Au Louvre, manifestation contre le financement du musée par l'argent des opiacés

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Par AFP - Paris
Publié le 01 juillet 2019 - 17:51
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Des activistes de l'organisation P.A.I.N manifestent devant le musée du Louvre le 1er juillet 2019
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Des activistes de l'organisation P.A.I.N manifestent devant le musée du Louvre le 1er juillet 2019
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Une trentaine de manifestants ont protesté lundi devant le musée du Louvre, en réclamant à l'institution de prendre ses distances avec la famille Sackler, de riches mécènes américains dont le laboratoire pharmaceutique est accusé d'être le principal responsable de la crise des opiacés aux Etats-Unis.

Les militants de l'association américaine PAIN et de l'asso française Aides ont déployé une banderole rouge "Take down the Sackler name" devant la pyramide du musée, pour demander à l'institution de débaptiser l'aile des Antiquités orientales du Louvre, qui porte le nom de Sackler depuis 1996.

"Sackler, on meurt, le Louvre couvre! ", ont-ils scandé.

"La crise (des opiacés) s'apprête à frapper la France", a dénoncé la photographe américaine Nancy Goldin, ancienne accro aux médicaments opioïdes, en fustigeant une famille qui "utilise les musées pour laver sa réputation".

Via leur filiale Mundipharma, les Sackler "utilisent les mêmes techniques marketing mensongères pour pousser les médecins à prescrire, comme ils l'ont fait aux États-Unis", a-t-elle ajouté.

Très influents au sein du gotha new-yorkais, les Sackler ont construit leur réputation grâce au mécénat, et bâti leur fortune sur l'OxyContin, un puissant analgésique accusé d'être à l'origine de la crise des opiacés qui a fait 47.000 morts par overdose aux Etats-Unis en 2017.

Ces derniers mois, la National Portrait Gallery, la Tate Gallery de Londres, le Metropolitan Museum ou encore le Guggenheim de New York ont renoncé aux dons des Sackler.

Le laboratoire des Sackler, Purdue Pharma, est devenu l'ennemi de santé publique numéro un aux Etats-Unis, à mesure que le pays découvrait les ravages des opiacés, qui ont tué le chanteur Prince et font davantage de morts qu'accidents de la route et homicides réunis, dans des métropoles comme New York.

Purdue est accusé d'avoir promu son médicament phare, l'OxyContin, auprès du corps médical, alors qu'il connaissait ses effets addictifs.

Surprescrit pendant des années, ce traitement et d'autres médicaments ont provoqué une dépendance croissante aux opiacés et poussé les consommateurs vers des drogues plus fortes comme le fentanyl et l'héroïne. Avec en bout de course, une multiplication des overdoses outre-Atlantique.

Ciblé par des milliers de plaintes aux Etats-Unis, Purdue a passé en mars un accord à l'amiable pour échapper à un procès en Oklahoma, en payant 270 millions de dollars.

En France, une centaine de médecins ont alerté fin juin sur "le risque d'une crise sanitaire", alors que "12 millions de Français utilisent des médicaments opiacés, sans être alertés sur leur potentiel addictif et sur les risques d’overdoses", dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche.

Le nombre d'hospitalisations liées à la consommation d'opioïdes a presque triplé (+167%) entre 2000 et 2017, selon un bilan publié par l'Agence du médicament (ANSM), tandis que le nombre de décès a bondi de 146% entre 2000 et 2015, avec "au moins quatre décès par semaines". Mais la situation de l'Hexagone reste sans "aucune commune mesure" avec les Etats-Unis, selon la coordinatrice de ce rapport.

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