Crise ouverte chez LR : Wauquiez propose des "états généraux"
Laurent Wauquiez a proposé lundi soir la tenue à la rentrée "d'états généraux" pour conjurer le risque d'une "disparition" de son parti Les Républicains, au lendemain d'une déroute historique aux élections européennes qui l'a fortement fragilisé.
Après avoir réalisé le plus mauvais score de la droite sous la Ve République (8,48%), le patron de LR devait "absolument prendre une initiative politique", selon un de ses soutiens. Lors d'un bureau politique réuni au siège du parti, il a mis sur la table sa proposition d'organiser des "états généraux" lors desquels il entend "tout remettre à plat sur les valeurs, le projet, le fonctionnement et la stratégie d'alliance".
Sa proposition n'a "pas rencontré d'objections", selon son entourage. Quelques participants, dont Eric Woerth et Valérie Pécresse, ont posé la question de "l'incarnation", c'est-à-dire du maintien de M. Wauquiez à la tête du parti, mais en laissant "juge" l'intéressé.
La tête de liste LR, François-Xavier Bellamy a "demandé pardon" pour le résultat catastrophique réalisé dimanche.
Lors de ces états généraux, "chaque sensibilité devra pouvoir s'exprimer, il faut pouvoir associer tous ceux qui le souhaitent, même ceux qui sont extérieurs aux Républicains", a assuré M. Wauquiez, souvent critiqué depuis son élection en décembre 2017 pour sa ligne droitière et sa gouvernance jugée "solitaire".
"C'était un bureau politique en forme de trève. Chacun a compris que le danger était mortel pour le parti", a expliqué un dirigeant.
La pression était maximale sur les épaules de M. Wauquiez. Valérie Pécresse avait déclaré dans la matinée qu'à la place de M. Wauquiez, elle démissionnerait de la présidence.
Mais à la sortie du bureau politique, Mme Pécresse a simplement évoqué "une plate-forme commune de la droite et du centre", appelant Gérard Larcher à être un "trait d'union".
Le président du Sénat était absent, de même que le président des sénateurs LR Bruno Retailleau.
"Il faut que tout change pour que ne rien ne change", a ironisé l'ancien patron du parti Jean-François Copé, qui dans la journée avait jugé "intenable" la situation et évoqué un "rejet massif" des dirigeants du parti.
Le président de la région Sud Renaud Muselier a de son côté proposé une "commission de rénovation" qui serait dirigée par Gérard Larcher. Fin de non-recevoir au sommet de LR. "Un modèle façon triumvirat 2014 (lors du départ de M. Copé, NDLR) a déjà prouvé sa nocivité", a réagi un soutien du patron de LR auprès de l'AFP.
- "Big bang" -
Quatrième, et sous la barre des 10%, l'héritier du parti gaulliste est à son étiage le plus bas. En dessous des 12,84% réalisés par Nicolas Sarkozy lors des européennes de 1999 qui avait quitté son poste le lendemain du scrutin.
La débâcle est nette dans des bastions de droite. Dans le XVIe arrondissement de Paris, où François Fillon avait réalisé 58,45% en 2017, LR a rassemblé 24,22% des suffrages exprimés, contre 46,10% pour La République en Marche.
"On a une droite qui est prise en étau, dans l'amplification du big bang électoral de l'élection présidentielle", a relevé le directeur général adjoint de l'Ifop Frédéric Dabi sur CNews. "Il y a eu une sorte de vote utile ou efficace d'électeurs de centre droit soutenant Emmanuel Macron et Édouard Philippe. (...) D'un autre côté, malgré la ligne droitière, il y a presque un électeur sur cinq de François Fillon qui a choisi le vote RN".
"Le risque, c'est la disparition", a jugé M. Retailleau, au moment où le ministre LREM Gérald Darmanin, un transfuge de LR, appelle "tous les électeurs de droite, tous les élus locaux de droite à rejoindre le président de la République".
- Discours "surréaliste" -
Les langues se sont déliées également au sein de la direction. Directeur de campagne de François-Xavier Bellamy, Geoffroy Didier a imploré la droite "d'abandonner son conservatisme sociétal". "L'avenir de la droite, ça ne peut pas être d'être contre l'IVG", a-t-il lancé dans une claire critique des positions conservatrices de la tête de liste LR, choisie pour cibler l'électorat de François Fillon.
Sollicité par l'AFP, un autre membre de la direction a critiqué le "discours surréaliste" dimanche soir de M. Wauquiez, qui est toujours "dans sa présidentielle" de 2022.
La question de la désignation du candidat du parti à la présidentielle risque de se poser rapidement. Une primaire ouverte aux sympathisants figure toujours dans les statuts. Mais échaudés par l'expérience Fillon et consultés dès l'été 2017, les militants la rejettent majoritairement.
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