"La La Land" : Emma Stone et Ryan Gosling enchanteurs (VIDÉO)
Eh bien dansez, maintenant! Deux semaines après les Golden Globes où il a raflé sept récompenses et quatre semaines et demie avant les Oscars où il devrait faire la même razzia, le film La La Land, du réalisateur américain Damien Chazelle, sort ce mercredi 25 sur les écrans français. Cette histoire d'amour en forme de comédie musicale est un régal pour les yeux, pour les oreilles, pour le coeur –un vrai bijou de cinéma qui en fait le meilleur film de ce début 2017, et peut-être même déjà de toute l'année.
Le film commence par un long plan-séquence de six minutes au beau milieu d'un embouteillage sur une bretelle d'autoroute de Los Angeles. Les gens sortent de leurs voitures, dansent sur la route ou sur le capot ou sur le toit, se mettent à chanter. On comprend qu'on est dans un film pas comme les autres, et la magie cinématographique ne fait que commencer.
Dans cet embouteillage, Mia (Emma Stone) et Sebastian (Ryan Gosling) vont se croiser une première fois. Elle est serveuse dans un café près des studios d'Hollywood et veut devenir actrice, multiplie les auditions humiliantes pour des séries débiles et rêve d'écrire sa propre pièce. Lui, passionné de jazz, joue du piano dans des bars et restaurants où on ne l'autorise pas à dépasser les quelques notes de chansonnettes de Noël, alors qu'il ambitionne d'ouvrir son propre club et de jouer du vrai jazz traditionnel pur et dur.
Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent. Ils vont se rencontrer à nouveau, tomber fous amoureux l'un de l'autre, et se soutenir mutuellement. Mais le coup de foudre de ces deux idéalistes résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d'Hollywood?...
"To live in La La Land" signifie planer dans son monde, vivre au pays des Bisounours, avoir la tête dans les nuages, être un doux rêveur. Le réalisateur a voulu confronter les aspirations personnelles de deux personnages à la réalité économique et artistique du Los Angeles d'aujourd'hui. Et pour cela, ce fou de jazz et de cinéma a fait un film en forme d'hommage à la grande époque des comédies musicales hollywoodiennes (et de Jacques Demy), de déclaration d'amour au mythe éternel de "la cité des anges" et d'histoire d'un coup de foudre romantique.
Agé de 32 ans, de père français et de mère américaine, Damien Chazelle est déjà un petit génie du cinéma et va, par ce film, se faire connaître du grand public. Après son premier long métrage Guy and Madeline on a Park Bench (2009), histoire d'amour en noir et blanc racontée (déjà) à travers des chansons et des danses, qui était son film de fin d'études à Harvard, il s'était fait remarquer des cinéphiles avec Whiplash (2014), portrait d'un jeune batteur de jazz et de son redoutable prof, qui avait remporté trois Oscars sur cinq nominations.
"Même si La La Land est très différent de Whiplash à bien des égards, ces deux films parlent d'un sujet qui me tient beaucoup à cœur: comment trouver un équilibre entre l'art et la vie, entre les rêves et la réalité –et plus précisément, comment trouver un équilibre entre son rapport à son art et son rapport aux autres", explique-t-il. "Avec La La Land, je voulais aborder ces thèmes en utilisant la musique, les chansons et la danse. Je trouve que la comédie musicale est le genre par excellence qui permet d'évoquer ce délicat dosage entre rêve et réalité".
Le film alterne les moments chantés/dansés et les séquences parlées normalement, il y a des plans-séquences, des changements de décors soudains, des ralentis, des flashbacks, des couleurs partout contre la grisaille quotidienne (les robes de Mia et de ses trois colocataires en bleu, jaune, rouge, vert), un thème musical récurrent (la chanson City of Stars), une réalisation avec de l'humour et des exploits techniques (outre la scène d'ouverture de l'embouteillage, on est époustouflé par une séquence dans une piscine avec feux d'artifice), Emma Stone chante vraiment, Ryan Gosling joue vraiment du piano (et chante aussi, et siffle), ils dansent, font des claquettes, valsent, échangent des dialogues parfois drôles, parfois émouvants, et sont formidables. On n'est pas loin du film parfait –même si la dernière partie, quand la réalité prend le pas sur le rêve, est moins enthousiasmante que le début.
Un exemple de l'hommage attendri du réalisateur au cinéma et à Los Angeles: les deux références à La fureur de vivre de Nicholas Ray avec James Dean et Natalie Wood, que vont voir Sebastian et Mia au Rialto Theatre, célèbre salle de cinéma de la ville, avant une scène à l'Observatoire de Griffith Park, où se déroule l'un des temps forts du film de 1955 et où, ici, les deux amoureux dansent en apesanteur au milieu des étoiles. On se demande si on a le coeur assez grand pour faire entrer autant de beauté, de poésie et d'émotion...
Ce film magique, léger et joyeux, qui parle du métier d'artiste, de la création, de la volonté de réaliser ses rêves, est, au travers des deux personnages, une réflexion sur l'avenir du jazz –le vrai, pas celui qui se travestit en variété– et du cinéma –le seul, celui qu'on va voir dans une salle et pas sur son écran de smartphone. Pour le jazz on ne sait pas, mais pour le cinéma l'avenir est assuré, tant qu'il y aura des films comme La La Land et des réalisateurs comme Damien Chazelle.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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