Amendes requises au premier procès des décrocheurs de portraits de Macron

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Par AFP - Bourg-en-Bresse
Publié le 28 mai 2019 - 19:20
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Un militant décroche un tableau d'Emmanuel Macron dans la mairie du XIXe, le 24 mai 2019 à Paris
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© Alain JOCARD / AFP
Un militant décroche un tableau d'Emmanuel Macron dans la mairie du XIXe, le 24 mai 2019 à Paris
© Alain JOCARD / AFP

Des peines de 1.000 à 2.000 euros d'amende ont été requises mardi au premier procès des décrocheurs de portraits d'Emmanuel Macron, qui ont plaidé la "nécessité" d'agir pour le climat en réponse aux accusations de vol.

Des affiches avaient été placardées dans les rues de Bourg-en-Bresse par le collectif militant ANV-Cop21, auquel ils appartiennent, pour annoncer un "procès de l'inaction climatique" du gouvernement.

Six prévenus de 36 à 63 ans, deux femmes et quatre hommes, étaient poursuivis devant le tribunal correctionnel de la ville pour "vol en réunion et par ruse" ; cinq d'entre eux comparaissaient aussi pour avoir refusé un prélèvement d'ADN lors de l'enquête.

A la barre, les profils sont divers: prof de maths, cadre SNCF, consultante pour des ONG, retraité du cadastre, maraîcher bio ou futur restaurateur. Mais tous partagent une même inquiétude pour l'avenir de la planète, qui les a poussés à l'action le 2 mars à Jassans-Riottier, une petite commune de l'Ain.

Ce jour-là, deux d'entre eux se font passer pour un couple et demandent à visiter la mairie pour un mariage. Mais une fois la salle du conseil ouverte par la secrétaire, ils sont 13 au total à investir les lieux pour "réquisitionner" la photo présidentielle.

Les prévenus revendiquent "une action de désobéissance civile non violente". "On a décroché le portrait de Macron parce que l'État a décroché de ses engagements" environnementaux, argumente Hélène Lacroix-Baudrion.

Leurs avocats avaient prévu trois témoins, dont le directeur général de Greenpeace France Jean-François Julliard et un chercheur du CNRS contributeur du GIEC, Wolfgang Cramer. Mais le tribunal a refusé qu'ils interviennent.

"Je ne suis pas là pour juger de la cause, mais de choses bien triviales", a fait valoir le président Hervé Blanchard, en posant souvent ses questions d'un air goguenard.

"Quelle est la nécessité de voler le portrait d'Emmanuel Macron à Jassans-Riottier pour sauver l'humanité ?", a ainsi demandé le magistrat. "Il fallait mener une action qui nous fasse entendre et il semble qu'on ait tapé plutôt juste", lui a répondu Nicolas Guerrini du tac au tac.

"Instrumentalisation", a dénoncé le procureur Éric Sandjivy, pour qui "on a utilisé une enceinte de justice pour faire passer un message alors qu'il y a d'autres lieux pour ça". "Ils ne sont pas ici de gaité de cœur", a rétorqué en défense Me Thomas Fourrey.

"Cette action, pour eux, c'était le dernier recours", a renchéri sa consœur Christelle Mercier.

Le maire de la commune, Jean-Pierre Reverchon, a réclamé à l'audience la restitution du portrait. Qui se fera si le gouvernement prend des mesures "à la hauteur" de l'urgence, d'après les prévenus.

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 12 juin.

Treize nouveaux décrochages sont intervenus mardi (en Gironde, au Pays Basque, à Paris, dans les Pyrénées-Orientales) "en soutien" aux prévenus, selon ANV Cop21, portant le total de portraits "réquisitionnés" à 53. L'objectif est de 125 d'ici la réunion du G7 fin août à Biarritz (Pyrénées-Atlantique).

125, soit le nombre de jours qu'il a fallu à la France en 2019 pour dépasser son empreinte écologique.

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