A Albi, la longue route vers l'autosuffisance alimentaire

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Par AFP
Publié le 19 juillet 2017 - 14:04
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La cathédrale Sainte-Cécile, symbole de la ville d'Albi (Tarn) qui s'est fixée l'objectif d'atteindr
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© REMY GABALDA / AFP
La cathédrale Sainte-Cécile, symbole de la ville d'Albi (Tarn) qui s'est fixée l'objectif d'atteindre l'autosuffisance alimentaire à l'horizon 2020
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Une ville moyenne peut-elle atteindre l'autosuffisance alimentaire, en s'approvisionnant uniquement dans un rayon de 60 km ? C'est l'objectif que s'est fixée Albi, dans le Tarn, à l'horizon 2020, avec l'idée de développer l'agriculture urbaine et les circuits courts.

Alors que s'ouvrent jeudi les "Etats généraux de l'alimentation" à Paris, le projet de cette commune d'un peu plus de 50.000 habitants fait figure de précurseur, mais il peine à démarrer et certains y voient surtout un "coup de com'" de l'équipe municipale.

Lancé début 2015 avec un budget de 300.000 euros sur cinq ans, il vise à multiplier les jardins partagés, à installer des maraîchers en ville et à construire des "réseaux de proximité" dans le département.

"On nous dit: on sera 9 milliards en 2050 et 70 à 80% de la population en ville", souligne Jean-Michel Bouat, maire-adjoint au développement durable et à l'agriculture urbaine, l'un des initiateurs du projet qui se définit comme "écolo-centriste" dans cette mairie divers droite.

"Si les élus aujourd'hui ne savent pas préserver des ressources agraires, des compétences de proximité, et provoquer une prise de conscience, on n'aura pas fait notre boulot", insiste-t-il.

Dans un cloître du centre-ville classé au patrimoine mondial de l'Unesco, entre les bâtiments de l'Université Champollion et dans certaines écoles, des plates-bandes se sont remplies de légumes et de fruits à l'initiative de l'association les "Incroyables comestibles", qui promeut l'agriculture urbaine participative.

En bordure du Tarn, la mairie compte racheter progressivement 70 hectares de la ZAD de Canavières pour y installer des agriculteurs bio qui, en échange d'un loyer très modéré, s'engagent à vendre dans un rayon de 20 km. Seuls 9 hectares ont été acquis et 4 maraîchers installés pour l'instant.

Ainsi Jean-Gabriel Pelissou, un ancien paysagiste, s'est lancé en juillet 2016 sur 1,3 hectare en permaculture et agroforesterie. "Ce qui est hyper important, c'est de sensibiliser les gens à consommer mieux", estime-t-il, debout au milieu des œillets et des plans de courges qui tapissent depuis peu ses terres, dont il compte vivre bientôt.

- "Pipeau" -

Mais la mairie ne peut pas fournir de bilan chiffré de la production ou de la consommation dans un rayon de 60 km: un comité de pilotage vient d'être installé en janvier pour le réaliser, et, à terme, construire un Projet alimentaire territorial (PAT).

"L'autonomie, ça veut dire globalement réorganiser les filières: on serait par exemple largement autonome en lait aujourd'hui, le souci c'est qu'il est vendu à des coopératives qui le vendent hors du département", explique Eric Gaillochon, directeur du lycée agricole de Fonlabour, qui gère deux exploitations et un chantier d'insertion en circuit court. "C'est un travail de longue haleine", insiste-t-il.

"C'est de la peinture verte sur une mairie de droite", tranche au contraire Pascal Pragnère, conseiller municipal EELV. "Pour nourrir 50.000 habitants [en bio], il faut 600 hectares de maraîchage" et "sur tout le département, on a moins de 300 hectares", lance-t-il d'emblée.

"Viser l'autonomie alimentaire" c'est "très bien" mais "c'est la façon dont on le fait qui est du pipeau", poursuit-il.

"Ils ont la volonté de faire de la com' pour être réélus", balaye aussi Fabien Lacoste, conseiller municipal socialiste.

Sur cette absence de chiffrage, M. Bouat réplique que lancer une étude préalable aurait pu enterrer le projet. Il reconnaît que le foncier est "le nerf de la guerre": "Je cours après les terres", assure-t-il.

Selon lui, en 2020, la ville sera "en route vers" l'autosuffisance alimentaire: il reconnaît que le choix de cette date était plus "communicant" que réaliste.

"Il y a une vraie volonté politique" mais "elle n'a pas été dotée des moyens correspondants" depuis deux ans et demi, regrette Henri Bureau, membre des Incroyables comestibles au niveau national et lui aussi à l'origine du projet.

"On est dans le brouillard, mais on va sortir du brouillard", affirme-t-il. "C'est évident que c'est une utopie, mais ce sont les utopies qui font avancer le monde. Moi, ce qui m'intéresse, c'est que les gens se mettent en route".

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