Covid-19 : la France déconfinée, les restaurants et la culture déconfits

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Par Alexandra DEL PERAL - Paris (AFP)
Publié le 15 décembre 2020 - 05:00
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des infirmières se préparent pour une campagne de dépistage du Covid-19 au Havre, Normandie, le 14 décembre 2020
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© Sameer Al-DOUMY / AFP
des infirmières se préparent pour une campagne de dépistage du Covid-19 au Havre, Normandie, le 14 décembre 2020
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Le déconfinement, mais pas pour tout le monde: la France est sortie mardi d'un deuxième confinement, remplacé par un couvre-feu nocturne depuis 20H00, mais restaurants et lieux culturels doivent rester fermés à cause d'une épidémie dont on ne voit pas la fin.

On ne peut pas "garantir" que les cafés, bars et restaurants "rouvriront le 20 janvier", a prévenu Jean Castex mardi matin sur Europe 1.

"Ça va dépendre de la façon dont nous aurons passé la période de fêtes" qui peut "être propice à une circulation accélérée" du virus si "nous n'étions pas collectivement responsables", a ajouté le Premier ministre.

Idem pour la culture: les "résultats" sanitaires ne sont "pas encore au rendez-vous" pour une reprise. "L'exception culturelle, ce n'est pas l'exception sanitaire", a résumé le Premier ministre.

Un discours difficilement audible par les deux secteurs.

Quelque 3.500 professionnels du monde de la culture ont manifesté à Paris, place de la Bastille et d'autres rassemblements ont eu lieu ailleurs en France.

"C'est la catastrophe, ça fait six mois que je ne travaille plus", a déclaré à l'AFP Martin, intermittent du spectacle de 27 ans. "Les théâtres sont frileux aussi à nous faire travailler car les décisions politiques changent constamment. Ce qui se passe est une mise à mort".

"Je suis empêché d'exercer mon art et j'en suis malheureux. J'ai besoin du public, le sentir heureux. Si je ne peux pas jouer alors je ne sers à rien...", a lancé l'acteur François Morel devant plusieurs dizaines de personnes réunies dans la soirée devant le théâtre de l'Atelier à Montmartre.

Ce combat est également mené devant les tribunaux: cinq théâtres parisiens ont saisi en urgence mardi soir le Conseil d'Etat via un "référé liberté", une procédure d'urgence. D'autres devraient suivre, notamment de la part des professionnels du cinéma.

- Sauter l'école -

Pour tenter de calmer la grogne, M. Castex a confirmé qu'une "rallonge de 35 millions d'euros" serait accordée au secteur de la culture et qu'un réexamen de la situation aurait lieu le 7 janvier.

Côté hôtellerie-restauration, plusieurs milliers de professionnels s'étaient rassemblés lundi à Paris au cri de "Laissez-nous travailler".

Les restaurateurs contestent le fait que leurs établissements soient d'importants lieux de contamination. Jean Castex a toutefois assuré qu'une étude scientifique réalisée en France allait être prochainement publiée, et qu'elle confirmait que "restaurants et cafés" étaient bien des lieux où l'on se contamine.

Rien ne change pour les restaurants et la culture mais les Français peuvent à nouveau se déplacer partout et sans attestation, après un mois et demi de restrictions.

La crise sanitaire est toutefois loin d'être finie. Conséquence: un couvre-feu a pris le relais du confinement.

Devant la gare Saint Lazare à Paris, de nombreuses personnes pressaient le pas à 19.30 pour prendre les derniers trains vers la banlieue avant le nouveau couperet.

"Je rentre chez moi au Blanc Mesnil. Je vais prendre le RER E puis le B. Je vais peut être arriver à 20h10. .. J'espère qu'il n'y aura pas de contrôle à la sortie de la gare", s'inquiétait Nacera Boufadene, assistante commerciale.

Sébastien, quadragénaire, rentrait chez lui à Bois Colombe, sans angoisse : "Je ne serai pas chez moi à 20h. Mais s'il y a aussi peu de contrôles que pendant le confinement, ça ira !".

Seule exception au couvre-feu: les déplacements seront autorisés durant la nuit de Noël, même s'il est recommandé aux Français de ne pas se réunir à plus de six adultes. Il faudra en revanche rester chez soi le soir du 31.

Pour limiter les risques de contamination avant les vacances qui commencent samedi, Jean Castex a suggéré que les enfants qui le peuvent n'aillent pas à l'école jeudi et vendredi, reprenant une idée du Conseil scientifique qui guide le gouvernement.

"Les absences de ceux qui voudraient se confiner 7 jours avant de retrouver leur famille seront tolérées. Ces absences doivent être signalées par avance à l'établissement", a indiqué le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer.

- Tests ou pas? -

Au-delà de l'école, le Conseil scientifique recommande "l'autoconfinement" pendant une semaine à ceux qui souhaitent passer des fêtes en famille, c'est-à-dire poser des congés ou télétravailler sept jours avant le 24 ou le 31 décembre.

Quant aux tests, ils doivent être faits si on est "symptomatique", pour savoir s'il faut s'isoler, rappelle le Conseil scientifique.

Pour la semaine écoulée, on enregistre une moyenne de 12.000 nouveaux cas positifs chaque jour, bien au-delà de l'objectif des 5.000 cas quotidiens fixé par l'exécutif. Mardi, ce chiffre s'est encore élevé à 11.500 cas.

Le nombre de patients en réanimation était de 2.871 mardi, contre 2.896 lundi. Et les hôpitaux comptaient 25.207 patients atteints du Covid-19, (242 de moins que la veille).

Depuis le début de l'épidémie, 59.072 personnes y ont perdu la vie.

Pour tourner la page de la crise, le monde compte sur les vaccins. Le plus avancé d'entre eux, celui de Pfizer-BioNTech, a déjà commencé à être administré au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis. En Europe, l'Agence européenne des médicaments (EMA) se réunira le 21 décembre pour se prononcer sur son autorisation.

Avant cela, le gouvernement français présentera sa stratégie de vaccination mercredi à l'Assemblée et jeudi au Sénat.

"Il y aura besoin de beaucoup de transparence, de clarté, de précisions, sur les doses, l'acheminement" et "qui pourra vacciner" a réclamé le député socialiste Boris Vallaud, qui a le sentiment que la France "est à la traîne".

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