L'affiche des JO 2024 : Paris "surréaliste et festive" sans croix ni drapeau
Réalisée par Ugo Gattoni et dévoilée au public le lundi 4 mars, l'affiche officielle des JO 2024 s'est attirée les foudres de la droite parce qu'on n'y voit ni croix ni drapeau tricolore. Les Républicains, notamment, ont vertement critiqué le fait d'être "prêts à nier la France jusqu'à travestir la réalité pour annuler son histoire".
Si l'artiste assure n'avoir aucune "arrière-pensée", son sens du détail n'a pas été porté également sur tous les éléments de son œuvre... Ou peut-être que si, justement. On retrouve certains des plus fameux monuments français tels que la tour Eiffel, l'Arc de Triomphe, ou encore les Invalides, auxquels il a voulu apporter une touche "surréaliste et festive".
Résultat : des couleurs partout, mais pas de drapeau tricolore ; beaucoup de symboles, mais pas de croix chrétienne sur la cathédrale Saint-Louis des Invalides. La droite est montée au créneau.
Marion Maréchal s'est offusquée : "Pourquoi avoir effacé la croix au sommet du dôme des Invalides ? Pourquoi aucun drapeau français ? Quel intérêt d'organiser les Jeux Olympiques en France si c'est pour cacher ce que nous sommes ?"
Chez Les Républicains, François-Xavier Bellamy a dénoncé ceux qui "sont prêts à nier la France jusqu'à travestir la réalité pour annuler son histoire", se focalisant sur la croix qui "constitue le sens profond" des Invalides.
Ce dôme "n'est pas celui d'un supermarché, mais d'une chapelle", a renchéri le président du parti, Eric Ciotti, pour qui l'affiche "nie l'identité même de ce bâtiment ainsi que l'histoire française". Même son de cloche chez Nicolas Dupont-Aignan, qui juge l'œuvre "scandaleuse".
Côté Rassemblement national, si Marine Le Pen s'est gardée de tout commentaire, Jordan Bardella n'a pas hésité à désigner des coupables : "Le macronisme, c'est le grand effacement de notre identité".
Face à ce déferlement de reproches, le créateur de l'affiche Ugo Gattoni a fait valoir sa vision artistique, qui "ne cherche pas à représenter les objets ou bâtiments de manière conforme".
"Je les évoque, tels qu'ils m'apparaissent à l'esprit et sans arrière-pensée. Je ne cherche pas à ce qu'ils soient fidèles à l'original, mais plutôt qu'on puisse se figurer en un clin d'œil de quoi il s'agit, tout en le projetant dans un univers surréaliste et festif", a-t-il expliqué.
Il a reçu le soutien du Comité d'organisation des Jeux Olympiques (Cojo), qui y voit une "interprétation artistique joyeuse, légère d'une ville-stade réinventée". La porte-parole du gouvernement, tout en assurant vouloir "un moment de cohésion nationale" et "un peu de répit face aux polémiques vaines", s'est permise un peu d'ironie : "Il ne s'agit pas d'une photo, c'est un dessin : oui, la tour Eiffel n'est pas rose ; oui, le Stade de France ne va pas d'un seul coup venir se mettre en lévitation sur la tour Eiffel ; la mer ne se voit pas de Paris..."
Sur l'œuvre, les réinterprétations de la réalité sont effectivement légion, mais faire passer le métro sous l'Arc de Triomphe n'a pas tout à fait la même symbolique (si tant est qu'il y en ait une) que de déshabiller une cathédrale historique de sa croix. Tout comme faire flotter le Stade de France autour de la Dame de fer n'est pas comparable à la complète disparation du drapeau. Peut-on, d'un effet de manche "surréaliste", nier une disparition en noyant le poisson d'apparitions ?
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