"Spotlight" : comment le "Boston Globe" a fait trembler l'Eglise catholique (VIDEO)

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Jean-Michel Comte
Publié le 19 janvier 2016 - 14:52
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Spotlight Film
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©Open Road Films/Warner Bros.
Les journalistes de "Spotlight", la cellule d'investigation du "Boston Globe", vont dévoiler le scandale.
©Open Road Films/Warner Bros.
Le film "Spotlight", ce mercredi sur les écrans, raconte une histoire vraie: comment le quotidien "The Boston Globe" a révélé une vaste affaire de prêtres pédophiles couverts par l'Eglise en 2002. Le film fait partie des sept nommés pour l'Oscar du meilleur film.

Cela rappelle Les hommes du président, en 1976, quand Robert Redford et Dustin Hoffman interprétaient les journalistes du Washington Post qui enquêtèrent sur l'affaire du Watergate. Dans Spotlight (ce mercredi 27 sur les écrans français), le réalisateur Tom McCarthy raconte une autre histoire vraie: comment le Boston Globe, en 2002, dénonça le scandale des prêtres pédophiles protégés par l'Eglise catholique.

Été 2001. À peine nommé rédacteur-en-chef du Boston Globe, Marty Baron (Liev Schreiber) explique à ses journalistes qu'ils n'en ont pas fait assez sur ces affaires de pédophilie. Il est juif, célibataire, indépendant et n'aime pas le baseball, autant d'obstacles quand il débarque à Boston, à la tête d'un journal dont 53% des abonnés sont catholiques.

Au sein du quotidien, "Spotlight", une cellule d'investigation dirigée par Walter "Robby" Robinson (Michael Keaton) et composée de trois autres reporters (Mark Ruffalo, Rachel McAdams, Brian d'Arcy James), est chargée d'enquêter. Les journalistes rencontrent l'avocat des victimes, plusieurs de ses clients, d'autres avocats qui ont négocié le silence de certaines victimes pendant des années, des sources anonymes, des notables de la ville.

Et au fil de l'enquête, qui dure plusieurs mois, ils s'aperçoivent peu à peu de l'ampleur du scandale: ce ne sont pas quelques cas isolés, mais des dizaines et des dizaines de cas de prêtres pédophiles dont l'Eglise était au courant et qu'elle a couverts. S'attaquer à l'Eglise catholique est-il impensable pour un journal comme le Boston Globe?...

"J'ai grandi dans le catholicisme, si bien que je connais bien l'institution, et que j'ai du respect et de l'admiration pour elle", affirme le réalisateur Tom McCarthy, ex-acteur dont les quatre précédents longs métrages étaient passés relativement inaperçus. "Dans ce film, il ne s'agit pas d'éreinter l'Église, mais de se poser la question de savoir comment un tel phénomène peut se produire. L'Église s'est rendue coupable –et continue de le faire dans une certaine mesure– de violence institutionnelle, non seulement en comptant des violeurs d'enfants dans ses rangs, mais en étouffant leurs crimes. Comment ces actes épouvantables ont-ils pu être perpétrés pendant des décennies sans que quiconque ne proteste?"

D'une affaire compliquée et rébarbative, il a su faire un film passionnant -candidat à l'Oscar du meilleur film-, où l'on suit les efforts des quatre journalistes dans leur enquête. Calepin à spirales et stylo en main, ceux-ci font du porte à porte, rencontrent et interrogent des dizaines de personnes, épluchent les archives du journal et des tribunaux, travaillent parfois chez eux, au restaurant, dans le métro, à la bibliothèque, le soir et les week-ends: l'image idéale des journalistes de terrain, comme on en fait de moins en moins.

"Ce qui m'inquiète énormément, c'est qu'il reste très peu de journalistes d'investigation aujourd'hui par rapport à il y a une quinzaine d'années", estime Tom McCarthy. "Grâce à ce film, je me suis dit qu'on allait pouvoir montrer l'impact du travail de fond de journalistes d'investigation aguerris".

Avec, comme symbole d'une époque qui appartiendra bientôt au passé, les rotatives imprimant ce numéro du Boston Globe du 6 janvier 2002 qui va tout dévoiler et tout déclencher. Comme Humphrey Bogart lançaient les rotatives de son quotidien dans Bas les masques, de Richard Brooks, en 1952.

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

 

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