Juin 1958, De Gaulle lance le second emprunt Pinay (VIDEO)
"Pinay négocie la baisse des prix industriels", titre France-Soir en Une de son édition datée dimanche 15-lundi 16 juin 1958, "tandis que le général de Gaulle lance à la RTF l’emprunt 58", précise le sous-titre.
Sous la IVe République, alors qu’il était à la fois président du Conseil et ministre des Finances et des Affaires économiques, Antoine Pinay avait lancé en 1952 un premier emprunt, popularisé sous le nom de "rente Pinay", et avait notamment réussi à réduire l’inflation.
A son retour au pouvoir début juin 1958 comme président du Conseil, le général de Gaulle a rappelé Antoine Pinay pour s’occuper de l’économie française.
Dans une allocution radio-télévisée, De Gaulle a présenté les mesures de son ministre. "Diminution escomptée des cours de la viande", titre France-Soir sur sa première page.
Le journal de Pierre Lazareff –"le seul quotidien vendant plus d’un million", dit la mention sous son nom– donne d’autres précisions: "Le plan économique du ministre des Finances prévoit en outre: pas de hausse générale des salaires avant qu’une stabilisation économique ne soit obtenue; pas d’impôts nouveaux dans l’immédiat; restrictions de crédits levées pendant la période de souscription à l’emprunt".
En désaccord avec la politique algérienne et extérieure de De Gaulle, Antoine Pinay remettra sa démission en janvier 1960 et abandonnera toute activité politique nationale, se consacrant à sa mairie de Saint-Chamond (Loire).
Mais entre-temps, il aura mis en place le "Nouveau Franc" le 1er janvier 1960, rétabli les grands équilibres économiques et financiers de la France et préparé le pays à son entrée dans le Marché commun.
Dans son allocution radio-télévisée de ce 13 juin 1958, le général de Gaulle évoque d’autres sujets que le nouvel emprunt Pinay et le plan économique de son ministre des Finances. France-Soir retient les principales citations suivantes:
> "Le régime des partis se montre hors d’état d’assurer la conduite des affaires";
> "Ceux qui ont participé au pouvoir sous la IVe République étaient des gens de valeur";
> Il faut "faire en sorte que l’Algérie soit pour toujours de corps et d’âme avec la France";
> "Assurer un triomphe à l’emprunt, première preuve de confiance nationale que vous vous donnerez et que vous m’accorderez à moi-même".
> "La route est dure, mais qu’elle est belle. Allons, le départ est donné".
Mais, à l’époque, France-Soir est le plus éclectique des quotidiens et s’intéresse également aux faits divers et aux célébrités.
Sur toute la hauteur de sa Une, à droite, le journal publie un long article sur un drame survenu à Chartres, avec le titre suivant: "+Adieu, je suis un monstre!+, a écrit le comptable de Chartres qui étrangla sa femme, asphyxia ses deux enfants et s’empoisonna".
Les causes de cet acte de "René Cochard, 44 ans, le comptable du plateau de Rechesvres, l’homme envié dans le quartier, celui qu’on croyait heureux et à qui tout semblait sourire"? C’est simple: "il venait d’être licencié pour malversations", explique France-Soir.
Autre actualité en Une du journal en cette mi-juin 1958: "Frank Sinatra veut faire tourner le prince Rainier avec sa femme (Grace Kelly)".
France-Soir, à côté d’une photo montrant l’acteur américain reçu au Palais de Monaco, explique qu’il "animera la nuit prochaine, à Monte-Carlo, le gala placé sous la présidence du prince Rainier et de la princesse Grace au profit du Fonds des Nations-Unies pour l’aide aux réfugiés".
Le journal rappelle que le dernier film de Grace Kelly, avant son mariage avec le prince Rainier le 8 avril 1956, a été Haute Société, comédie musicale de Charles Walters dans laquelle elle avait comme partenaire Frank Sinatra.
Mais celui-ci n’avait pas l’intention de faire tourner Rainier et Grace ensemble. Simplement, précise le journal, "lundi, Frank Sinatra tournera pour la TV américaine un documentaire sur la principauté et interviewera le prince Rainier".
(Voir ci-dessous, dans les archives de l'INA, la retraite d'Antoine Pinay en mars 1979):
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