Italie : Luigi di Maio, le modéré, pragmatique et ambitieux, des "5 Etoiles"

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Par Franck IOVENE - Rome (AFP)
Publié le 01 juin 2018 - 00:31
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Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S), le 14 mai 2018 à Rome
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© ANDREAS SOLARO / AFP/Archives
Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S), le 14 mai 2018 à Rome
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Luigi Di Maio, nommé jeudi ministre du Développement économique et du Travail à 31 ans, est le visage modéré du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), formation protestataire qu'il a conduite au pouvoir en Italie, au prix d'une alliance avec l'extrême droite.

Ayant fait du M5S le premier parti du pays avec plus de 32% des voix, il a longtemps cherché à diriger lui-même le gouvernement. Il a finalement accepté que le poste revienne à un tiers, et quand l'accord a capoté, c'est lui qui, pragmatique, est retourné chercher Matteo Salvini, le laissant traiter d'égal à égal malgré l'écart de voix entre les deux partis.

Costume toujours impeccable, sourire accroché aux lèvres et ton posé, Luigi Di Maio a réussi le tour de force de faire oublier les vociférations légendaires du fondateur du M5S, le comique Beppe Grillo.

A presque 70 ans, ce dernier a choisi de prendre ses distances avec un M5S devenu "mature" en lançant un nouveau blog et en retournant sur les planches, où il avait mûri l'idée d'un mouvement basé sur la démocratie participative directe.

Sans vraiment laisser les clés, il a cédé le devant de la scène politique à Luigi Di Maio, désigné en septembre 2017 pour mener la campagne des législatives après un vote en ligne des militants où, sans réelle concurrence, il a obtenu 82% des voix.

C'est donc le fringant dauphin qui, pendant une campagne où il a sillonné la péninsule, a essuyé les coups de ses expérimentés adversaires: de Silvio Berlusconi (droite) à Matteo Renzi (centre gauche) en passant par son nouvel allié Matteo Salvini.

Souvent taxé par ses opposants d'inexpérience, voire d'incompétence, en raison de son jeune âge et d'un CV plutôt mince, il a pourtant rassemblé sur son nom quelque 11 millions d'électeurs.

"Il est très populaire parmi les militants et sa force consiste dans le fait d'être complètement différent de Beppe Grillo, aussi bien dans sa communication que dans son apparence", explique à l'AFP Alberto Castelvecchi, professeur de communication à l'université Luiss de Rome.

- Ascension rapide -

Entré au mouvement en 2007, le jeune homme en a rapidement gravi les échelons.

Après un échec aux municipales de 2010 dans sa ville natale de Campanie, il est devenu député et vice-président de l'assemblée en 2013 - il est le plus jeune à avoir occupé ce poste dans l'histoire de la République - avant de s'imposer comme le leader politique incontesté du M5S.

"Di Maio a été créé pour être modéré, rassurant pour les mamans", écrit le journaliste Jacopo Iacoboni dans un livre sur le jeune leader qu'il définit comme "une créature totale de la Casaleggio Associati", la société de conseil informatique qui gère le site internet et l'activité du M5S.

Fils d'un ex-dirigeant du Mouvement social italien, parti néo-fasciste aujourd'hui dissous, Luigi Di Maio réfute le terme de populiste, qu'il juge péjoratif pour qualifier le M5S, et assure ne pas vouloir d'une Italie extrémiste ou anti-européenne.

Doté d'un calme à toute épreuve, selon ses collaborateurs, il est aussi celui qui aura assagi la doctrine du M55 sur la sortie de l'euro ou sur les alliances avec d'autres partis.

Alors qu'il a construit une bonne part de sa popularité sur le refus de tels accords, il a tendu la main après les élections aussi bien au Parti démocrate (centre gauche), qu'il avait longtemps décrié, et qui a refusé de la saisir, qu'à la Ligue, avec laquelle la synthèse a cependant été délicate.

Happé très jeune par la politique, Luigi Di Maio a entamé des études de droit, sans les mener à leur terme. Et les expériences professionnelles du nouveau ministre du Travail se limitent à avoir été brièvement administrateur d'un site web, assistant réalisateur et stadier, ce qui n'a pas manqué de provoquer des railleries sur les réseaux sociaux.

A ses détracteurs qui le jugent insuffisamment armé intellectuellement pour faire partie de l'équipe dirigeant la troisième économie de la zone euro, il répond cependant que le chancelier autrichien a son âge et le président français tout juste 40 ans...

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