"Et mon cœur transparent" : ma femme, cette inconnue (critique)
"Je m’appelle Lancelot Rubinstein, ma femme est morte ce jour-là. Elle s’appelait Irina. Le plus étrange dans cette histoire, c’est de découvrir la personne avec laquelle on vit une fois qu’elle est morte". C'est le synopsis, intrigant et alléchant, du thriller psychologique français Et mon cœur transparent, qui sort sur les écrans ce mercredi 16 mai.
Cela commence donc par une voiture rouge qui s'enfonce dans les eaux d'un lac. A son bord, Irina (Caterina Murino), retrouvée morte. Le film passe ensuite au flash-back pour expliquer qui elle était, racontée par Lancelot (Julien Boisselier), son mari depuis 10 ans.
Correcteur dans une maison d'édition, timide, un rien ballot, Lancelot "entretenait une harmonieuse solitude" avec sa première épouse quand il a rencontré par hasard Irina, jeune femme volcanique ayant déjà beaucoup vécu et qui est lui est tombée dans les bras.
Irina était journaliste reporter d'images et tournait des documentaires sur les animaux en danger. Dans les soirées mondaines où elle rayonnait, Lancelot –qu'elle appelait Paul, car elle trouvait ce prénom ridicule– s'ennuyait. Et puis, un jour, lassés de la ville, ils sont venus s'installer dans le Sud, dans une maison tranquille et isolée, au bord de l'eau.
Régulièrement, Irina s'absentait pour ses reportages. Ce jour-là, Lancelot l'a accompagnée à l'aéroport. Elle devait revenir une semaine plus tard. Mais peu après, la police a appelé pour lui dire qu'on l'avait retrouvée morte dans une voiture, tombée dans le lac, sans plaques d'immatriculation.
L'enquête commence. Pour l'aider à supporter le choc, Lancelot avale des pilules vertes à base de plantes que lui a prescrites son médecin. Il fait des rêves, a des hallucinations. Et peu à peu, découvre dans le passé d'Irina des zones d'ombre et de mystère. La visite du déroutant père d'Irina (Serge Riaboukine), présumé mort et qu'elle n'avait pas vu depuis 15 ans, va ajouter à la confusion. Qui était vraiment Irina et que faisait-elle pendant ses absences? Lancelot navigue entre révélations et hypothèses, entre réel et inconscient…
Tiré d'un livre de Véronique Ovaldé paru en 2008 aux éditions de l'Olivier (à voir ici), c'est le premier long-métrage des frères Raphaël et David Vital-Durand, qui jusqu'à présent avaient surtout tourné des spots publicitaires et des clips musicaux. Ils se regardent parfois filmer en donnant un certain esthétisme à leurs images, dans ce thriller psychologique qu'ils ont voulu visuellement très soigné: "La mise en scène devait être un rêve surréaliste sur une histoire réaliste afin de basculer le spectateur d’un monde à l’autre en permanence", expliquent-ils. "Nous avons, par exemple, demandé à Julien Boisselier de jouer son rôle comme s'il était un cosmonaute qui arrive sur une planète inconnue".
De fait, avec sa voix particulière et son air de benêt sympathique, lunettes sages et chemisettes à carreaux, l'acteur prend un air ahuri (et un peu agaçant) tout au long du film et a du mal à donner de la crédibilité à son personnage. Même chose pour Caterina Murino, lèvres rouges et corps sensuel, volontaire et mystérieuse mais dont on n'imagine pas trop qu'elle puisse être la femme aux deux visages que l'on découvrira vers la fin du film. Les deux acteurs ont du mal à voir décoller leur carrière depuis leurs débuts, Julien Boisselier remarqué en 2003 dans Le convoyeur et en 2006 dans Je vais bien, ne t'en fais pas, Caterina Murino découverte dans L'enquête corse en 2004 et James Bond Girl dans Casino Royale en 2006.
Pourtant ils mettent de la conviction dans leurs personnages, et la volonté des réalisateurs de raconter différemment une histoire à suspense partait d'une bonne intention. Et incontestablement une atmosphère singulière s'installe tout au long du film, avec parfois des parenthèses d'humour et parfois des instants surréalistes, en faisant monter le suspense. Mais on est presque déçu d'apprendre le fin mot de l'histoire, à la fin –comme un cosmonaute déçu de revenir sur la terre ferme.
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