Agriculture : un nouveau président pour le syndicat majoritaire FNSEA
Le puissant syndicat agricole FNSEA, qui a l'oreille des dirigeants politiques depuis 77 ans, élit jeudi sa nouvelle équipe dirigeante. Le céréalier et patron du géant des huiles Avril, Arnaud Rousseau, est attendu à sa tête.
L'annonce officielle doit tomber vers 13h00, quand les administrateurs du syndicat majoritaire auront élu les nouveaux membres du bureau, dont le nouveau président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Arnaud Rousseau, 49 ans, est le seul candidat dans une organisation attachée à afficher un collectif uni, indépendamment des tiraillements internes.
Ce producteur de grandes cultures (colza, tournesol, blé, betterave, maïs) de Seine-et-Marne est aussi président du groupe Avril (près de sept milliards de chiffre d'affaires en 2021), un géant des huiles doublé d'une société d'investissement, plus connu du grand public pour les marques Lesieur et Puget, aussi actif dans les agrocarburants et l'alimentation des animaux d'élevage.
À la FNSEA, il était jusqu'ici premier vice-président, chargé des négociations sur la répartition des neuf milliards d'euros annuels des fonds européens de soutien à l'agriculture française (la politique agricole commune ou PAC). La double casquette de dirigeant syndical et homme d'affaires avait été reprochée à Xavier Beulin, président de la FNSEA (2010-2017) et du groupe Avril jusqu'à son décès soudain en 2017.
Arnaud Rousseau avait succédé à M. Beulin à la tête d'Avril. Et l'éleveuse de porcs Christiane Lambert avait pris la présidence de la FNSEA. Elle a incarné le syndicat patronal pendant six ans avant d'annoncer, fin 2022, qu'elle ne souhaitait pas faire un troisième mandat. Mme Lambert reste présidente du Copa, la principale organisation de défense des intérêts des agriculteurs au niveau européen.
"Offensive"
Dans un courrier adressé aux responsables du syndicat en forme de profession de foi, M. Rousseau avait dit sa volonté de "sortir [la FNSEA] d'une posture de 'citadelle assiégée'". Le syndicat est en première ligne pour dénoncer les interdictions, sans alternatives, de pesticides ou défendre les bassines de stockage d'eau du Marais poitevin.
Arnaud Rousseau prône une "agriculture offensive, ouverte au dialogue, qui explique les difficultés de son quotidien mais qui refuse de se laisser enfermer par les idéologies, les violences inacceptables, et les sirènes de la décroissance".
Au sein de la FNSEA, "il est important d'éviter l'affrontement entre deux blocs", éleveurs contre céréaliers, selon le secrétaire général Jérôme Despey, qui ne se représente pas à ce poste. Le nom du syndicaliste qui lui succédera sera aussi connu jeudi. "Il ne faut pas que la FNSEA soit seulement l'association des céréaliers", avait mis en garde l'académicien Erik Orsenna, membre du "comité des parties prenantes" du syndicat, lors de son récent congrès annuel.
L'écrivain, qui a notamment publié "Cochons. Voyage aux pays du vivant", avait souligné croire en "la nécessité absolue d'avoir une classe moyenne dans l'agriculture", secteur marqué par une forte disparité de revenus. Ceux des céréaliers, déjà parmi les plus élevés de la profession agricole, ont bénéficié de la flambée des cours dans le sillage de la guerre en Ukraine.
M. Orsenna avait tempéré ses propos par une pirouette : "En France on adore le pain, on déteste les céréaliers, on est où là ?"
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