Covid-19 : la France peut "basculer à tout moment"

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Par Paul RICARD - Paris (AFP)
Publié le 04 août 2020 - 14:36
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Des touristes au port de Saint-Pair-sur-Mer (Manche), le 3 août 2020
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© JOEL SAGET / AFP
Des touristes au port de Saint-Pair-sur-Mer (Manche), le 3 août 2020
© JOEL SAGET / AFP

"Nous pouvons basculer à tout moment": dans l'insouciance de l'été, la France n'est pas à l'abri d'une reprise incontrôlée de l'épidémie de Covid-19, avertit le Conseil scientifique qui guide le gouvernement, alors que les cas augmentent et que les restrictions et obligations se multiplient.

Dernière en date: le port du masque sera prochainement obligatoire à Paris, dans certaines zones très fréquentées, ont annoncé mardi la mairie et la préfecture de police de la capitale. La mesure pourrait entrer en vigueur dans les 48 à 72 heures.

Les lieux concernés restent à préciser, mais il pourrait s'agir des "berges de Seine, du canal, les marchés à ciel ouvert, éventuellement dse alentours des gares" (le masque est déjà obligatoire à l'intérieur) a indiqué Anne Souyris, adjointe (EELV) chargée de la Santé.

"Le virus circule de façon plus active, avec une perte accentuée des mesures de distanciation et des mesures barrières: l'équilibre est fragile et nous pouvons basculer à tout moment dans un scénario moins contrôlé comme en Espagne par exemple", a mis en garde mardi le Conseil scientifique.

"La France se trouve dans une situation contrôlée mais fragile", selon lui. Au-delà du court terme, l'instance juge toujours "hautement probable qu'une seconde vague épidémique soit observée à l'automne ou l'hiver".

Depuis ces dernières semaines, les autorités mettent en garde contre une possible aggravation, à la lumière d'indicateurs en hausse: la semaine du 20 au 26 juillet, le nombre de nouveaux cas confirmés a connu une augmentation de 54% et la barre des 1.000 nouveaux cas par jour a été dépassée.

En outre, le nombre de malades du Covid-19 hospitalisés en réanimation a connu mardi sa deuxième augmentation consécutive (17 cas de plus depuis vendredi, pour un total de 388), rompant avec la tendance à la baisse observée depuis avril.

- Plans de prévention -

Face à ce constat, après l'obligation du masque dans les lieux clos dont les commerces, le 20 juillet, le gouvernement a permis aux préfets de l'imposer à l'extérieur s'ils le jugent nécessaire. C'est le cas en Mayenne, où le virus est très présent, dans certaines zones de Nice, Toulouse et de la métropole lilloise, et certains lieux de Haute-Savoie. Et désormais bientôt de Paris.

"Il importe de continuer à respecter les gestes barrières, de porter le masque, de se laver régulièrement les mains au gel hydroalcoolique, de faire attention", a quant à lui déclaré le président de la République, Emmanuel Macron, en visite à Toulon.

L'objectif est aussi d'éviter un reconfinement généralisé, aux effets socio-économiques terribles: "La réponse à cette probable deuxième vague (à l'automne ou à l'hiver) devra être différente de la réponse à la première", souligne le Conseil scientifique.

Ses membres demandent aux autorités des "plans de prévention" axés notamment sur les vingt plus grandes métropoles: "Un +confinement local+ plus ou moins important en fonction de l'épidémie doit faire l'objet d'une préparation dans ces zones à forte densité".

Il déplore également des "lenteurs" dans la stratégie consistant à tester, tracer et isoler les cas positifs, et préconise d'améliorer "l'accès aux tests", dont les délais sont trop longs.

- "Alarmisme" ? -

Sur la place Saint-Pierre, à Toulouse, peu de gens étaient au courant mardi du port du masque obligatoire dans ces zones à partir de mercredi.

"On aurait pu l'éviter (le port du masque, NDLR)", estime Pierre Lebossé, 84 ans, casquette "Tour de France", short à fleurs, claquettes, mais pas de masque.

"Dans les espaces publics, en laissant un mètre de distance entre les gens, il ne risque pas de se passer grand-chose. Ce bestiau-là (le Covid-19) ne m'inquiète pas plus que cela. On en a vu d'autres", dit-il.

"Bien sûr que j'ai peur de la deuxième vague!", estime au contraire Marcelle Rousseau, une septuagénaire rencontrée à Paris. "Je porte le masque dès que je sors. Je vois beaucoup de jeunes qui ne le font pas. Ça m'inquiète..."

"Je ne sais pas ce que cherche le Conseil scientifique, s'il cherche à prendre le pouvoir en France ou à faire peur", s'est emporté mardi soir Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) sur BFMTV.

"Ce qu'on mesure sur le terrain, c'est qu'il y a quelques foyers (...) On n'est pas du tout dans le même schéma que ce qu'on a vécu en février-mars: le niveau scientifique a augmenté, on sait comment faire", assure-t-il.

Certains scientifiques appellent également à mettre en perspective les données chiffrées.

"S'il y a 1.000 cas par jour, c'est parce que le virus circule et c'est normal. L'épidémie est maîtrisée, si jamais on se fait dépasser, on le saura très en avance", a récemment affirmé à l'AFP Yonathan Freund, professeur de médecine d'urgence à la Pitié-Salpêtrière à Paris, qui s'élève contre un excès "d'alarmisme".

L'épidémiologiste Antoine Flahault, lui, pointe une hausse de "l'anxiété" depuis la fin du confinement: "Elle conduit à faire glisser progressivement de l'objectif initial (éviter l'engorgement des services de réanimation) vers un objectif de suppression de la circulation du virus au niveau le plus bas possible".

"On passe d'un risque qui était jugé acceptable et que l'on cherchait à contrôler à une doctrine du risque zéro", dit-il à l'AFP.

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