Covid-19 : flambée des contaminations une semaine après le début du confinement
Avec près de 40.000 morts depuis le début de l'épidémie et une flambée du nombre de contaminations, le gouvernement appelle "plus que jamais" à respecter le confinement, afin de faire baisser la circulation du nouveau coronavirus.
Au moins 60.486 cas positifs au Covid-19 ont été comptabilisés entre jeudi et vendredi, selon Santé publique France (SpF), qui prévient que ce chiffre, pourtant record, est sous-estimé en raison d'un embouteillage informatique créant des difficultés dans la remontée des résultats de tests.
L'épidémie a également fait 405 morts à l'hôpital en 24 heures et, depuis mardi, 423 personnes sont décédées dans les établissements médico-sociaux, dont les Ehpad. Le coronavirus aura ainsi causé 39.865 décès en France depuis le début de l'épidémie.
Le Premier ministre Jean Castex a appelé à respecter "plus que jamais" le confinement, "de la manière la plus stricte possible", dans un entretien aux quotidiens régionaux du groupe Ebra à paraître samedi.
Estimant que les Français respectaient "globalement" les mesures de restriction, il a néanmoins déploré "une résistance de la part de gens qui veulent se rendre à leur travail et de certaines entreprises qui ne jouent pas le jeu". La ministre du Travail Elisabeth Borne a prévenu de son côté que les employeurs récalcitrants s'exposaient à des "sanctions".
"Nous devons freiner la propagation du virus vite et fort", avait prévenu jeudi le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, en soulignant que le nombre de tests positifs augmentait "plus vite" que celui des tests effectués.
"Face à l'amertume, à la fatigue, à la lassitude légitime, nous devons nous ressaisir et continuer à nous battre", a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran, tout en se disant lui aussi intimement convaincu que "le confinement est respecté par les Français".
- Moins d'élèves au lycée -
Le gouvernement n'a pas décidé d'imposer de nouvelles restrictions lors du traditionnel point hebdomadaire consacré à l'épidémie, comme la fermeture des lycées et des collèges réclamée par certains dans la communauté médicale.
En marge d'une visite dans une maison de retraite de Clamart (Hauts-de-Seine) vendredi, M. Véran a aussi exclu l'idée d'imposer un confinement aux plus vulnérables, comme les personnes âgées.
Mais face à une colère qui montait dans les établissements scolaires sur un protocole sanitaire jugé insuffisant, le ministère de l'Education nationale l'a renforcé en instaurant un minimum de 50% d'enseignement "en présentiel" pour chaque lycéen. Une mesure destinée à diminuer la promiscuité, via un accueil en demi-groupes, par niveau et en recourant au "travail à distance".
Le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a aussi annoncé une adaptation du nouveau bac cette année, notamment l'annulation des épreuves d'évaluation communes de première et terminale au profit du contrôle continu.
Pour diminuer la circulation des personnes à Paris, la livraison et la vente à emporter par les restaurants et bars, ainsi que la vente et la consommation d'alcool sur la voie publique sont désormais interdites de 22H00 à 6H00, une mesure qui entre en vigueur vendredi.
Devant un afflux massif de patients dans les hôpitaux et dans les services de réanimation, M. Véran a dressé jeudi, courbes à l'appui, l'hypothèse d'un confinement "bien respecté": le nombre de patients Covid-19 atteindrait un pic d'"environ 6.000" en réanimation, "une pression très forte sur notre système hospitalier", mais qui diminuerait ensuite.
- Opérations déprogrammées -
Au niveau national, 4.321 malades du Covid-19 se trouvaient en services de réanimation vendredi, sur une capacité totale et toutes pathologies confondues portée de 5.000 à 6.400 lits, et qui devrait bientôt passer à 7.500.
Mais cela passe par des fermetures de blocs opératoires et des déprogrammations d'interventions chirurgicales, a prévenu M. Véran.
Toutes les activités médico-chirurgicales non urgentes ont été ainsi déprogrammées dans les hôpitaux de Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
Plusieurs hôpitaux de la région Grand-Est ont procédé jeudi et vendredi à des transferts vers l'Allemagne de patients atteints du Covid-19 pour "anticiper tout risque de saturation", a appris l'AFP auprès de ces établissements, les premiers transferts vers l'étranger de cette deuxième vague de l'épidémie.
"On va vers de très, très grosses difficultés à l'hôpital. Je pense que dans dix jours, quand on va revenir dans les questions de choix, comment vous faites le tri (entre les patients), ça va être une autre histoire", prédit un ministre, sous couvert d'anonymat.
"Rien ne dit que dans 15 jours ça va s'infléchir", estime le président de la Commission médicale de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Rémi Salomon, qui s'inquiète depuis plusieurs jours du caractère selon lui "très léger" du confinement.
Mais l'impact des confinements sur le monde de travail risque d'être "dévastateur" en termes de santé globale et de fracture sociale, alertent aussi des acteurs de la santé au travail interrogés par l'AFP.
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