Au Venezuela, la bataille des "fake news" fait aussi rage

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Par AFP
Publié le 06 mai 2017 - 13:13
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Le président "Maduro est parti en exil !", la figure de l'opposition "Leopoldo Lopez est mort !" : les "fake news" sur la crise vénézuélienne se propagent sur les réseaux sociaux, renforçant la crispation, déjà à son comble.

Mercredi, un message sur Twitter d'un célèbre journaliste local assure que Leopoldo Lopez, un des opposants les plus célèbres, actuellement derrière les barreaux, a été transféré depuis sa prison vers un hôpital, "sans signe vitaux". Sa famille dit être sans nouvelle de lui depuis plus d'un mois.

Des milliers d'internautes répercutent le message, dont le sénateur républicain des États-Unis Marco Rubio, qui assure en avoir la confirmation.

Alors que la rumeur est en train de prendre de l'importance, un des plus hauts dirigeants vénézuéliens, Diosdado Cabello, diffuse une vidéo où l'on voit Lopez déclarant être en bonne santé et affirmant avoir été filmé le jour même.

Pourtant, de nombreux messages sur cette affaire continuent de circuler. Certains croient savoir que le gouvernement à propagé la nouvelle pour détourner l'attention des manifestations de l'opposition, où 36 personnes ont déjà été tuées depuis le 1er avril. D'autres assurent que ce sont les proches de l'opposant qui en sont à l'origine, dans le but d'obtenir une preuve de vie. Certains affirment encore que Lopez est mort.

"Le débat sur les +fake news+ est mondial, mais dans d'autres pays, il y a des références en matière d'information, crédibles, que nous avons cessé d'avoir au Venezuela. La désinformation est un terreau fertile pour la propagation" de fausses nouvelles, a déclaré à l'AFP Andrés Cañizales, chercheur à l'université catholique Andrés Bello.

- "Cyberterrorisme" -

Dans un pays où de nombreux médias sont sous le contrôle de l’État et où 61% des habitants ont accès à internet, beaucoup préfèrent s'informer sur les réseaux sociaux.

Sept Vénézuéliens sur dix y consacrent de 30 minutes à deux heures, selon l'ONG Espacio Publico.

Certaines télévisions limitent la diffusion des images des violentes manifestations exigeant le départ du président socialiste Nicolas Maduro, ce que le Syndicat de la presse qualifie de "régime de censure et d'autocensure".

Mais l'information vérifiée sur internet est concurrencée par de véritables "laboratoires de guerre et de cyberterrorisme", souligne la sociologue Maryclen Stelling.

Ainsi, le 20 avril, alors que des pillages dans un quartier populaire de Caracas font 11 morts, des vidéos montrant les supposées lumières du palais présidentiel de Miraflores sont diffusées, accompagnées de messages affirmant qu'il s'agit d'un système de camouflage "anti-aérien" et que le chef de l’État est en "fuite".

Les lumières en question étaient en fait celles d'un festival de théâtre sur une place adjacente.

"Il y a une saturation de l'information intentionnelle, alors vous interrompez tout jugement critique: vous ne savez plus ce qui est vrai et ce qui est faux. Vous faites le distinguo en fonction de votre bord politique", ajoute Mme Stelling à l'AFP.

- "Milice numérique" -

Conscients de la capacité d'influence des réseaux sociaux, "le gouvernement et l'opposition ont ouvert un nouveau front dans le cyberespace", poursuit la sociologue.

Maduro a ainsi mis sur pieds une "milice numérique" pour ouvrir des comptes Twitter, Facebook et Instagram à ceux qui n'en ont pas, tandis que l'opposition utilise ces mêmes canaux pour mettre en avant sa mobilisation.

Le président socialiste, qui compte 3,1 millions d'abonnés sur Twitter, a par exemple l'habitude de twitter en direct lors de son émission de télévision et de publier des photos sur Instagram.

Les dirigeants de l'opposition ne sont pas en reste. L'ancien candidat à la présidentielle Henrique Capriles, suivi par 6,6 millions d'abonnés sur le réseau à l'oiseau bleu, transmet toutes ses interventions en direct sur Periscope.

En dépit de la gravité de la crise, certains prennent la chose avec humour. Ainsi, le site satirique "El Chigüire Bipolar" a publié un guide pour ne pas être victime des "fake news".

"Souvent, nous partageons de faux articles car ils viennent confirmer nos propres croyances. Oui, vous madame, qui aimeriez diffuser cette information sur ces quatre vieilles qui ont désarmé un policier et l'on pendu tout nu, ne vaudrait-il pas mieux la vérifier avant ?", écrit le site.

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