Héritage Hallyday : David et Laura obtiennent le renvoi de l'affaire au 30 mars
Le premier round judiciaire très attendu sur l'héritage de Johnny Hallyday a finalement été renvoyé jeudi au 30 mars, à la demande des avocats de David Hallyday et Laura Smet qui réclament devant le TGI de Nanterre un droit de regard sur l'album posthume de leur père ainsi que le gel de son patrimoine.
"Nous avons été destinataires (...) des pièces adverses depuis deux jours et encore ce matin, et il y a encore un certain nombre de pièces dont on doit prendre connaissance", ont assuré Carine Piccio, l'un des conseils de David Hallyday, pour justifier ce renvoi.
Le tribunal a enjoint les avocats de Laeticia Hallyday de fournir à la partie adverse, "au plus tard" lundi, des précisions sur le "trust" au sein duquel Johnny Hallyday aurait réuni tous ses actifs au bénéfice de sa femme, conformément à un testament rédigé en juillet 2014 aux Etats-Unis. Ils devront donner le "périmètre" de cette entité et l'"identité du ou des trustees" (gestionnaires).
Selon Emmanuel Ravanas, l'un des avocats de Laura Smet, les pièces transmises par le clan de Laeticia étaient pour certaines "tronquées", "sans le nom des trustees".
Depuis plusieurs semaines, la guerre fait rage entre les deux aînés de la star et sa veuve, devenue l'unique bénéficiaire de l'ensemble du patrimoine et des droits d'auteurs de la légende du rock français, décédée le 6 décembre à l'âge de 74 ans.
Dans leur assignation en référé (procédure d'urgence), David et Laura Smet demandent un droit de regard sur l'album que préparait leur père au moment de sa mort, ainsi que des "mesures conservatoires" sur les biens immobiliers et "la mise sous séquestre" des "redevances perçues au titre des droits d'auteur" de l'artiste. Et ce, dans l'attente que soit examinée par la justice une autre procédure, intentée sur le fond, concernant l'héritage. L'examen de cette seconde procédure pourrait prendre des mois, voire des années.
L'ex-"idole des jeunes" avait travaillé une grande partie de l'année 2017 à son 51e album studio, qui doit sortir courant 2018 et pour lequel une dizaine de chansons ont été enregistrées.
"Cet album est-il posthume ou a-t-il été validé du vivant de Johnny Hallyday?", s'est interrogée Me Piccio à l'audience. Dans la première hypothèse, les aînés de l'artiste souhaiteraient exercer leur droit de regard. "Il faut aussi savoir quel est le travail exact fait postérieurement à la mort de Johnny Hallyday pour achever cet album", a-t-elle ajouté.
"Nous avons des documents très clairs qui démontrent que les dix titres ont été validés par Johnny Hallyday (...) et qu'il acceptait qu'ils soient commercialisés", a assuré de son côté Eric Lauvaux, avocat de Warner Music France.
- "Atteinte à la dignité" -
L'avocat de Laeticia Ardavan Amir-Aslani a dit à l'issue de l'audience "regrette(r) profondément" le renvoi de l'affaire. "J'aurais voulu que la vérité puisse éclater", a-t-il ajouté, souhaitant que soient respectées "les dernières volontés du plus grand artiste français".
"Une campagne médiatique a été organisée", a-t-il dénoncé, soulignant que Laeticia Hallyday n'était "pas la gangster qu'on s'attache à décrire". "Le trust est détenteur de tous les biens de l'artiste et Laeticia Hallyday en est la bénéficiaire et, après elle, ses enfants. Que voulez-vous savoir de plus?", a-t-il lancé aux parties adverses.
Aucun membre des clans Smet et Boudou (nom de jeune fille de Laeticia Hallyday), n'était présent à l'audience, au contraire de nombreux journalistes.
C'est Laura Smet qui avait lancé l'offensive judiciaire le 12 février par un courrier envoyé à l'AFP, rejointe dans sa démarche par son demi-frère David, fils de Sylvie Vartan.
Les deux aînés ont déposé dans la foulée un recours sur le fond devant la justice française pour contester les modalités de succession de leur père, rédigées en Californie. Ils estiment que son testament les "déshérite", ce qui est interdit en droit français, et demandent "que la succession soit soumise aux règles de dévolution légales" en France.
Johnny Hallyday possédait deux villas à Los Angeles et Saint-Barthélémy ainsi qu'une autre à Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine) détenue par une SCI dont il était actionnaire avec sa dernière épouse et leurs deux filles, Jade et Joy. Chacune de ces demeures est estimée entre 10 et 15 millions d'euros. Johnny disposait également des droits sur quelque 1.160 chansons.
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