Jérusalem comme capitale d'Israël : contexte et possibles retombées

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Par AFP
Publié le 04 décembre 2017 - 16:46
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La ville de Jérusalem, et son Dôme du Rocher, le 4 décembre 2017
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© THOMAS COEX / AFP
La ville de Jérusalem, et son Dôme du Rocher, le 4 décembre 2017
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Les pays arabes et les Palestiniens mettent en garde Donald Trump contre le danger de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël et d'y déplacer l'ambassade américaine. Voici pourquoi sa décision est potentiellement lourde de conséquences.

M. Trump pourrait renoncer à déménager l'ambassade, mais annoncer la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, selon des informations de presse.

Quel est le contexte ?

Jérusalem est au coeur du conflit israélo-palestinien et son statut, l'une des questions les plus épineuses à régler.

Le plan de partage de la Palestine de 1947 prévoyait la partition de la Palestine, alors sous mandat britannique, en trois entités: un État juif, un État arabe, Jérusalem formant un "corpus separatum" sous régime international spécial.

Ce plan a été accepté par les dirigeants sionistes mais rejeté par les leaders arabes.

Suite au départ des Britanniques et à la première guerre israélo-arabe, l'Etat d'Israël est créé en 1948, et fait de Jérusalem-Ouest sa capitale, Jérusalem-Est étant alors sous contrôle de la Jordanie.

Israël s'empare de Jérusalem-Est au cours de la guerre des Six-Jours en 1967 et l'annexe. Une loi fondamentale entérine en 1980 le statut de Jérusalem comme capitale "éternelle et indivisible" d'Israël.

Pourquoi Jérusalem importe-t-il tant aux Israéliens et Palestiniens ?

Les Juifs considèrent Jérusalem comme leur capitale historique depuis plus de 3.000 ans pour des raisons religieuses et politiques. Le judaïsme a toujours évoqué un retour à Jérusalem. La ville est l'ancienne capitale du royaume d'Israël du roi David (Xe siècle avant JC) et plus tard du royaume juif hasmonéen (IIe siècle avant JC).

Les Palestiniens, qui représentent environ un tiers de la population de la ville, revendiquent Jérusalem comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Au-delà du conflit, la question a une dimension religieuse essentielle: la ville abrite les plus hauts lieux saints du christianisme et du judaïsme, et le troisième lieu saint de l'islam.

Quelle décision attend-on ?

La communauté internationale n'a pas reconnu la souveraineté israélienne sur Jérusalem et considère Jérusalem-Est comme territoire occupé. Toutes les ambassades étrangères sont installées à Tel-Aviv.

En 1995, le Congrès américain a adopté le Jerusalem Embassy Act appelant les Etats-Unis à déménager l'ambassade.

"La ville de Jérusalem est depuis 1950 la capitale de l'Etat d'Israël", dit le texte.

La loi est contraignante pour le gouvernement américain. Mais une clause permet aux présidents de repousser son application pour six mois en vertu "d'intérêts de sécurité nationale".

Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama ont systématiquement actionné la clause tous les six mois. M. Trump est appelé à se prononcer ce lundi.

Quel parti M. Trump adoptera-t-il ?

M. Trump s'est engagé pendant sa campagne à reconnaître Jérusalem "comme la capitale indivisible de l'Etat d'Israël".

Son ambassadeur en Israël, David Friedman, en est le fervent partisan.

Malgré ses promesses, M. Trump a suivi l'exemple de ses prédécesseurs pour la première fois en juin dernier, et bloqué le transfert de l'ambassade à contrecoeur.

M. Trump a été mis en garde de maintes parts contre le potentiel explosif d'un déménagement. Mais il est aussi soumis aux pressions d'une partie de son électorat chrétien favorable à Jérusalem comme capitale.

Il pourrait, de mauvaise grâce, repousser le transfert une fois encore, mais annoncer au cours de la semaine la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël, a rapporté la presse.

Quel effet attendu ?

Le transfert de l'ambassade serait interprété comme une reconnaissance en soi de Jérusalem comme capitale.

Si M. Trump repousse le déménagement mais reconnaît Jérusalem comme capitale quelques jours après, Dan Shapiro, ambassadeur américain en Israël sous Barack Obama, estime que cela n'aurait pas "un effet significatif" sur le fonctionnement diplomatique, "mais cela signalerait son intention de respecter son engagement dans l'avenir et de déménager l'ambassade". Pour les Etats-Unis, cela signifierait adopter "un nouveau langage", dit-il à l'AFP.

En revanche, les analystes se demandent comment réagiront les Palestiniens, les capitales et les rues arabes. Ils s'interrogent aussi sur la faculté des pays arabes à s'opposer à M. Trump.

Le chef de la Ligue arabe Ahmed Abul Gheit s'est inquiété du risque de nourrir "le fanatisme et la violence".

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a appelé à une nouvelle Intifada si M. Trump reconnaissait Jérusalem comme capitale d'Israël. Le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erakat a prévenu que les Etats-Unis se "disqualifieraient" dans le rôle de médiateurs.

Une grande partie de la classe politique israélienne, elle, salue la perspective d'une reconnaissance comme la prise en compte d'un fait historique.

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