Covid-19 : les hôpitaux toujours confrontés au manque de lits et d'effectifs
Manque de lits et sous-effectifs chroniques: les hôpitaux sont toujours souffrants à l'heure où affluent vers eux de nouveau des malades du Covid-19, notamment en réanimation.
Actuellement, la France dispose d'environ 5.000 lits dans les services de réanimation. Un peu plus de 1.200 sont aujourd'hui occupés par des malades du Covid. Rien à voir avec le mois d'avril où l'on a pu atteindre jusqu'à 7.000 patients en soins critiques, mais les services se remplissent rapidement.
Respirateurs et médicaments indispensables à la réanimation (curares, hypnotiques) ont été stockés pour permettre la prise en charge de 29.000 malades au total, a annoncé dimanche le ministre de la Santé Olivier Véran.
Mais aucune ouverture immédiate de lits, que ce soit en réanimation ou ailleurs, n'a été annoncée. Les 4.000 lits à la demande promis par les accords du Ségur ne sont pas encore arrivés dans les services. Or en 2019, 3.400 lits au total avaient été fermés, 100.000 en 20 ans.
Depuis le printemps, aucune ouverture pérenne n'a par exemple été effectuée en Île-de-France où le taux d'occupation des 1.200 lits de réanimation par les patients atteints de Covid-19 atteignait jeudi 35,3% (le seuil critique étant fixé à 30%). Selon l'ARS, les services de réa disposent de 100 lits de plus qu'avant la crise sanitaire mais ce sont des lits empruntés à d'autres services pendant la première vague et non rendus.
"On se sent trahi. Le gouvernement reste sourd aux besoins. Pour 1.000 habitants, la France a 5,9 lits de réanimation, l'Allemagne en a 8. Pour 1.000 habitants, la France a 10 infirmières, l'Allemagne 13... ", s'indigne auprès de l'AFP Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI).
Interpellé sur le sujet dimanche, Olivier Véran a mis en avant le fait qu'on ne peut pas construire "des unités de réanimation du jour au lendemain" et que l'hôpital est capable "d'avoir des activités modulaires et de changer une activité en une autre".
- Postes vacants -
"Ce que nous devons faire, c'est empêcher les gens d'aller en réanimation, il est là l'enjeu!", a martelé le ministre en faisant allusion aux mesures de restriction mises en place par le gouvernement pour lutter contre la progression du virus.
Transformer blocs opératoires et salles de réveil en unités Covid permettrait de débloquer jusqu'à 12.000 lits simultanément "si c'était nécessaire", a-t-il assuré.
Mais cela impliquerait à nouveau de reporter des opérations chirurgicales. La direction de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé dès la semaine dernière y être déjà contrainte. Même constat à Marseille.
L'absence d'ouverture de lits n'est pas la seule source d'exaspération des soignants. Car de toute façon, certains lits "restent fermés faute de personnel dans les hôpitaux, voire dans des services accueillant des patients atteints de Covid", alerte le Collectif inter-hôpitaux.
Si la France a, sur le papier, environ 5.000 lits de réa, selon un document du Conseil national professionnel médecine intensive réanimation cité par Le Figaro, 500 à 600 sont en permanence fermés par manque de personnel.
En septembre 2020, 450 postes étaient vacants dans les établissements de l'AP-HP (contre 950 en mars), selon l'établissement public qui indique vendredi avoir réalisé "1.371 recrutements de personnels infirmiers avec des prises de poste entre août et décembre 2020" et que le processus n'est pas terminé.
"Pour recruter il faut: 1- revaloriser les salaires 2- de meilleures conditions de travail 3- des effectifs adaptés à la charge de travail. Le Ségur de la santé répond en partie (au point) 1, très peu à 2 et 3", a tweeté jeudi Rémi Salomon, président de la commission médicale de l'AP-HP.
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