Décès de l'écrivain Gonzague Saint Bris dans un accident de voiture
Longtemps figure de proue des nouveaux romantiques, l'écrivain et journaliste Gonzague Saint Bris, 69 ans, a trouvé la mort dans la nuit de lundi à mardi dans un accident de voiture sur une petite route de Normandie.
Le romancier, lauréat de l'Interallié en 2002 et dont le nouvel ouvrage "Les Aristocrates rebelles" (Les Arènes) est attendu en librairie le 30 août, circulait avec sa compagne Alice Bertheaume près de Pont-L'Evêque (Calvados) quand, pour des raisons inconnues, leur véhicule a violemment percuté un arbre à hauteur de Saint-Hymer.
"Le choc a été très violent", a raconté à l'AFP la maire de Saint-Hymer, Joël Lebrun. Il a indiqué avoir vu le moteur à plusieurs mètres de la voiture sur la chaussée. L'accident s'est produit sur une départementale au niveau d'un virage "pas plus dangereux que ça", a-t-il dit en évoquant une "perte de contrôle du véhicule".
Au volant au moment de l'accident, la compagne de l'écrivain a été grièvement blessée et évacuée vers l'hôpital de Lisieux.
Le décès de Gonzague Saint Bris est "une tragédie, une perte immense", a dit à l'AFP Marie-Claude Mahiette, collaboratrice de l'écrivain et directrice de La Forêt des livres, un festival littéraire créé par le romancier et qui devait avoir lieu le 27 août près de Loches (Indre-et-Loire), la ville natale de l'écrivain.
Historien, romancier, essayiste, journaliste, Gonzague Saint Bris est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, parmi lesquels une vingtaine de biographies dont celle du marquis de Sade, du général de La Fayette ou encore d'Alfred de Musset et Alfred de Vigny.
Volontiers dandy, un brin excentrique, vrai passionné d'histoire, l'écrivain aux cheveux longs était fasciné par les romantiques. En 1983, il fut à l'origine de la création du festival du film romantique de Cabourg.
En 2002, il connaît une consécration littéraire quand son roman, "Les Vieillards de Brighton" (Grasset) est couronné par le prix Interallié. Également journaliste, il a écrit notamment pour Le Figaro, France Soir, Elle et Paris Match et a longtemps animé une émission sur Europe 1.
Réagissant à sa "disparition brutale", son ami Stéphane Bern a fait part sur son compte Twitter de sa "stupeur et émotion". "Quelle tristesse !", a affirmé quant à elle la romancière Tatiana de Rosnay saluant un homme "élégant, pétillant, unique".
La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, s'est déclarée "très émue" en rendant hommage à l'"infatigable organisateur de la Forêt des Livres en Touraine".
- Candidat à l'Académie française -
Né le 26 janvier 1948, dans une fratrie de sept garçons et une fille, héritier d'une famille qui fut propriétaire du château du Clos-Lucé, près d'Amboise, résidence de François Ier et dernière demeure de Léonard de Vinci, l'écrivain a été par trois fois candidat, toujours malheureux, à l'Académie française.
Ses grands-parents (à qui il a dédié le livre à paraître à la fin du mois) sont morts en déportation pour faits de Résistance, son père, Hubert Saint Bris était diplomate, sa mère, Agnès Mame était descendante de Louis Mame, premier éditeur de la Comédie Humaine de Balzac.
Élevé parmi tous ces fantômes de l'Histoire, une de ses plus grandes fiertés était la création, il y a 22 ans, du festival littéraire de La Forêt des livres à Chanceaux, près de Loches, un événement culturel gratuit qui attire chaque année plusieurs milliers de visiteurs.
Quelque 200 écrivains et personnalités du monde du spectacle dont l'écrivain et journaliste Franz-Olivier Giesbert, le chanteur et nouvelliste Raphaël, le cinéaste Claude Lelouch et la romancière et journaliste Valérie Trierweiler étaient attendus pour la prochaine édition prévue le 27 août.
Bouleversée par le décès de Gonzague Saint Bris, Mme Mahiette n'a pu confirmer dans l'immédiat si le festival aurait bien lieu comme prévu.
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