"Cash Investigation" écope d'une plainte pour une enquête sur l'eau
L'émission "Cash Investigation" se penche mardi sur "les troubles abîmes du business de l'eau", une enquête qui vaut à l'équipe d'Elise Lucet d'être visée pour la première fois par une plainte émanant d'un organisme public, le Siaap.
Dans "l'eau, scandale dans nos tuyaux", le magazine d'investigation de France 2, diffusé à 21h00, se penche sur les coupures d'eau, pratique qui perdure malgré son interdiction pour les résidences principales depuis la loi Brottes de 2013; sur la gestion de l'eau à Nîmes par l'agglomération et son délégataire, la Saur, avec des fuites considérables sur le réseau (1 litre sur 3) de la cité gardoise; et sur le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne, le Siaap.
Cet dernier organisme, chargé de retraiter quotidiennement l'eau utilisée par 9 millions de Franciliens, fait notamment l'objet depuis avril 2013 d'une information judiciaire au pôle financier du TGI de Paris, pour des soupçons notamment de prise illégale d'intérêt, corruption et trafic d'influence portant sur des marchés publics signés à partir de 2011. Le Siaap s'est constitué partie civile dans ce dossier.
S'appuyant sur un lanceur d'alerte et une enquête très fouillée, l'équipe d'Elise Lucet a tenté d'interroger la direction du Siaap sur des soupçons de marchés truqués, et, faute de réponse, a filmé une séquence au siège du syndicat d'assainissement. On y voit la journaliste distribuer dans le hall d'entrée et devant le bâtiment un prospectus résumant ses questions.
Le Siaap, comme l'a révélé le Journal du dimanche, a déposé plainte contre X pour "violation de domicile" à la suite de ce tournage dans ses locaux. Une première de la part d'un organisme public, pour l'émission de France 2 (produite par Premières Lignes) qui est régulièrement visée par des plaintes de groupes privés et même récemment par l'Azerbaïdjan.
"Pour nous une plainte de cette nature c'est une première. De notre point de vue il n'y a pas de violation de domicile. C'est une entreprise publique, nous sommes dans un hall qui est ouvert au public, sans vigile à l'entrée, et les choses se sont passées très calmement, sans échauffourées ni voies de fait ni quoi que ce soit", a expliqué Emmanuel Gagnier, rédacteur en chef du magazine.
Interrogé par l'AFP à propos des demandes de "Cash Investigation", l'avocat du syndicat d'assainissement, Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, a dit : "nous ne répondons pas à des questions qui touchent à des dossiers judiciaires". "Nous ne répondons pas à ce type de comportement", a-t-il ajouté, qualifiant d'"insensées" les questions du magazine.
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