Heurs et malheurs des "petites lignes" SNCF dans le Périgord

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Par Jordane BERTRAND - Bergerac (France) (AFP)
Publié le 22 février 2018 - 10:15
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Un train à quai dans la garde de Bergerac, en Dordogne, le 20 février 2018
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© MEHDI FEDOUACH / AFP/Archives
Un train à quai dans la garde de Bergerac, en Dordogne, le 20 février 2018
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"Au moins une fois par semaine, il y a un problème, un rail cassé, du matériel" : Françoise, qui vient tous les jours depuis Bordeaux travailler en train à Bergerac, descend du car. Son train a encore été supprimé.

Au petit matin, la gare de Bergerac forme un bon point d'observation des heurs et malheurs de ces parcours ferroviaires secondaires qui relient Gironde, Dordogne et Lot-et-Garonne et font partie de ces "petites lignes" ciblées par le rapport Spinetta sur la réforme de la SNCF.

A 7H47, le train venant de Libourne n'est donc jamais arrivé : le train précédent a heurté un arbre couché sur la voie et bloqué la circulation. En car, les passagers sont arrivés avec une heure de retard. "J'ai bénéficié d'une promotion professionnelle, cela fait trois mois que je fais le voyage, mais je ne sais pas si je vais tenir longtemps", soupire Françoise.

Le train de 8H15, en provenance de Sarlat est à l'heure et déverse une vingtaine de voyageurs, dont une majorité vient travailler à Bergerac. La ligne a été rénovée récemment mais les passagers pendulaires ont dû "se battre" pour maintenir des horaires adaptés, explique Carole Dupont, une employée, qui n'est pas pour autant "rassurée" sur l'avenir de la ligne.

Quant au train qui devait partir à Sarlat à 8H45, il est également remplacé par un car, le départ de Libourne n'ayant pas eu lieu. Annieke Breukers, une Néerlandaise qui possède depuis vingt ans une résidence secondaire dans la région, s'interroge : "C'est bizarre car la voie a été rénovée, donc on se dit que c'est une ligne importante, mais il y a tout le temps des problèmes". "Il y a dix ans, il y avait beaucoup plus de trains. Aujourd'hui, quand on arrive à l'aéroport de Bergerac, il faut parfois attendre cinq heures pour en avoir un", constate-t-elle.

Ce tronçon Bergerac-Sarlat a bénéficié d'une rénovation en 2013-2014, mais "malgré 44 millions d'euros de travaux, on continue à rouler à 55-60 km/heure. La desserte n'a pas été améliorée. Les correspondances qui permettent de partir vers Périgueux ou Agen sont impossibles", explique Jean-François Martinet, président de l'association Périgord Rail Plus.

- Comptabilité opaque -

En amont, le tronçon Libourne-Bergerac, un temps dans le viseur de la SNCF, semble aujourd'hui moins menacé après la mobilisation des collectivités et "compte tenu de sa fréquentation et de sa compétitivité par rapport aux alternatives routières", selon des propos récents de la ministre des Transports, Elisabeth Borne. Mais les coûts estimés des travaux à effectuer ont explosé, passant de 45 millions d'euros - inscrits dans le contrat de plan Etat-Région (2015-2020) - à 80 millions en 2018.

"C'est tout le temps comme ça !", s'insurge Renaud Lagrave, vice-président de la Nouvelle-Aquitaine en charge des transports. "Une fois qu'on a délibéré, la SNCF nous dit que cela va coûter plus cher, qu'il y a une dégradation plus forte des voies. C'est fait pour décourager d'investir sur les petites lignes !".

"Cette comptabilité de la SNCF est franchement opaque !" dénonce aussi M. Martinet. Si on ajoute "les horaires peu adaptés" et "l'absence d'investissement depuis 40 ans", "on ressent tout cela comme un désengagement volontaire pour décourager les gens", abonde-t-il. Pourtant, "il faut des trains du quotidien, pas seulement des trains pour les correspondances avec les TGV Paris-Bordeaux".

A 40 km de Bergerac, la gare du Buisson-de-Cadouin semble bien grande pour le faible trafic. C'est là que se croisent les lignes Libourne-Bergerac-Sarlat et Périgueux-Agen. Cette dernière, dont le coût de rénovation est estimé à 150 millions d'euros, fait partie, selon les associations, des plus menacées.

"En raison de la vétusté, il y a des ralentissements à 60 km/h sur plusieurs tronçons", explique Jean-Pierre Jolly du Collectif de défense de la ligne Agen-Périgueux-Paris (Codeliapp). "Si on descend à 40 km/h, ce sera fichu, plus moyens de prendre les correspondances. Et surtout, on craint qu'un tronçon central soit fermé, préalable à une fermeture complète".

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