D’Antibes à Saint-Paul-de-Vence : quatre expositions phares pour chasser le spleen de l’automne
C’est le moment de faire du SLOW TOURISME CULTUREL sur la Riviera française. Des nouveautés et de belles surprises à découvrir.
Les grands peintres du XXème siècle (Picasso, Bonnard, Chagall…) ont été subjugués par les paysages et la lumière de la Côte d’Azur. Il s’y sont installés et nous ont laissé des chefs-d'œuvre. D’Antibes à Saint-Paul-de-Vence, des musées inspirants vous proposent de fabuleuses expositions. Plonger dans l’univers d’illustres artistes - ou d’autres moins connus - vaut largement un plongeon dans la Méditerranée. C’est un bon moyen de chasser le spleen de l’automne et nourrir son âme.
A Antibes, l’incontournable Pablo Picasso partage la vedette avec Joan Miró
Pablo Picasso manque cruellement de place dans sa petite villa de Golfe-Juan. Sur la proposition du conservateur du château Grimaldi, il accepte d’installer son atelier dans l’une des salles de cette citadelle, en 1946. Il peint durant six mois, y laissant tout ce qu’il réalise (23 peintures et 44 dessins). En effet, il s’était engagé à ce qu’en contrepartie ses œuvres ne quittent pas le château. Ainsi est né en 1966 le premier Musée Picasso consacré à l’artiste de son vivant… presque malgré lui !
Aujourd’hui le musée compte environ 245 œuvres de Pablo Picasso, une collection impressionnante constituée avec notamment les dons de Jacqueline Picasso. On peut y découvrir « La joie de vivre », « Satyre, faune et centaure au trident », « Nature morte à la chouette et aux trois oursins » ou encore « La chèvre ».
Ce musée présente aussi des œuvres de ses contemporains comme Nicolas de Staël, Léger, Picabia, Hartung, Modigliani… selon la programmation de la saison.
On aime l’exposition temporaire présentant douze peintures magistrales de Joan Mirò. Miró est ici chez lui, comme l’est un hôte dans la maison de son ami. Chaque salle accueille une œuvre, parfois deux. Cette scénographie incite à la contemplation et à la méditation. Rare.
A voir aussi à Antibes: le musée Peynet glorifie l’amour romantique. Celui de Raymond Peynet pour son épouse Denise Damour (son nom de jeune fille). Cela ne s’invente pas !
Au Cannet, Pierre Bonnard rend hommage à la poésie d’un objet ordinaire
Pierre Bonnard a vécu ses 27 dernières années au Cannet, une charmante commune nichée dans la nature, à deux kilomètres des plages. La lumière et les paysages du Cannet ont fortement inspiré l’artiste ; il y a peint ses plus beaux chefs d’œuvre. C’est ce lien entre Bonnard et le Cannet qui donne toute sa légitimité et son authenticité au Musée Bonnard inauguré en juin 2011.
Le visiteur découvre la collection enrichie de nouvelles acquisitions comme « La petite fille au chien » et d’œuvres achetées grâce au crowdfunding !
L’exposition temporaire met l’accent sur « la poésie d’un objet ordinaire ». En l’occurrence, il s’agit d’un pichet à eau (ou barbotine en faïence) qui fascine le peintre. Les objets de valeur ne l’intéressaient pas, car il avait besoin de vivre avec un objet simple pour s’imprégner de sa valeur intrinsèque. « Métamorphosé par la couleur, l’objet semble à chaque fois différent, souligne Fanny Lejay, médiatrice culturelle au Musée Bonnard. Il réalise près d’une trentaine de tableaux avec des fleurs des champs, des marguerites, des coquelicots, des pois de senteur… » Cette répétition nous ravit. Avec en prime deux exemplaires de cet objet culte exposé au musée.
A voir aussi au Cannet : Au départ du Musée Bonnard, un parcours de 4,5km permet de découvrir les lieux que Pierre Bonnard a peints. Ces œuvres sont signalées sous forme de lutrins aux endroits où l’artiste a fait des « provisions de vie », selon son expression.
La chapelle Saint Sauveur, ancien beffroi, a été décorée par Théo Tobiasse sur le thème «La vie est une fête».
A Mougins, un nouveau musée ose 100 % d’artistes femmes
Le village de Mougins, berceau du Festival International de la Gastronomie, fait sa révolution culturelle avec une offre étonnante de nouveaux lieux d’expositions.
Le musée FAMM (Femmes Artistes du Musée de Mougins) a ouvert ses portes le 21 juin dernier. Un musée 100% féminin. Il fallait oser !
Après le Frauenmuseum de Bonn et le Musée national des femmes dans les arts de Washington , le FAMM rejoint le cercle restreint des musées exclusivement dédiés aux artistes femmes.
« Avec la création de ce musée, j’ai voulu corriger le fait que 90% des œuvres exposées sont celles des hommes», explique Christian Levett, collectionneur britannique, passionné d’art et amoureux de la Provence. Peintures, sculptures, photographies… Le FAMM déploie sur quatre étages une centaine d’œuvres réalisées par 80 femmes artistes du monde entier, de l’impressionnisme aux œuvres abstraites du XXIème siècle.
On y trouve des grands noms comme Berthe Morisot, Mary Cassatt, Eva Gonzalès, Leonor Fini, Frida Kahlo, Louise Bourgeois, Niki de Saint Phalle, Maria Helena Vieira da Silva, Tracey Emin, Joan Mitchell et Shirin Neshat. Le fond de 500 pièces appartenant à Christian Levett est révélé au moyen de rotations régulières et d’expositions temporaires. Saluons l’excellente idée du livret « Paroles d’artistes » accompagnant chaque œuvre de citations choisies.
A voir aussi à Mougins : Le Centre de la photographie ainsi que le Centre d’art avec une superbe exposition de Francis Picabia, peintre lié au mouvement Dada, qui vécut vingt ans sur la côte d’Azur.
A Saint-Paul-de-Vence la Fondation Maeght voit grand pour ses 60 ans
Du village de Saint-Paul de Vence, notre excellent guide Olivier Scagnetti nous fait grimper le chemin des Chapelles pour rejoindre la Fondation Maeght . Il nous raconte - sans perdre son souffle - la fabuleuse histoire d’Aimé et Marguerite Maeght : « C’est dans l’arrière-boutique d’un magasin de postes de radio et de graphisme qu’Aimé Maeght rencontre Pierre Bonnard avec lequel il noue une amitié profonde. Celui-ci lui présente Matisse … »
La Fondation Maeght compte aujourd’hui parmi les collections internationales les plus importantes avec plus de 13 000 œuvres. Inaugurée en 1964 par André Malraux, elle rassemble des œuvres d’art moderne (Bonnard, Braque, Chagall, Calder, Giacometti, Kandinsky, Léger, Mirò, Ubac, Tal Coat…) et des artistes contemporains (Bergman, Christo, Del Re, Garouste, Lam, Mitchell, Takis, Tàpies …).
Rien de pesant. Au contraire. Ici l’on vit un rêve éveillé au milieu de la nature et de cette exubérance artistique. Balade dans les immenses salles, les jardins et les terrasses organisés autour d’époustouflantes sculptures et fresques.
Pour les 60 ans de la Fondation, l’architecte Silvio d’Ascia a conçu une extension de 540 m2 avec d’immenses baies vitrées donnant sur la pinède. « Il ne fallait rien ajouter mais au contraire soustraire », explique-t-il. Au centre de l’une des salles flotte un mobile de Calder. Sur les murs, des tableaux de Georges Braque, Marco Del Re, Vassily Kandinsky…et autres grands maîtres.
A voir aussi à Saint-Paul-de-Vence : La chapelle Folon ou chapelle des Pénitents blancs est ornée d’un décor plein de poésie imaginé et conçu par l’artiste belge Jean-Michel Folon.
Louise Bang et Gui Lessin réalisent leurs œuvres à quatre mains dans leur atelier du village. Avec un peu de chance, ils vous raconteront leur étonnant destin amoureux: de New-York à Saint-Paul-de-Vence.
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