Gaza : Près de 30 morts en 48H, Tel Aviv menace d’intensifier ses frappes, aucune avancée des pourparlers de cessez-le-feu
Un nouvel an sous les bombardements. Au moins 15 personnes ont été tuées mercredi 01 janvier 2024 dans le nord de la bande à Gaza, où l’armée israélienne mène une opération terrestre depuis le 06 octobre dernier. Les négociations pour un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël s’embourbent dans les conditions de chaque partie tandis que l’enclave palestinienne subit toujours des frappes aériennes et terrestres, qui font quotidiennement plusieurs morts et des dizaines de blessés. La situation humanitaire est toujours aussi catastrophique et les Gazaouis doivent affronter le froid, qui a causé la mort de cinq nouveaux-nés cette semaine. Tel Aviv menace tout de même d’intensifier les frappes sur le territoire palestinien.
Une trentaine de morts en deux jours
La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé ce mercredi que 15 personnes avaient été tuées pendant la nuit dans une frappe israélienne sur une maison de Jabalia. “Alors que le monde célèbre la nouvelle année, nous accueillons 2025 avec le premier massacre israélien dans la bande de Gaza, à Jabaliya”, a déclaré le porte-parole de la Défense civile Mahmoud Bassal.
La frappe a ciblé une maison qui abritait trois familles déplacées vers le nord, qui subit depuis le 6 octobre dernier une offensive terrestre et aérienne très intense, qui a fait, à son pic, des centaines de morts par semaine. Tsahal affirme sa volonté d’empêcher des combattants du Hamas de s’y regrouper.
Hier, jeudi, la même source a annoncé la mort d’au moins 11 autres personnes, parmi lesquelles le chef de la police du mouvement islamiste palestinien Hamas. “Onze personnes sont mortes en martyrs parmi lesquelles trois enfants et deux femmes, et 15 ont été blessées après le bombardement d'une tente abritant des personnes déplacées dans la zone d'Al-Mawasi, à l'ouest de la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza”, a ajouté la Défense civile dans un communiqué.
L’adjoint du chef de la police, Hussam Shahwan, figure également parmi les victimes. L’armée israélienne n’a pas ou peu commenté ces deux attaques, expliquant que ses éléments “examinaient les faits” liés au raid de jeudi.
Le ministère de la Santé de Gaza a mis à jour son bilan, qui a atteint les 45 581 morts depuis le 07 octobre 2023, dont 28 les dernières 24 heures et près de 200 en une semaine. Le nombre de blessés a atteint 108 438 selon la même source.
A ces pertes importantes, les Gazaouis subissent aussi l’hiver de plein fouet, ce qui aggrave une situation humanitaire déjà jugée catastrophique depuis de nombreux mois, en raison des pénuries d’eau, de nourriture et de matériels de soins. “Plus de 1500 tentes abritant des déplacés ont été inondées dans les camps à travers Gaza”, a déploré mercredi la Défense civile après une vague de mauvais temps ces derniers jours.
Une vague de froid qui a coûté la vie à cinq bébés. Dimanche, le ministère de la Santé a annoncé la mort d’un nouveau-né de moins de trois semaines, tandis que son frère jumeau est en soins intensifs. Au total, cinq nourrissons sont morts ces dernières semaines “en raison du froid”.
Les négociations piétinent, Al Jazeera suspendue par l’autorité palestinienne
Pas de quoi calmer Tel Aviv et ses troupes. Mercredi, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, avait menacé d'intensifier encore plus ses frappes sur Gaza si le Hamas continuait à tirer des roquettes sur Israël. “Si le Hamas ne permet pas prochainement la libération des otages israéliens détenus à Gaza (...) et continue à tirer sur la population israélienne, il s'expose à des coups d'une intensité que Gaza n'a plus vue depuis longtemps”, a-t-il menacé.
Ces propos ont été relayés alors que les négociations pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas se poursuivent. Samedi dernier, le Premier ministre qatari, dont le pays est un des médiateurs aux côtés de l’Egypte et les États-Unis, a discuté avec une délégation du Hamas des moyens de parvenir à un accord en vue d'une trêve.
Mais depuis ce jour-là, et selon plusieurs médias israéliens ou américains, les négociations sont à nouveau dans une impasse. Le Hamas refuserait de livrer une liste des otages en vie dans la bande de Gaza tandis que les médiateurs misent sur un retour des parties prenantes à la table des négociations après l’investiture du président-élu américain Donald Trump, le 20 janvier. Le mouvement palestinien semble toujours insister pour mettre fin au conflit, ce que Israël rejette.
Par ailleurs, l’Autorité palestinienne a décidé mercredi de suspendre la diffusion et l’ensemble des activités de la chaîne qatarie Al Jazeera dans les territoires palestiniens, l’accusant de “violations répétées des lois et règlements palestiniens (...) d’incitation à la sédition”, et de “répandre des informations erronées et de s’immiscer dans les affaires internes palestiniennes”.
Al Jazeera, “choquée”, a dénoncé “une tentative de cacher la vérité sur les événements dans les territoires occupés, en particulier sur ce qui se passe à Jénine et dans ses camps”, alors que “la guerre se poursuit dans la bande de Gaza et que les journalistes palestiniens sont systématiquement pris pour cible et tués par les forces d’occupation israéliennes”.
Le Hamas et le Jihad islamique ont vite réagi, qualifiant la décision de l’Autorité palestinienne de “violation flagrante de la liberté de la presse”, d’acte “répressif destiné à faire taire les voix dissonantes “, tout en condamnant la décision qui intervient “alors que notre peuple et notre cause ont un besoin urgent de faire connaître leurs souffrances au monde entier”.
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