Covid-19 : coup de torchon sur certains masques en tissu ?
A la poubelle, le masque à fleurs cousu par mamie? Face aux nouveaux variants plus contagieux du coronavirus, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) semble déconseiller certains masques en tissu pas assez filtrants, une mesure toutefois difficile à appliquer en pratique.
"A l'occasion de la pénétration en Europe de certains nouveaux variants (...), se pose la question de la catégorie des masques que l'on peut proposer dans la population générale", a déclaré lundi soir sur BFMTV Didier Lepelletier, un responsable du HCSP.
Il vaut mieux "porter un masque en tissu réutilisable de catégorie 1 plutôt que des masques de catégorie 2 qui filtrent un petit peu moins bien, voire des masques fabriqués de manière artisanale", a-t-il ajouté après la fuite dans la presse d'éléments d'un avis du HCSP.
Ces nouvelles recommandations ont été élaborées ce week-end à la demande du ministère de la Santé, qui peut les suivre ou non. Mais l'avis n'a pas encore été rendu public et on n'en connaît donc pas la teneur exacte.
"Je ne peux pas vous dire quand l'avis sera rendu public", a répondu mardi à l'AFP Franck Chauvin, président du HCSP, en indiquant seulement qu'il portait "sur les mesures à prendre face aux nouveaux variants".
Les masques en tissu ont été introduits fin mars comme une alternative grand public aux masques médicaux (chirurgicaux ou FFP2). Le gouvernement avait alors fait volte-face après avoir longtemps répété, sur fond de pénurie, que les masques étaient inutiles pour la population générale.
- Emballages -
Une note officielle du 29 mars 2020 définit plusieurs catégories de masques industriels en tissu. Ceux de catégorie 1 (ou UNS1, pour "usage non sanitaire 1") filtrent 90% des particules, contre 70% pour la catégorie 2 (UNS2), selon des normes élaborées par l'Afnor.
Interrogé mardi sur l'avis du HCSP, le ministre de la Santé, Olivier Véran a répondu: "restent valides tous les masques dont le pouvoir filtrant est supérieur à 90%".
Selon lui, cela concerne "la quasi-totalité des masques industriels", à savoir "les masques grand public de niveau 1".
"En revanche, le masque artisanal (...) n'offre pas nécessairement toutes les garanties nécessaires", a-t-il poursuivi sur France Inter.
Pour autant, les choses ne semblent pas aussi évidentes du point de vue du consommateur.
Dans un supermarché du centre de Paris, la majorité des masques en tissu vendus mardi étaient de catégorie 2. Le paquet de deux masques en tissu uni était vendu 3,99 ou 4,99 euros pour ceux de catégorie 2, et 4,40 euros pour ceux de catégorie 1.
Les masques en tissu à motifs étaient vendu 9,99 euros les deux, qu'ils soient de catégorie 1 ou 2.
Dans tous les cas, la catégorie ne figurait que sur les emballages ou la notice et pas sur les masques eux-mêmes.
- "Réalité" -
"Qui va faire la police des masques? Rien ne ressemble plus à un UNS1 qu'un UNS2 ou un masque artisanal", relève le Dr Michaël Rochoy, interrogé par l'AFP.
Ce généraliste a cofondé le collectif Stop-Postillons, qui a insisté très tôt sur l'utilité du masque contre le Covid-19.
Pour lui, différencier les catégories de masques se heurte "à un problème de réalité": "Soit on interdit les masques en tissu, soit on les autorise, il n'y a pas d'entre-deux. Faire des recommandations si elles sont inapplicables, ça n'a pas tellement de sens".
L'Autriche et la Bavière (avant peut-être l'ensemble de l'Allemagne) sont allées encore plus loin: elles ont imposé le masque FFP2, plus protecteur mais plus contraignant à porter, dans les transports et les commerces.
Ce "n'est pas forcément une bonne chose parce qu'on ne pourra pas contrôler" qu'ils sont "bien portés" et "adaptés à la morphologie du visage", a commenté le Pr Lepelletier sur BFMTV.
"Ca n'est pas supportable pour la population générale de porter des masques à 1 euro pièce à changer toutes les 4 heures", renchérit le Dr Rochoy.
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