Le Carnaval de Cologne débute sous tension
A 11h11 locales (10h11 heure de Paris) ce jeudi 4 février, comme le veut la tradition, les festivités ont commencé à Cologne (ouest de l'Allemagne), entre cotillons et fanfares, sur la place du Vieux marché, à quelques centaines de mètres de la cathédrale emblématique de la ville.
Et la vaste foule de "Jecken" (les "fous" du carnaval, en dialecte rhénan) qui avaient bravé la pluie glacée, exprimaient leur désir de faire la fête, malgré ou justement à cause des évènements du Nouvel An qui se sont déroulés devant l'église. "Je ne veux pas que ceux qui ont agressé des femmes se sentent gagnants", explique par exemple Ramona, déguisée en super héroïne aux cheveux violets. "C’est une forme de protestation d’être ici".
"Moi je suis là pour prendre du plaisir", a affirmé Marcel, 23 ans et costume d'Apache. "Surtout après ce qui s'est passé, c'est bien qu'on puisse s'amuser", a-t-il ajouté. "Prendre du plaisir", l'expression revient dans la bouche de tous les "Jecken", même si certains reconnaissent que l'ambiance est un peu différente cette année.
"Beaucoup sont restés à la maison", veut croire Bernd, 51 ans. "Nous sommes une ville accueillante mais la vie a un peu changé depuis la St Sylvestre". Ce soir-là, le centre-ville avait été le théâtre d'agressions de la part d'hommes en bandes, essentiellement à l'encontre des femmes.
Plus d'un millier de plaintes ont été déposées, beaucoup pour des faits à caractère sexuel. Les suspects sont, selon la police, "en grande partie" des demandeurs d'asile ou immigrants originaires d'Afrique du Nord. L'évènement a choqué l'Allemagne et accru la pression sur Angela Merkel et sa politique d'accueil généreuse.
"Il y a sensiblement moins de monde que l'année dernière", souligne aussi, Martin, 60 ans, membre de la Société de carnaval du Vieux marché, chargé d'animer le lancement des festivités. "Pourquoi? Il y a un peu de peur, je pense", lance-t-il souriant dans son uniforme vert et rouge de soldat du XVIIIe siècle.
La sécurité a été considérablement renforcé la sécurité : 2.500 policiers sont déployés, soit trois fois plus que l'an passé. Parmi des "fous" grimés en cow boys, clowns, princesses ou "Stormtroopers" sortis de la Guerre des étoiles, la présence policière était visible.
Le mot d'ordre est d'éviter de nouveaux incidents pendant la semaine de festivités qui attire chaque année 1,5 million de visiteurs. "Nous opérerons vigoureusement contre tous ceux qui dépassent les bornes. Cela vaut pour les agresseurs alcoolisés comme pour les voleurs ou les délinquants sexuels qui ne peuvent accepter qu'une femme dise NON", a déclaré le chef de la police de Cologne Jürgen Mathies, nommé après les évènements du Nouvel An.
Un "point sécurité pour les femmes" a été installé en centre-ville pour les personnes qui rencontreraient des problèmes. La nuit, des spots transportables éclaireront mieux certains "certains coins sombres". Le ministre régional de l'Intérieur, Ralf Jäger n'a signalé "aucun indice concret de menaces ou d'attentats".
Mais signe des craintes en Allemagne, une vaste opération policière ce jeudi matin en Rhénanie et à Berlin ont abouti à l'arrestation de deux Algériens suspectés de préparer un attentat en un lieu inconnu et d'être en lien avec les djihadistes de l'Etat islamique.
"Il ne faut pas se laisser intimider par le risque terroriste ou les évènements de la Nuit de la Saint Sylvestre", a souligné avant le carnaval M. Jäger. Cette fameuse nuit aura sa place dans le défilé du "Lundi des Roses", traditionnel acmé du carnaval. Sur un char "Mutter Colonia" (Mère Cologne), incarnation de la ville habituellement joyeuse, pleure et ses lunettes teintées, lui permettant de voir la vie en rose, sont cassées.
Les festivités dureront six jours, jusqu'au mercredi des Cendres, jour de pénitence qui marque l'entrée dans le carême dans la tradition catholique.
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