Le couturier Stéphane Rolland : il était temps de revenir au défilé
"Il était temps de revenir au défilé": après plusieurs saisons de films artistiques, le Français Stéphane Rolland fait vivre ses robes "rochers" haute couture au théâtre de Chaillot devant plus de 450 invités.
Le show commence par un hommage au couturier Thierry Mugler, décédé dimanche, qui a été le pionnier des défilés spectacles tels qu'on les connaît aujourd'hui et dont "chacun d'entre nous garde une émotion".
"C'est bien que cela reprenne. il était temps", déclare Stéphane Rolland à l'AFP dans son atelier en faisant les dernières retouches la veille du défilé.
Les mouvements des mousselines sur les robes toges drapées hypnotisent, d'immenses capuches évoquent un mystère, les dos nus qui se dégagent des volumes sculptés fascinent.
Les bijoux-galets surdimensionnés traduisent la passion du couturier pour la pierre et contrebalancent la légèreté des tissus: ces robes "rochers" ne pèsent rien.
"On retrouve mes essentiels avec plus de sensualité, plus de légèreté, comme un nouveau chapitre", résume-t-il.
- Clientes russes et du Moyen-Orient-
En pleine vague Omicron, la plupart des participants à la semaine parisienne de la haute couture ont opté pour les défilés. La maison Julien Fournié dont le show physique était prévu mardi après-midi y a portant renoncé la semaine dernière, de peur de créer "un cluster haute couture Paris".
"J'ai hésité longtemps, plus par déontologie en me disant ce n'est peut-être pas sérieux et je me suis dit +personne ne va venir, les gens vont avoir peur+", raconte Stéphane Rolland.
"On était obligé de dire non tous les jours, il y a eu énormément de demandes, j'en serais à 2.000 invités si je ne me retenais pas", poursuit-il.
Nombre de ses clientes du Moyen-Orient et de Russie ont en effet pu se déplacer à Paris, faisant grimper le taux de vison et autres vraies fourrures à un évènement mode tandis que les marques de luxe y renoncent l'une après l'autre, Moncler étant la dernière en date mardi.
- Covid, du jour au lendemain -
Enthousiasmé par la soif des fashionistas pour le vrai spectacle, Stéphane Rolland se sent responsable aussi de "toute une industrie qui est derrière" ayant souffert de la crise sanitaire qui a obligé la mode de se réfugier dans le virtuel.
"Je voyais certaines sociétés en train de péricliter, les traiteurs, les coiffeurs... Pour les mannequins, c'était terrible. Elles ne sont pas pris en charge par l'Etat, en France on a été extrêmement aidé, mais les filles qui viennent de tous les pays n'ont pas vécu cela du tout et se sont retrouvées dans des situations extrêmement précaires".
Certaines mannequins sélectionnées pendant les castings n'ont finalement pu défiler, parce que testées positive au Covid.
"C'est du jamais vu, mais j'ai eu beaucoup de chance: que quatre à cinq changements sur une cabine de 20 filles", dit-il.
"Les cas Covid arrivent du jour au lendemain, tu fais un essayage et le lendemain la fille ne peut plus faire le show parce qu'elle a le Covid. Il y a tout à refaire, toutes les retouches ont été faites avant. Les retraits de dernière minute sont très compliqués à gérer", raconte le couturier.
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