Jérôme Deschamps crée un Bourgeois gentilhomme à la fois classique et loufoque
Jérôme Deschamps s'est glissé avec délectation, vendredi soir à Montpellier, sous le bonnet et le chapeau à plumes du Bourgeois gentilhomme, tout en signant une mise en scène à la fois classique et loufoque de la pièce de Molière dans sa version comédie-ballet.
Le spectacle, créé dans le cadre du festival du Printemps des Comédiens de Montpellier, associe fidélité au texte classique, costumes et perruques farfelus et fantaisies à la Deschamps, créateur des Deschiens. Parmi les anachronismes qui déclenchent les rires: un fer à repasser à vapeur utilisé par la servante effrontée pour exprimer sa fureur, des gants de vaisselle vert pomme enfilés par une bergère proclamant son infidélité en chanson, ou encore un cochon dont le bourgeois sort, en guise de festin pour la Belle Marquise, un saucisson, un paquet de jambon blanc à la marque bien connue ou un hot-dog et du ketchup.
Les personnages évoluent dans un décor à la fois simple et inventif, composé de trois parois de couleur ocre aux multiples ouvertures laissant place à une scène champêtre ou une sorte de haute tribune bleue à rideaux s'avançant vers le public.
Le Bourgeois gentilhomme de Deschamps parvient, pour le plus grand enchantement des spectateurs et dans le respect des oeuvres de Molière et Lully, à faire joyeusement fusionner art dramatique, danse, chant et musique interprétée par les Musiciens du Louvre, spécialistes du répertoire baroque, sous la direction de Marc Minkowski.
Fusion et fantaisie culminent lors de l'épisode du fils du Grand Turc, lorsque Monsieur Jourdain est une nouvelle fois berné et transformé en "Grand Mamamouchi".
Pour Jérôme Deschamps, ancien directeur de l'Opéra Comique, Monsieur Jourdain "n’est pas celui qu’on croit, un ridicule sottement ambitieux, en appétit des honneurs, mais un bourgeois qui s'ennuie et qui désire s’élever, quitter la vie routinière...et devenir un +homme de qualité+ par la culture. Il rêve... »
Le comédien et metteur en scène, à la fois neveu de l'acteur Hubert Deschamps et du cinéaste Jacques Tati, explique avec une grande tendresse pour le personnage qu'il incarne avoir voulu "faire partager sa solitude au milieu de ceux qui le dupent, son émerveillement devant le paradis qu’il croit voir naître sous ses yeux. Et rêver... »
Pari réussi vendredi soir à Montpellier. Le chant final entonné par les personnages - "quels spectacles charmants, quels plaisirs goûtons nous" - a été suivi d'acclamations et de rappels pour les acteurs, danseurs, chanteurs et musiciens.
Après sa création à Montpellier, le Bourgeois gentilhomme mis en scène par Jérôme Deschamps sera notamment joué du 19 au 23 juin à l'Opéra de Versailles et en juin 2020 à l'Opéra Comique à Paris.
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