l'intérieur que dehors.
Seize départements vont être soumis pour au moins quatre semaines à ces nouvelles mesures, bien moins strictes que le premier confinement national d'il y a un an : les huit d'Ile-de-France, les cinq des Hauts-de-France, la Seine-Maritime, l'Eure et les Alpes-Maritimes. Soit 21 millions d'habitants, dont les 12 millions de la région parisienne.
Contrairement aux deux premiers confinements, les Français pourront sortir à l'extérieur "sans aucune limitation de durée", même si ce ne sera possible que "dans un rayon limité à 10 kilomètres" et avec une attestation, selon le Premier ministre Jean Castex.
Dans l'ensemble de la métropole, le couvre-feu est repoussé d'une heure, à 19H00.
"Il vaut mieux passer un peu de temps dehors plutôt qu'en intérieur avec d'autres personnes", où le risque de contamination est plus grand, a expliqué le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, vendredi sur RTL.
- "Confiner sans confiner" -
Par ailleurs, les déplacements interrégionaux seront interdits, sauf "motifs impérieux ou professionnels".
Comme avant les autres confinements, nombre de Franciliens semblent avoir voulu quitter la région avant qu'elle se referme: on comptait presque 400 km de bouchons cumulés vendredi en fin d'après-midi, selon le site d'information routière Sytadin.
En revanche, écoles et collèges resteront ouverts comme à l'automne, mais les lycées basculeront en "demi-jauge".
Si de nouveaux commerces devront rejoindre bars et restaurants dans la liste des endroits fermés, ce ne sera pas le cas des librairies, disquaires et coiffeurs.
Selon M. Attal, un décret va préciser quels petits commerces pourront rester ouverts.
Enfin, le gouvernement insiste sur la nécessité de télétravailler au moins quatre jours sur cinq.
Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et franceinfo publié vendredi, seuls 56% des habitants des territoires concernés adhèrent à la mesure, considérée trop tardive et insuffisante.
"En refusant toute prise de décision forte fin janvier, l'exécutif se retrouve à la mi-mars obligé de durcir +mais pas trop+ les dispositions, en confinant sans confiner, avec une efficacité qui sera faible", a déploré le collectif de médecins Du côté de la science.
"C'est probablement un bon compromis entre les contraintes sanitaires et sociales et économiques", a pour sa part commenté sur France Inter Karine Lacombe, responsable du service des maladies infectieuses à l'hôpital parisien Saint-Antoine.
"Ce reconfinement (...) aura évidemment des conséquences sur les entreprises et sur le moral des entrepreneurs et des salariés des régions concernées", a redouté le Medef.
Cela n'empêche pas le gouvernement de rester optimiste sur la reprise: le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, a confirmé la prévision d'une croissance de 6% cette année.
- Castex vacciné -
Ces mesures ont été rendues nécessaires par la dégradation rapide de la situation sanitaire, contrairement à ce qu'espérait Emmanuel Macron.
La France a enregistré jeudi près de 35.000 nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures et la pression sur les services de réanimation augmente, avec 4.246 patients (nouveau pic depuis fin novembre). Plus d'un quart sont hospitalisés en Ile-de-France.
"Ce type de confinement à lui tout seul ne permettrait probablement pas de juguler l'épidémie telle qu'on l'a maintenant. Mais on a la promesse du vaccin", a espéré Karine Lacombe.
Pour l'instant, près de 6 millions de personnes ont reçu au moins une injection, dont 2,4 leurs deux doses, selon le ministère de la Santé.
Après quatre jours de suspension, la Haute autorité de santé (HAS) a donné son feu vert à la reprise "sans délai" de la vaccination avec AstraZeneca, mais a recommandé de le réserver aux 55 ans et plus.
En effet, les graves (et rares) troubles de la coagulation pour lesquels on soupçonne un lien avec ce vaccin ont essentiellement été observés chez des moins de 55 ans en Europe, avec trois cas en France selon la HAS.
Cette barre des 55 ans n'a pas empêché M. Castex (56 en juin) de se faire injecter une première dose d'AstraZeneca.
L'objectif était de rassurer les Français sur le vaccin, mais ce n'est pas gagné d'avance. Selon le sondage Odoxa, 56% des Français ne veulent pas ou plus se le faire injecter.
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