Décès de Jean-Christophe Averty, figure de la télévision

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Par AFP
Publié le 04 mars 2017 - 15:36
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Le vidéaste Jean-Christophe Averty présente une exposition autour de ses oeuvres, le 4 décembre 1992
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© GABRIEL BOUYS / AFP/Archives
Le vidéaste Jean-Christophe Averty présente une exposition autour de ses oeuvres, le 4 décembre 1992 à Paris
© GABRIEL BOUYS / AFP/Archives

Réalisateur et producteur, poète et musicien, Jean-Christophe Averty est décédé samedi à 88 ans. En quelque 500 émissions parmi les plus novatrices, ce créateur en perpétuelle ébullition aura bouleversé la télévision.

Il est mort dans la matinée, en région parisienne, a indiqué à l'AFP son fils Christophe.

"C'est un grand monsieur qui s'en va", a réagi Mireille Dumas, auteur d'un documentaire rare sur Averty, ajoutant que celui-ci avait pu voir le film diffusé en février, même si, souffrant après un AVC, il n'avait pu assister à la projection.

Les hommages se sont multipliés. "Ma jeunesse devant ses folies...", a twitté Christophe Dechavanne. Il "avait fait de la télévision un art", pour Michel Denisot, "un grand réalisateur, un vrai génie", selon Serge Moati.

La ministre de la Culture Audrey Azoulay a salué "un inventeur génial". "A peine la télévision née, lui offrait-il de +nouvelles écritures+", pour le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

En 50 ans de carrière, ce promoteur de "l'art de l'imagination" fit exploser codes et formats, proposant des clips (terme qu'il détestait!) avant l'heure, revendiquant aussi la filiation du surréalisme, adepte de l'humour et de la dérision. Son travail révélait l'éclectisme de cet homme de passion aimant la provocation et abordant tous les genres: fiction, variétés, peinture, bande dessinée, théâtre électronique...

On l'entendit aussi à la radio: à France Inter puis Culture, son débit rapide, sa voix légèrement véhémente et célèbre pour son "zozotement", anima durant 28 ans l'émission "Les Cinglés du music-hall", véritable entreprise de réhabilitation du patrimoine de la chanson française.

Né le 6 août 1928 à Paris d'un père quincaillier et d'une mère institutrice, Averty débute en 1952 à la radio-télévision française, au moment où le petit écran arrive dans les foyers.

Diplômé de l'Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC, devenu la Fémis), il réalise des courts métrages, dont "Ann" qui lui vaut une mention spéciale pour la couleur au Festival de télévision de Monte-Carlo (1966).

- 'Melody Nelson' version TV -

Trois ans plus tôt, il s'était fait remarquer pour son audace iconoclaste (trucages, rythme, modernité du plateau) avec "Les Raisins verts" (1963-64), émission provocante incluant un broyage de poupon en celluloïd qui fit scandale. Le programme fut récompensé du grand prix international de la télévision américaine.

Averty poursuit sa trajectoire ouvertement novatrice avec "Douches écossaises" (1964), "Au risque de vous déplaire" (1966), "Show effroi" (1969), tout en participant à "Cinq colonnes à la une" et "Dim Dam Dom".

Admirateur d'Alfred Jarry et de la pataphysique ("la science des solutions imaginaires"), Averty - devenu en 1990 membre du Collège de pataphysique - lui rend hommage en réalisant "Ubu Roi ou les Polonais" (1965), suivi de "Ubu enchaîné" (1971) et "Le Surmâle" (1980).

Dans des shows ou des documentaires au style inimitable, il met en images des chanteurs comme Yves Montand, Gilbert Bécaud ou Johnny Hallyday. Il s'intéressera aussi à Claude Nougaro, Françoise Hardy, Juliette Gréco, Nana Mouskouri, Henri Salvador ou Serge Gainsbourg, dont il était proche et adapta pour la télévision l'album-concept "Histoire de Melody Nelson".

En 2000, il reprend la caméra pour filmer un récital de Zizi Jeanmaire pour Arte.

Ce pianiste qui consacra plusieurs émissions au jazz et filma les festivals d'Antibes et Juan-les-Pins réalisa aussi une quinzaine de fictions dont "Le Mascaret" (1957), "Chanteclerc" (1976), "Le dernier jour d'un condamné" (1992).

"Il aimait dire que la télévision doit donner à rêver, à réfléchir, faire sourire", et posait un regard "très sévère" sur le petit écran actuel, souligne Mireille Dumas. Une télévision qui l'avait "un peu oublié" -- "c'est vrai qu'il avait un fichu caractère!"

"C'était un homme passionné, tout entier dans son travail", qui a transmis sa passion des arts à ses trois enfants, a souligné son fils cadet Christophe (un temps photographe, tandis que sa soeur est devenue danseuse professionnelle).

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