Macron emploie la méthode forte pour imposer la vaccination

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Par Anne RENAUT - Paris (AFP)
Publié le 12 juillet 2021 - 06:00
Mis à jour le 13 juillet 2021 - 00:56
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Emmanuel Macron, lors d'une allocution télévisée depuis L'Elysée, le 31 mars 2021
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© Ludovic MARIN / AFP/Archives
Emmanuel Macron, lors d'une allocution télévisée depuis l'Elysée, le 31 mars 2021
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Emmanuel Macron a mis lundi les non-vaccinés sous haute pression en imposant le pass sanitaire à l'entrée de la plupart des lieux publics et en rendant la vaccination obligatoire pour les soignants et ceux au contact des personnes fragiles, sanctions à la clef.

La vaccination à tout prix: plus que jamais le chef de l'Etat en fait "l'atout maître" pour faire face à "la reprise forte de l'épidémie qui touche tous les territoires" avec le variant Delta. Car "plus nous vaccinerons, moins nous laisserons d'espace au virus" et "c'est donc une nouvelle course de vitesse qui est engagée", a justifié Emmanuel Macron, s'exprimant non pas à l'Elysée mais au Grand Palais éphémère, au pied de la Tour Eiffel.

A neuf mois de la présidentielle, il a annoncé plusieurs mesures radicales pour éviter une quatrième vague de malades dans les hôpitaux.

L'outil privilégié est le pass sanitaire (preuves de vaccin ou d'un test PCR négatif), dont l'usage sera progressivement étendu dans les prochaines semaines. A partir du 21 juillet, il sera nécessaire pour pénétrer dans des "lieux de loisirs et de culture" comme les cinémas.

Dès le début août, le pass sanitaire deviendra obligatoire pour entrer dans les cafés, les restaurants, les centres commerciaux, y compris pour le personnel, mais aussi dans les avions, trains ou autocars de longs trajets, ainsi que pour les établissements médicaux.

Ce pass est déjà en vigueur pour les lieux accueillant plus de 1.000 personnes, notamment les stades, et les discothèques recevant plus de 50 personnes.

Puis, à l'automne, les tests PCR "de confort" seront payants, sauf prescription médicale, alors qu'ils sont actuellement gratuits, a annoncé Emmanuel Macron lors de cette 8e allocution télévisée depuis le début de la crise.

Comme l'ont réclamé de nombreux experts et responsables politiques, la vaccination deviendra obligatoire pour les personnels soignants et non soignants des hôpitaux, cliniques, Ehpad et maisons de retraite, les professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées, y compris à domicile, ainsi que les pompiers ou les ambulanciers.

Au total, un peu plus de 4 millions de personnes sont concernées dont 1,5 ne sont pas vaccinées, a précisé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

Les personnes concernées "auront jusqu'au 15 septembre pour se faire vacciner" et, après cette date, seront mis en oeuvre "des contrôles et des sanctions", a prévenu Emmanuel Macron.

Et le ministre de la Santé Olivier Véran d'enfoncer la seringue: "A partir du 15 septembre, si vous êtes soignant et que vous n'êtes pas vacciné, vous ne pourrez plus travailler et vous ne serez plus payé".

- Hausse des rendez-vous -

Résultat immédiat: le site Doctolib a tweeté que "20.000 rendez-vous" de vaccination étaient pris "toutes les minutes", avec 10 minutes d'attente pour accéder au site. Par anticipation, 212.000 personnes avaient déjà pris rendez-vous dans la journée pour une première injection ce week-end, déjà "un record" depuis un mois et "jusqu'à 40% de plus que les week-ends précédents".

Le chef de l'Etat a également annoncé que "des campagnes de vaccination" seraient organisées "dès la rentrée" pour les collégiens, lycéens et étudiants.

Par ailleurs, une campagne de rappel des personnes vaccinées les premières, en janvier et février, démarrera également à partir de "début septembre".

Pour que l'ensemble de ces mesures soient appliquées "le plus vite possible", selon un parlementaire, le Parlement siégera en session extraordinaire à partir du 21 juillet.

Après avoir été consultées par le gouvernement, les forces politiques ont approuvé la vaccination obligatoire pour les soignants, à l'exception du RN et LFI, plus réticents. "En rendant obligatoire le vaccin pour les soignants puis le pays sous forme de généralisation progressive du pass sanitaire, Emmanuel Macron dessine une société du contrôle et de la discrimination généralisée", a dénoncé le député LFI Eric Coquerel.

En nette baisse depuis des semaines, le nombre de contaminations par jour est récemment reparti à la hausse, à plus de 4.200 dimanche. Il pourrait monter "au-dessus de 20.000 début août si nous n'agissons pas", a mis en garde dimanche le ministre de la Santé.

Le nombre de patients malades du Covid-19 en soins critiques, qui reçoivent les cas les plus graves, était en légère hausse lundi par rapport à la veille, à 957, soit 10 de plus que dimanche, mais loin des quelque 6.000 patients atteint au pic de la troisième vague fin avril.

- réformes relancées -

Soucieux de se projeter au-delà de la crise sanitaire, qui entrave son action depuis un an et demi, Emmanuel Macron a annoncé une remise en route de ses réformes.

A commencer par l'entrée en vigueur dès le 1er octobre de la réforme de l'assurance-chômage qui durcit l'accès aux allocations, déjà actée mais dont la mise en oeuvre est repoussée depuis un an.

Cette entrée en vigueur correspond à une "volonté simple", a-t-il résumé: "On doit toujours bien mieux gagner sa vie en travaillant qu'en restant chez soi, ce qui n'est actuellement pas toujours le cas".

Il a aussi annoncé la prochaine création d'un revenu d'engagement" pour les jeunes sans emploi ni formation qui "sera fondé sur une logique de devoirs et de droits".

Autre réforme en chantier: celle très controversée des retraites qui "sera engagée dès que les conditions sanitaires seront réunies", a-t-il déclaré en demandant au gouvernement de "travailler avec les partenaires sociaux sur ce sujet à la rentrée".

Il a enfin dit vouloir réinscrire la France "dans une trajectoire de plein emploi" et annoncé que le gouvernement prévoyait une croissance de 6% en 2021, "en tête des grandes économies européennes" pour rebondir après la crise du Covid-19.

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